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La première Africaine à diriger l'OMC au défi de la revitalisation du système commercial multilatéral

Xinhua | 18.02.2021 09h03

Les membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont fait l'histoire en convenant lundi par consensus de nommer la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala au poste de septième directeur général de l'organisation. La voici désormais confrontée au défi de la revitalisation du système commercial multilatéral.

Lorsqu'elle prendra ses fonctions le 1er mars, Mme Okonjo-Iweala deviendra la première femme et la première personne originaire du continent africain à diriger cet organisme créé en 1995 et qui était sans chef depuis le départ de Roberto Azevêdo le 31 août 2020.

Cette nomination intervient alors que le système commercial multilatéral est confronté à une myriade de défis allant des pressions exercées pour réformer l'OMC à la montée du protectionnisme en passant par une récession globale provoquée par une pandémie.

UN SIGNE POSITIF

"Ces dernières années, le système commercial multilatéral a traversé des moments difficiles et éprouvants. Cependant, à mon avis, le monde a maintenant besoin, plus que jamais, d'une OMC revigorée", avait souligné Mme Okonjo-Iweala dans son discours de campagne.

Cette nomination par consensus du nouveau chef de l'OMC a été largement considérée comme un signe positif que le système commercial multilatéral pouvait être restauré de manière constructive et prendre un nouvel élan.

Applaudissant cette nomination "opportune", l'ambassadeur de Chine auprès de l'OMC, Li Chenggang, a déclaré que "la décision collective prise par l'ensemble des membres témoigne d'un vote de confiance" non seulement envers Mme Okonjo-Iweala elle-même, mais aussi "envers notre vision, nos attentes et le système commercial multilatéral auquel nous croyons tous et que nous préservons".

L'ancienne ministre nigériane des Finances, puis des Affaires étrangères, "excellera dans ses nouvelles fonctions et validera le mandat mondial en faveur du repositionnement et du renforcement de l'institution multilatérale pour le plus grand bien de tous", a salué le président nigérian Muhammadu Buhari.

Il s'est dit confiant que le bilan de Mme Okonjo-Iweala en matière "d'intégrité, de diligence et de passion pour le développement continuera de produire des résultats positifs et des bénéfices pour l'humanité" à l'heure où elle s'attelle à une nouvelle "lourde tâche au service au monde et à l'humanité"

Le porte-parole de l'OMC, Keith Rockwell, a confié à Xinhua que les deux prochaines années constitueront une fenêtre d'opportunité pour le multilatéralisme et que les membres de l'organisation devraient la saisir afin d'obtenir des résultats positifs tangibles.

"Je pense que nous devons profiter de cette opportunité et apporter quelque chose aux peuples du monde, car je pense qu'ils comptent sur nous", a-t-il dit.

DES REFORMES NECESSAIRES

Le besoin urgent de réformes profondes, en particulier celles des trois fonctions principales de l'organisation, à savoir le règlement des différends, les négociations commerciales multilatérales et la supervision de la politique commerciale, pose un défi à Mme Okonjo-Iweala.

L'organe de règlement des différends de l'OMC est actuellement paralysé parce qu'il ne dispose pas d'un nombre suffisant de juges. L'organe d'appel, considéré comme la cour suprême pour les différends commerciaux mondiaux, est censé compter sept juges et doit en compter au moins trois pour fonctionner.

L'administration du précédent président américain Donald Trump a bloqué la nomination de nouveaux juges, laissant l'organe d'appel incapable d'entendre de nouveaux différends.

Dans une interview accordée à Xinhua en août dernier, Mme Okonjo-Iweala avait considéré la remise en état du système de règlement des différends, toujours paralysé, comme l'une de ses principales priorités.

"Si vous avez une organisation basée sur des règles, vous devez avoir un endroit où les règles sont arbitrées et c'est ce qui se passe avec le système de règlement des différends. Le rétablissement de ce système sera donc une priorité absolue", a-t-elle insisté.

Ce système "vise à remettre les pays en conformité. Il faut réfléchir sérieusement à ce qui peut être accompli dans ce domaine et non pas trouver une solution à court terme", a indiqué Simon Evenett, professeur de commerce international et de développement économique à l'Université de Saint-Gall, en Suisse.

L'année dernière, l'Union européenne et certains autres membres de l'OMC ont mis en place un système d'arbitrage temporaire qui leur permet de surmonter la paralysie actuelle et de résoudre les différends commerciaux entre eux.

"Le monde a évolué. La question est de savoir si les diplomates commerciaux peuvent quitter leur zone de confort et embrasser les réalités de la rivalité technologique et géopolitique du XXIe siècle", a déclaré M. Evenett.

UNE REPRISE DURABLE

M. Azevêdo avait déjà estimé que l'OMC est "un pilier de prévisibilité et de certitude dans une économie mondiale en évolution rapide". Pour celle qui lui succède, un autre défi majeur consiste à assurer la libre circulation du commerce mondial, à maintenir la stabilité du système commercial mondial et à favoriser une reprise durable de l'économie mondiale.

En octobre 2020, l'OMC prévoyait une chute de 9,2% du volume du commerce mondial de marchandises pour 2020, suivie d'une hausse de 7,2% cette année. Dans le même temps, le Fonds monétaire international (FMI) a averti que de nouvelles vagues épidémiques et de nouveaux variants du coronavirus continueraient de peser sur l'économie mondiale.

Entre-temps, certains pays ont intensifié leurs mesures protectionnistes durant la pandémie par souci de garantir leur approvisionnement en matériel médical et autres produits de première nécessité.

Mme Okonjo-Iweala s'est engagée à faire en sorte que le système commercial multilatéral et les règles de l'OMC soient "propices à ce que les médicaments et les fournitures médicales soient rendus accessibles aux pays qui en ont besoin".

Elle a également souligné l'importance de "combler les fossés", tel que le fossé numérique entre les pays en développement et les pays développés, pour parvenir à une reprise mondiale plus durable et plus inclusive.

"Je pense que cela peut être fait de concert avec d'autres organisations telles que la Banque mondiale, des banques régionales (...) et avec le FMI afin de voir ce que nous pouvons faire pour aider à réduire cette fracture", a-t-elle ajouté.

(Rédacteurs :孙晨晨, Yishuang Liu)
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