Dernière mise à jour à 16h19 le 08/10
Le 5 octobre, les négociations sur l'« Accord de Partenariat Trans-Pacifique » (TPP), conduites sous les auspices des États-Unis, se sont achevées. Les représentants de 12 pays, à savoir les États-Unis, le Japon, l'Australie, le Canada, Singapour, Brunei, la Malaisie, le Vietnam, la Nouvelle-Zélande, le Chili, le Mexique et le Pérou, se sont entendus sur un accord.
Après l'accord, le Président Obama a déclaré que les États-Unis ne sauraient permettre à des pays comme la Chine de développer eux-mêmes des règles commerciales mondiales, mais que les règles élaborées par les États-Unis, en même temps qu'elles développeront de nouveaux marchés pour les produits américains, fixeront en même temps des « normes élevées » pour protéger le travail et l'environnement. Puisqu'il est orienté contre la Chine, il ne fait aucun doute que le PPT aura un impact sur elle. Toutefois, ce n'est pas pour autant que cet impact va plonger la Chine dans un état de profonde agitation.
Premièrement, la Chine sait fort bien de quoi il retourne, car étant donné que le TPP devait exister tôt ou tard, elle faisait face à un choix inévitable. Les États-Unis vont faire du PPT un point de départ important de leur stratégie de « rééquilibrage en Asie-Pacifique » dans le domaine économique. Le TPP représente 40% du PIB mondial total, 1/3 de son commerce, et une fois achevé, il sera le plus grand accord de libre-échange de l'histoire. Par conséquent, s'agissant de la tendance de développement et du contenu spécifique du TPP, la Chine va maintenir son attention et jugera celui-ci sur ses paroles et ses actes.
Deuxièmement, la Chine a aussi certaines cartes en main, et face au TPP elle maintiendra une certaine concentration stratégique. Actuellement, sur les 12 pays parties au TPP, 5 ont conclu des accords de libre-échange avec la Chine, et 7 ont participé avec la Chine aux négociations sur un « partenariat économique global régional ». Et en matière de gouvernance économique mondiale, la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, dont la création a été initiée par la Chine, compte 57 pays membres fondateurs, qui se trouvent en Asie, en Océanie, en Europe, en Amérique latine et en Afrique, témoignant de sa large représentation.
Troisièmement, la Chine voit les choses clairement, et elle portera un jugement objectif sur la situation du TPP. L'accord sur le TPP intervient après cinq ans de négociations intensives et difficiles, et la dernière réunion a également été tout sauf une partie de plaisir. En outre, l'accord qui vient d'être conclu n'est qu'une étape, car le processus de ratification dans les différents pays fait encore face à de nombreux défis, à des questions sensibles qui peuvent faire naitre des controverses ; bref, il est encore plein d'incertitudes.
Quatrièmement, la Chine sait parfaitement que, dans le domaine du commerce international et de la coopération économique, toute tentative visant à la contenir a peu de chances de réussir. Comme le montrent son PIB de 10 000 milliards et sa place de deuxième économie du monde, de première superpuissance du commerce de produits, le marché chinois est très important pour le monde, et la Chine est, pour de nombreux pays, un partenaire qu'il est impossible d'ignorer.
Enfin, la Chine croit toujours que la coopération ouverte va dans le sens de l'histoire. L'ordre économique international doit prendre une direction plus juste et raisonnable, et c'est une direction vers laquelle la communauté internationale doit s'efforcer d'aller de l'avant. Si le TPP veut aller à l'encontre de cette tendance, se livrer à un « jeu à somme nulle » dans le domaine économique, personne n'y trouvera son intérêt. Si l'on veut des règles du commerce positives, la seule solution consiste en un développement commun et des avantages mutuels.
(L'auteur Su Xiaohui est directeur adjoint de l'Institut international d'études stratégiques à l'Institut chinois des études internationales.)