Dernière mise à jour à 09h53 le 28/10
La disparition ces derniers jours des dizaines de jeunes candidats à l'émigration clandestine en haute mer, suscite l'indignation de la classe politique sénégalaise, des organisations des droits de l'homme, et entre autres au Sénégal.
Depuis plus d'un mois, il y a une recrudescence de l'émigration clandestine avec le départ de plusieurs embarcations des côtes sénégalaises vers l'Espagne.
Comme dans l'année 2006 où des milliers de jeunes Sénégalais ont pris la mer pour rejoindre les îles Canaries (Espagne), le phénomène "Barça ou Barskh" (arriver à Barcelone ou mourir, en Wolof), a repris avec un engouement des jeunes à quitter le Sénégal.
Sur les réseaux sociaux, des candidats à l'émigration clandestine ont diffusé leurs voyages vers les côtes espagnoles, créant du coup une ruée vers les zones côtières. Des convoyeurs ont organisé plusieurs voyages. Mais certains n'ont pas abouti.
Le gouvernement sénégalais a indiqué qu'entre le 7 et le 25 octobre 2020, cinq pirogues ont été interceptées par la Marine nationale appuyée par la Guardia Civil espagnole et des piroguiers sénégalais. Trois cent quatre-vingt-huit personnes ont été secourues.
D'autres ont trouvé, durant le week-end, la mort dans l'explosion d'une pirogue, rempli de migrants, occasionnant une vingtaine de morts et des disparus. A Saint-Louis (nord), 20 jeunes, dont des pères de familles, font partie des disparus.
Lundi, la Marine nationale sénégalaise a annoncé avoir intercepté une pirogue de migrants clandestins à 5 km au large de Dakar, dans la nuit du dimanche au lundi.
Cette patrouille, menée en collaboration avec la vedette de la Guardia Civil de l'Espagne, a pu sauver quelque 39 personnes. Une enquête est en cours pour déterminer l'identité de la pirogue et le nombre exact de personnes ayant embarquées à bord au départ.
Face à la disparition de ces jeunes, plusieurs personnes sont montées en créneau.
Pour le sociologue sénégalais, Abdourahmane Kane, ces candidats à l'émigration ont atteint un "certain niveau où, pour eux, ce qu'ils vivent aujourd'hui est pire qu'une maladie ou une pandémie".
"Rien ne peut plus les arrêter. Ils ont en bandoulière cet espoir qui les motive. Ces jeunes sont dans un moment de dénuement qui fait que souvent la rationalité est à moins zéro", a expliqué le sociologue aux médias locaux.
L'ancien Premier ministre sénégalais et leader du parti Rewmi, Idrissa Seck a invité l'Etat du Sénégal à "plus d'accompagnement de la jeunesse afin que celle-ci se rende compte qu'elle peut bien réussir chez elle et que l'avenir qu'elle doit construire se trouve ici, en Afrique".
Réagissant après les drames, le président sénégalais Macky Sall a appelé à la "mutualisation des efforts" face à la recrudescence de l'émigration clandestine, invitant à "plus de vigilance et à la collaboration avec les forces de défense et de sécurité".
En même temps, la Mauritanie, pays voisin du Sénégal, a annoncé avoir "sauvé" 295 candidats à l'immigration clandestine sénégalais vers l'Espagne.