Dernière mise à jour à 14h10 le 09/10
En juillet 2015, des citoyens japonais protestent contre le projet de loi visant à conférer au pays le droit à « l'autodéfense collective ». |
En jouant sur la « menace chinoise », la droite japonaise a trouvé le prétexte pour renforcer l'armement du pays. Les relations sino-japonaises se sont détériorées rapidement. L'intégration de l'Asie orientale, guidée par la Chine, le Japon et la Corée du Sud, rencontre de sérieuses difficultés à cause des contradictions politiques. Et en définitive, ce sont les États-Unis qui tirent le plus grand profit de la détérioration des relations sino-japonaises.
Le retrait stratégique de l'administration Obama constitue un autre moteur de la droitisation de l'archipel japonais. Les États-Unis souhaitent qu'il puisse assumer la responsabilité de sa sécurité. Durant la guerre froide, le Japon a utilisé adroitement la protection américaine. Le « pacifisme » et l'« isolationnisme » pratiqués par Yochida avaient engagé le Japon dans une voie de développement non militariste. Peu de fonds étaient consacrés à la défense et Yochida s'efforçait surtout de développer le pays. Ainsi le Japon a réalisé un essor économique fulgurant et est très vite devenu la première puissance économique asiatique.
Malgré la perte partielle de son autonomie nationale, sous le contrôle des États-Unis, le Japon a fait endosser une lourde charge aux Américains pour assurer sa sécurité. Aujourd'hui, les États-Unis souffrant d'un gros déficit financier à cause des guerres en Irak et en Afghanistan, ils sont obligés de réduire leurs dépenses militaires. Alors comment continuer à protéger leur allié nippon ? La meilleure solution pour eux, est de l'encourager à assumer la responsabilité de sa propre sécurité et de partager les obligations de sécurité régionale. Cette volonté américaine colle parfaitement au désir de la droite japonaise de remilitariser le pays, de briser les contraintes imposées par la Constitution pacifiste et de devenir « un pays normal ».
D'une part, le Japon cherche à créer des incidents, pour retenir les États-Unis et les obliger à répéter leur promesse relative à la sécurité de l'archipel. D'autre part, avec le consentement tacite de son allié américain, le Japon a levé l'interdiction de l'exercice du droit à l'auto-défense collective. De plus, sous prétexte d'équilibrer les forces face à la modernisation de l'armée chinoise et d'aider les États-Unis à sauvegarder l'ordre régional, il renforce son armée et accélère son expansion militaire.
Il n'est pas difficile de voir que le Japon a toujours été « un pays anormal », sous le contrôle et l'influence des États-Unis, et que la droite japonaise est un « fœtus difforme » porté par la politique intéressée de l'occupation américaine du Japon et les idées issues de la guerre froide.
D'une part, la droite japonaise se berce du rêve de grande puissance sous la protection des États-Unis, sans toutefois reconnaître les crimes de guerre du Japon. D'autre part, elle se sert du brouillard stratégique américain pour accélèrer la militarisation du pays dans le but ultime de se débarrasser du contrôle américain et de redevenir l'hégémon de la région. Mais il arrive parfois que la plus solide des forteresses se fasse prendre de l'intérieur. Si les États-Unis continuent à laisser le Japon se droitiser, nous verrons certainement l'ordre mondial d'après-guerre s'écrouler. Et la première faille sera en Asie orientale.
*DONG CHUNLING : maître de recherche assistant à l'Institut de recherches sur les États-Unis relevant de l'Académie d'étude des relations internationales contemporaines de Chine.