L'actuelle visite du président français François Hollande en Chine met en relief l'importance de la France dans l'orientation et le renforcement des relations Chine-Europe, indiquent des analystes.
CHINE-EUROPE : UN PARTENARIAT STRATEGIQUE FRUCTUEUX
L'année 2013 marque le 10e anniversaire du partenariat stratégique global entre la Chine et l'UE. Au cours de la dernière décennie, malgré des frictions commerciales incessantes, leurs relations ont connu un développement soutenu et fructueux.
Depuis la formation de la nouvelle équipe de dirigeants chinois il y a moins de deux mois, plusieurs dialogues bilatéraux ont eu lieu, dont le 4e forum des partis politiques Chine-Europe et la 12e Table ronde UE-Chine, sans parler du 16e Sommet Chine-UE, qui s'ouvrira au deuxième semestre de cette année.
"Dans le cadre de la nouvelle diplomatie chinoise, malgré d'éventuels ajustements, la relation sino-européenne reste l'une des plus importantes", indiquent plusieurs experts chinois spécialisés dans les relations internationales.
"Il n'existe pas de conflits d'intérêts fondamentaux entre la Chine et l'Europe, et les deux parties partagent des points communs sur les grands dossiers internationaux, ce qui accroît leur interdépendance", souligne Shen Jiru, chercheur à l'Institut d'économie et de politique mondiales de Chine.
Le commerce bilatéral constitue le volet le plus fructueux de la relation Chine-UE, avec les échanges commerciaux qui ont atteint une valeur de 567,2 milliards de dollars en 2011, un total quatre fois plus important qu'il y a dix ans. Malgré les échanges commerciaux fructueux, les frictions incessantes suscitent bon nombre d'inquiétudes.
A ce sujet, M. Shen souligne qu'"en prenant en compte le volume total (du commerce bilatéral), une partie infime des marchandises génèrent des frictions". "Les différends commerciaux sont normaux et peuvent être réglés à travers le dialogue, mais la situation devient inquiétante lorsque les frictions cachent des motivations politiques", a averti Xue Jiancheng, expert en relations internationales.
"Les frictions persistent, mais n'affectent pas les intérêts essentiels de la coopération bilatérale, et la perspective de la coopération bilatérale reste ouverte", indique pour sa part Li Hongfeng, expert en politique internationale.
La réforme du système financier international constitue un autre tournant important dans la coopération entre la Chine et l'UE, notent les experts. La zone euro, touchée de plein fouet par la crise financière, souffre encore des retombées de la crise. "La crise dont souffre l'UE n'est pas due au manque de capitaux, mais au déséquilibre du système financier international", analyse M. Shen. "C'est pourquoi l'UE travaille étroitement avec la Chine, ainsi que les autres membres des BRICS, pour promouvoir une réforme du système financier international".
"L'UE cherche à donner un droit de parole plus important aux pays émergents. Autrement dit, la Chine et l'UE dépendent l'une de l'autre pour construire un système financier international équilibré, ce qui constitue une dimension importante de leur coopération bilatérale", fait savoir M. Xue.
L'ESPRIT PIONNIER DE LA FRANCE DANS LE PARTENARIAT CHINE-UE
Le 12 avril, lors de sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, en rappelant que François Hollande serait le premier chef d'Etat d'une puissance occidentale à visiter la Chine après l'entrée en fonction de la nouvelle direction chinoise, a souligné que cela montrait pleinement l'esprit pionnier de la France dans le développement de ses relations avec la Chine.
"La France a été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la Chine, l'ancien président français Georges Pompidou a été le premier chef d'Etat d'un grand pays occidental à se rendre en Chine... L'esprit pionnier de la France favorise la communication entre les deux parties et les échanges entre les peuples à long terme", affirme Mme Li, avant d'ajouter que "les relations sino-françaises souffrent malgré tout d'une carence en coopérations substantielles". Une avancée en matière de coopérations concrètes serait l'objectif essentiel de la visite de M. Hollande, selon elle.
Selon un article du quotidien français Le Figaro, la première visite du chef de l'Etat français en Chine gravitera autour du rééquilibrage des échanges économiques. Quant au déficit commercial de la France, l'attitude de la France envers l'exportation de produits high-tech et le transfert des technologies sont les clés pour remédier au déficit, analysent les experts chinois.
Escorté par une soixantaine d'entrepreneurs, M. Hollande s'efforcera de séduire les investisseurs chinois durant cette visite, à l'heure où la France souffre d'un taux de chômage élevé et d'une croissance faible. A ce sujet, M. Xue a fait savoir que la France, en tant que destination pour les investissements chinois, est moins attirante que l'Allemagne, où il n'y pas de salaire minimum et où les relations entre le patronat et le syndicat sont relativement bonnes, et le Royaume-Uni, qui préconise le libéralisme économique.
En outre, le commerce sino-français est toujours largement influencé par le climat politique, souligne M. Xue. Dans cette optique, pour attirer les investisseurs chinois, la France devrait dans un premier temps améliorer son climat d'investissement, notent les experts.
Bien que devancée par l'Allemagne et la Royaume-Uni en terme de coopération commerciale avec la Chine, la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, partage avec l'Allemagne le rôle de locomotive au sein de l'UE, affirme M. Shen. En ce sens, "si la Chine veut approfondir ses relations avec l'UE, la France est un pays incontournable. Une relation sino-française étroite est indispensable à l'approfondissement de la coopération entre la Chine et l'UE".