Dernière mise à jour à 08h47 le 12/10
Les partisans du principal parti d'opposition du Kenya, la NASA, sont descendus mercredi dans les rues de Nairobi et les villages du pays pour demander des réformes et des changements de personnel au sein de la commission électorale.
Les manifestations de rue à Nairobi et dans les foyers de l'opposition dans l'ouest du Kenya ont ajouté de l'incertitude au pays est-africain qui se prépare à retourner aux urnes le 26 octobre.
Les policiers étaient déployés dans les principales rues de Nairobi pour encadrer les manifestants qui brandissaient des pancartes pour demander le renvoi des officiels accusés d'avoir bâclé les élections du 8 août dernier.
Les manifestants, majoritairement issus des bidonvilles de Nairobi, avaient plus tôt écouté leur leader qui avait renouvelé l'appel à des réformes complètes du processus électoral.
Mais le dirigeant de la NASA, Raila Odinga, qui a annoncé mardi son retrait des nouvelles élections, n'est pas apparu lors des manifestations.
M. Odinga s'est retiré des nouvelles élections, invoquant l'échec de la Commission électorale indépendante (IEBC) à répondre aux demandes de l'opposition qui exige des réformes institutionnelles et des changements de personnel.
L'opposition avait demandé le renvoi des responsables électoraux ainsi qu'une refonte des infrastructures de transmission et de décompte des voix comme condition préalable à sa participation aux nouvelles élections.
Le 1er septembre, la Cour Constitutionnelle du Kenya a invalidé les élections du 8 août à l'issue desquelles Uhuru Kenyatta avait été réélu président du pays, invoquant de massives irrégularités au niveau de la transmission des votes au niveau du centre national de dépouillement.
M. Odinga et ses lieutenants doutent de la capacité de l'IEBC à organiser des élections libres et crédibles et ont promis de mobiliser leurs partisans dans des manifestations de rue jusqu'à ce que leurs demandes de réformes soient satisfaites.
"Nous manifesterons à chaque recoin de ce pays et la mobilisation s'intensifiera jusqu'à ce que nous atteignions nos objectifs de réforme du processus électoral dans ce pays", a insisté M. Odinga.
Le parlement kényan a adopté mercredi un amendement de la loi électorale du pays malgré les critiques des députés de l'opposition.
Les députés du Parti Jubilee au pouvoir ont soutenu un rapport du Comité conjoint sur les lois liées aux élections permettant à la Commission électorale indépendante (IEBC) de déclarer un candidat vainqueur si son seul adversaire se retire des élections.
Le président du Comité, William Cheptumo, a expliqué par ailleurs qu'en cas d'écart entre les résultats transmis électroniquement et ceux transmis physiquement, la commission devra vérifier les résultats, et "le résultat qui est un enregistrement exact des résultats dépouillés, vérifiés et déclarés dans le bureau de vote correspondant prévaudra".
Les changements proposés des lois électorales par le Parti Jubilee ont créé des divisions entre les Kényans avant les nouvelles élections prévues le 26 octobre.
Alors que certains, surtout les partisans de M. Kenyatta, pensent que les changements sont bons et sont ce dont le pays a besoin avant les élections, les partisans de M. Odinga s'opposent à l'amendement, le qualifiant de complot.
L'amendement controversé, qui a été franchement critiqué par les députés de l'opposition, prévoit également qu'un tribunal ne pourra pas déclarer une élection nulle pour non-conformité avec la loi s'il s'avère que l'élection a été menée en accord avec les principes posés dans la constitution et que la non-conformité n'a pas affecté de manière substantielle le résultat de l'élection.
Les pénalités financières des officiels électoraux qui ne font pas leur travail doubleront également, d'environ 10.000 dollars à 20.000 dollars, en plus d'une peine d'emprisonnement de cinq ans.