Dernière mise à jour à 14h10 le 09/10
À la suite de la guerre froide et des changements géopolitiques en Asie, les États-Unis ont du faire la part entre la « justice » et « l'intérêt ». Moralement, ils se devaient de punir les crimes de guerre du Japon et de liquider les fauteurs militaristes japonais. Mais, compte tenu de la rivalité avec l'URSS, ils ont aussi voulu protéger la droite japonaise pour contenir l'expansion du camp socialiste et la propagation des idées communistes dans l'archipel nippon.
Le document NSC13/2 de 1948 marque un changement important dans la politique américaine relative à l'occupation du Japon. Washington cesse hâtivement le règlement des crimes de guerre du Japon et donne un accord tacite pour le retour de la droite japonaise. On met les bouchées doubles pour faire du Japon une base anticommuniste en Extrême-Orient.
3,44 millions de prisonniers de guerre sont jugés en Allemagne, seulement 5 423 au Japon. Le criminel de guerre de première catégorie Mamoru Shigemitsu est condamné à seulement sept mois de prison, et libéré avant terme. Kishi Nobusuke et 18 autres criminels de guerre sont relâchés sans jugement. Quelques années tard, ils reviendront sur la scène politique japonaise, en tant que représentants de la droite, et jetteront la base de l'accès du Parti de droite au pouvoir.
Ce choix des États-Unis a eu des retombées prolongées : les politiciens japonais sont conscients qu'ils peuvent tirer profit de la politique étrangère intéressée des États-Unis. Devant une « menace » encore plus sérieuse, ceux-ci sont d'autant plus tolérants envers la droitisation du Japon.
Avec la guerre de Corée, la guerre froide prend pied en Asie et Washington et Tokyo deviennent de plus en plus dépendants. Le premier espère que le Japon s'intègre de plus bel dans le camp occidental et devienne une forteresse imprenable contre l'URSS voisine. Tandis que le second place son espoir de voir son économie se relever grâce aux « besoins spéciaux » de la guerre menée par les États-Unis.