Dernière mise à jour à 08h25 le 12/06
Les BRICS, qui représentaient presque 55% du PIB mondial en 2015, continueront de jouer un rôle important dans la gouvernance mondiale, malgré un ralentissement de la croissance observé ces dernières années, a indiqué récemment à Xinhua Federico Bonaglia, directeur adjoint par intérim du centre de développement de l'OCDE.
Selon M. Bonaglia, le ralentissement de la croissance des économies BRICS, observé ces dernières années, n'aura pas un impact significatif sur la part importante que ces pays occupent dans l'économie mondiale. L'économiste renvoie pour preuve au dernier rapport de l'OCDE, qui annonce le retour dans la zone de croissance du Brésil et de la Russie, et prévoit un taux de croissance de plus de 6% en 2018 pour la Chine et l'Inde.
"La Chine et l'Inde continuent à maintenir une croissance très soutenue. Une situation que la Russie et le Brésil devraient réunir l'année prochaine. Les BRICS continueront donc de jouer un rôle très important dans la gouvernance mondiale",estime-t-il. Les perspectives économiques de l'OCDE, publiées jeudi dernier, prévoient une croissance de 6,6% pour la Chine en 2017 et 6,4% en 2018.
"Ce sont les chiffres les plus faibles depuis le début des années 2000, c'est une conséquence du changement du modèle de croissance qui est en train de s'opérer dans l'économie chinoise : une croissance qui se dirige davantage vers le secteur du service, de la consommation interne, l'investissement et moins vers l'exportation. Car la Chine est en train de réduire ses importations de matières premières", explique M. Bonaglia
L'Inde, seul pays des BRICS à ne pas connaître de ralentissement important, bénéficie également d'une bonne situation économique. "L'Inde avait une croissance autour de 8% en 2015 et nous estimons que l'année prochaine (2018), la croissance sera autour de 7,7%. C'est le pays des BRICS qui maintient la performance la plus importante", note M. Bonaglia.
Quant aux trois derniers pays : Brésil, Russie et Afrique du Sud, ils connaissent une récession très accentuée, rappelle l'économiste. Mais désormais, l'espoir est de mise pour les deux premiers. "Le Brésil a eu une croissance négative en 2015, autour de 4%, et en 2016 à 3,6%. Mais la bonne nouvelle c'est qu'en 2017 le Brésil devrait retourner dans une zone de croissance positive. Nous estimons qu'en 2018 il pourra atteindre une croissance autour de 1,5 à 1,6%", indique le responsable de l'OCDE.
La Russie, qui a aussi connu "une situation très compliquée", pourra également sortir de la récession en 2017 et tendre vers un taux de croissance positif autour de 1,4 à 1,5%. L'Afrique du Sud reste le cas le plus problématique, selon l'économiste, bien qu'elle n'ait pas connu de récession en 2016. "Nous estimons que la croissance de l'Afrique du Sud sera positive, autour de 1% en 2017/2018, mais elle reste assujettie à des risques importants", prévoit M. Bonaglia.
Il explique à cet effet que le bureau de statistiques sud-africain a publié des données qui montrent une contraction de l'activité économique. Or, si cette contraction est confirmée, l'Afrique du Sud pourrait techniquement connaître une récession cette année.
Selon le spécialiste, les BRICS occupent une part très importante dans l'économie mondiale grâce à une croissance très forte dans les années 2000. "En 2000, les BRICS représentaient 40% du PIB, en 2010 ils sont allés au-delà de 50%, et en 2015 ils ont atteint 54,7% du PIB mondial", rappelle M. Bonaglia.
La Chine, dit-il, est passée de 7,4% en 2000 à 17/18% du PIB mondial. Des chiffres qui donnent une idée de l'importance du processus de croissance qu'ont connu les économies BRICS dans les années 2000. Ce processus de croissance s'explique, selon M. Bonaglia, par le fait que les pays BRICS partaient d'un niveau de revenu par tête qui était beaucoup plus faible que celui qu'on observe dans les pays industrialisés.
Seulement voilà, malgré cette forte avancée, les BRICS sont confrontés à un problème lié à la croissance de la productivité et de l'innovation. Selon M. Bonaglia, le changement du modèle économique des BRICS doit passer forcément par l'amélioration de la productivité et de l'investissement dans la recherche et le développement.
Mais dans les pays BRICS, l'investissement dans la recherche et le développement est souvent plus faible que celui des pays de l'OCDE, où on investit en moyenne presque 3% du PIB dans la recherche et le développement. En Chine, c'est 1,5% et dans les autres pays BRICS moins de 1%, relève-t-il.
Outre l'investissement dans la recherche et le développement, la cohésion sociale est le second défi à relever par les BRICS. "Comme on le voit au Brésil et en Afrique du Sud, il y a une classe moyenne qui a émergé et qui, maintenant, a des demandes importantes en termes de qualité des services publics, auxquelles les gouvernements ne sont parfois pas en mesure de répondre", ajoute M. Bonaglia.