Dernière mise à jour à 10h10 le 01/11
L'intégration régionale est nécessaire pour améliorer la compétitivité et créer de l'emploi en Afrique, ont estimé plusieurs intervenants, à l'occasion du 18e Forum économique international sur l'Afrique de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), qui s'est ouvert mercredi à Paris, sur les thèmes de la croissance, de l'emploi, des migrations et du développement.
"L'avenir de l'Afrique est dans l'intégration régionale", a dit Victor Harison, Commissaire aux Affaires économiques, de la Commission de l'Union africaine (UA).
Pour mettre en place des infrastructures adéquates qui font défaut, procéder à la nécessaire transformation des matières premières ou encore résoudre les problèmes d'énergie, il faudra "une solidarité et une vision commune" au niveau régional, a indiqué M. Harison.
"Les économies africaines ont produit des matières premières et des cultures de rente non transformées. Par exemple, jusque là, on importe 24 millions de tonnes de riz par an", a-t-il expliqué, tout en évoquant le manque d'infrastructures, notamment routières sur le continent africain.
L'intégration régionale est pourtant au coeur des stratégies panafricaines avec comme objectif de lutter contre la fragmentation. "54 pays ne peuvent pas chacun avoir un développement viable. Il faut donc construire des solutions régionales, c'est-à-dire de prendre les stratégies continentales et de leur donner une dimension régionale", a proposé Ibrahim Mayaki, secrétaire exécutif du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD).
Toutes les politiques nationales doivent être inscrites dans une dimension régionale, afin de créer une densité économique importante, a dit M. Mayaki tout en précisant que dans une vingtaine d'années, les réflexions en Afrique se feront en terme de corridor et non de pays.
Certains pays d'Afrique comme le Maroc plaident déjà en faveur de "l'intégration par l'investissement". "Seulement 3% des investissements européens sont dirigés vers l'Afrique. Et c'est pour résoudre cette équation commerciale que le Maroc veut créer un corridor Nord-Sud", a explique Othman El Ferdaous, chargé de l'investissement auprès du ministère marocain de l'Industrie.
La solution est donc dans la mutualisation des infrastructures au niveau régional. On ne peut avoir un marché aussi important que celui du continent africain sans avoir une vision d'unité, a estimé Bonaventure Adjavor, ambassadeur du Ghana en France. "Si nous arrivons à enlever nos barrières en matière de droit de douane, les échanges intra-africain augmenteront de 25 à 50%", a dit M. Adjavor.
Le défi ne réside pas seulement dans le modèle économique mais aussi dans la gouvernance, a souligné pour sa part, Stefano Manservisi, directeur général de la coopération internationale et du développement, de la Commission européenne (UE), tout en appelant à une réforme et à de nouvelles approches de politiques publiques.
L'Europe pourra offrir dans le cadre du partenariat avec l'Afrique, des financements mais aussi le fruit de son expérience avec le marché unique, a-t-il indiqué.
Le président ghanéen Nana Akufo-Addo, présent à l'ouverture du Forum, a invité les pays de l'OCDE à concentrer leur soutien sur les infrastructures pour favoriser la croissance inclusive et à simplifier les processus pour les grands projets d'infrastructures.
Il a également demandé la mise en place d'un comité technique conjoint OCDE-Afrique pour se pencher sur les projets y compris les projets public-privé ainsi qu'un soutien à la Zone de libre-échange continentale africaine, signée le 21 mars 2018 à Kigali au Rwanda par 44 pays africains.
Cette zone de libre-échange qui s'inscrit dans la vision à long terme de l'UA pour le développement, l'Agenda 2063, mènera à la création d'un marché unique comprenant 1,2 milliard de personnes.