Dernière mise à jour à 08h44 le 21/11
Un débat sur l'opportunité de tenir les élections communales et régionales du 17 décembre 2017, agite le Mali depuis que la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) a demandé un report desdites élections en raison de la situation sécuritaire et du non retour des réfugiés, a constaté un correspondant de Xinhua.
Si la classe politique malienne est divisée sur la question, le ministre de l'Administration territoriale a annoncé la semaine dernière des discussions avec les partis et les groupes armés signataires de l'accord pour la paix avant de prendre une décision qui ne sera pas sans conséquence sur l'agenda électoral de 2018.
Mais pour l'ancien Premier ministre et président du Parti Yèlèma, Moussa Mara, " la sécurité peut être un argument pour ne pas tenir les élections ici ou là, mais pas sur l'ensemble du territoire... Ne nous laissons pas prendre en otage par cette question d'insécurité ".
"Il faut tenir les élections car c'est l'essence même de la démocratie que de consulter les populations pour designer périodiquement leurs dirigeants", a-t-il confié à Xinhua.
"La CMA ne peut pas imposer la tenue ou non des élections. C'est une prérogative du gouvernement en concertation avec les partis politiques", a pour sa part réagi Fousseyni Camara, un syndicaliste de la diaspora malienne en France.
"Des élections n'avaient pas eu lieu dans des communes (du nord) pour des raisons d'insécurité en 2016. Et cette situation s'est dégradée et répandue même à des zones jusque-là sûres", a rappelé M. Abdourhamane Dicko, expert des questions de sécurité et membre influent de la société civile de la région de Gao.
A son avis, "les élections ne sont pas possible sur toute l'étendue du territoire" alors que la participation de toutes les communes est nécessaire pour valider le vote et assurer la représentation des populations.
Par contre, il a trouvé que l'exigence du retour des déplacés et des réfugiés est "un argument de façade" car "ils ne reviendront plus tous au Mali pour diverses raisons. Conditionner alors des élections à leur retour, c'est décider délibérément de les prendre en otage".
Les conséquences d'un éventuel report sont nombreuses selon des observateurs. "C'est cautionner la poursuite illégitime de mandat des élus locaux et municipaux actuels", a indiqué Moussa Mara qui est candidat à la mairie du District de Bamako.
Le mandat des élus concernés est arrivé à terme depuis avril 2014.
"Si on suit la logique de reporter tous les scrutins prévus en décembre 2017 pour cause d'insécurité, il sera difficile de tenir les élections générales en 2018 car les mêmes arguments seront en ce moment valides. La situation d'insécurité ne changera pas fondamentalement en 7 mois ", a défendu l'ancien Premier ministre qui a préconisé d'organiser les élections " là où ce sera possible et avançons",
"Il faut éviter d'entraîner notre pays dans des aventures incertaines, sortir des délais constitutionnels serait très périlleux pour le Mali", a poursuivi l'ancien Premier ministre.
Cet avis est partagé par MM. Dicko et Camara qui ont souligné que le report des élections peut avoir des "répercussions sur l'élection présidentielle à venir".
De l'avis de Fousseyni Camara, l'organisation de ces élections doit être "un défi à relever pour tenter de soigner l'image de l'Etat, redorer son blason... renouveler sa crédibilité sérieusement galvaudée".
Pour sa part, le ministre de l'Administration territoriale, Tiéman Coulibaly, a indiqué à la télévision nationale que son département va écouter tous les avis et rencontrer tout le monde par souci "d'inclusivité" avant d'aviser l'opinion nationale et internationale du report ou du maintien de la date de l'élection des conseillers de cercles et de régions.