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La tournée du président chinois au Moyen-Orient ne se limitera pas à la signature de contrats pétroliers

Xinhua | 16.01.2016 10h03

Ceux qui considèrent la Chine comme un simple spectateur des crises au Moyen-Orient verront Beijing adopter une approche proactive vis-à-vis de cette région d'une grande importance géopolitique la semaine prochaine.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé vendredi que le président chinois Xi Jinping effectuerait des visites d'Etat en Arabie saoudite, en Egypte et en Iran du 19 au 23 janvier.

Bien que la deuxième plus grande économie au monde ait besoin de pétrole pour alimenter son développement, la première visite d'un président chinois depuis plus de cinq ans que les troubles ont éclaté dans la région portera sur bien plus que la seule sécurité énergétique.

Avec des sujets inévitables tels que la coopération économique, la crise des réfugiés et le terrorisme qui devraient être évoqués durant la visite de M. Xi, la Chine montrera au monde qu'elle s'engage pour la paix et le développement au Moyen-Orient.

UN ENGAGEMENT PLUS FORT

Pendant des années, la politique de non-ingérence de la Chine à l'égard du Moyen-Orient, bien qu'appréciée des pays arabes, a été critiquée par certains pays occidentaux, qui ont estimé qu'il s'agissait d'une excuse pour se tenir à l'écart des problèmes de la région. Pourtant, le fait est que l'importance et la complexité de la situation n'autorisent ni les décisions prématurées, ni les actions précipitées.

Pour formuler des politiques adaptées aux changements rapides du Moyen-Orient, la Chine a besoin "d'un examen approprié, de recherches et d'un jugement éclairé", a indiqué Wu Bingbing, directeur de l'Institut d'études culturelles arabes et islamiques de l'Université de Beijing.

A l'approche de la visite de M. Xi, la Chine a publié son document politique sur le monde arabe en réaffirmant l'importance stratégique que Beijing attache à ces pays.

Depuis de longues années, la Chine a pour principe diplomatique de consolider et d'approfondir l'amitié traditionnelle sino-arabe, indique le document, le premier de ce type publié par le gouvernement chinois.

Le document souligne en outre le souhait de la Chine d'enrichir et d'approfondir la coopération dans tous les domaines et à tous les niveaux avec les nations arabes et de préserver la paix, la stabilité et le développement de la région et du monde.

Les trois pays visités ont tous de fortes relations avec la Chine. A l'avenir, "la Chine aura besoin de renforcer la coopération et les relations avec ces pays", a estimé Hua Liming, ancien ambassadeur de Chine en Iran.

L'Arabie saoudite et l'Iran traversent une nouvelle crise dans leur dispute de longue date. Si la Chine ne prend jamais parti, elle aura en revanche une rare opportunité d'appeler les deux pays au calme et à la retenue.

Selon le document politique de la Chine sur les pays arabes, Beijing soutiendra les efforts des nations arabes visant à promouvoir la solidarité.

L'INITIATIVE "LA CEINTURE ET LA ROUTE"

Pendant la tournée tant attendue de M. Xi, des possibilités plus concrètes seront proposées, en particulier en ce qui concerne l'initiative "La Ceinture et la Route". Le président chinois pourrait discuter avec les trois pays de moyens de lier l'initiative à leurs plans de développement respectifs.

Mais la Chine a besoin de différents modes de collaboration suivant les pays, a souligné Yang Guang, directeur général de l'Institut des études sur l'Asie occidentale et l'Afrique de l'Académie chinoise des sciences sociales.

Avec des pays très peuplés comme l'Egypte et l'Iran, la Chine devrait se concentrer sur la coopération dans le renforcement des capacités de production, qui peut créer plus d'emplois pour les communautés locales, a estimé M. Yang.

En ce qui concerne les petites économies, l'expert a indiqué que la Chine devrait aider ces pays à construire des plates-formes de services concentrés sur des centres financiers, des centres de dédouanement, des centres de transit aérien et des ports commerciaux.

La Chine devrait également aider les pays de la région à accroître leur connectivité en améliorant les télécommunications et l'accès à internet, a ajouté M. Yang, qui considère cela comme la clé de voûte de l'initiative au Moyen-Orient.

Majdi Amir, ambassadeur d'Egypte en Chine, fait partie de ceux qui se réjouissent de voir les fruits de l'initiative "La Ceinture et la Route". A l'heure où l'Egypte envisage une série de méga-projets pour relancer l'économie, dont le nouveau canal de Suez, les expériences de la Chine seront sans aucun doute utiles.

Les voies aériennes et maritimes que possède l'Egypte peuvent faciliter les investissements chinois dans la région et même au-delà, et l'Egypte aura l'occasion d'exporter davantage vers la Chine et de recevoir plus de touristes chinois, a souligné l'ambassadeur.

En suivant le modèle de coopération "1+2+3" annoncé en 2014 pour mettre en œuvre l'initiative dans la région, la Chine et les pays du Moyen-Orient pourront également progresser nettement dans des domaines tels que l'énergie nucléaire, les satellites spatiaux et les nouvelles énergies.

LA SOLUTION CHINOISE

Dans son premier document politique sur les pays arabes, Beijing réitère son engagement pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient et pour une solution politique aux dossiers délicats de la région, ce qui signifie que la Chine s'apprête à jouer un rôle actif et constructif dans la région.

Au cours des dernières décennies, la Chine a pris ses responsabilités et participé aux efforts internationaux visant à promouvoir les négociations sur le programme nucléaire iranien et à désamorcer la crise syrienne.

"En faisant avancer les négociations sur le nucléaire iranien, la Chine aide la communauté internationale à trouver un moyen de résoudre des problèmes chroniques à l'aide d'une solution politique et pacifique, ce qui est sans précédent", a indiqué M. Wu.

La position constante de la Chine, qui préconise de réduire les différends avec une approche ouverte et inclusive et de résoudre les conflits par la voie du dialogue et des consultations, a été mieux comprise et acceptée, et même empruntée par d'autres.

Face à la crise irano-saoudienne, les Etats-Unis, la Russie, des pays européens ou la Turquie se sont tous exprimés d'une seule voix en exprimant l'espoir que Riyad et Téhéran régleraient pacifiquement la crise, ce qui correspond à la position de la Chine, a relevé M. Wu, ajoutant qu'il en est de même pour les négociations de paix en Syrie.

Lors d'un forum organisé l'année dernière à Beijing, Lakhdar Brahimi, ancien envoyé conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, a indiqué que la Chine, en insistant sur les principes de justice et d'amitié, jouissait d'une excellente réputation auprès des pays du Moyen-Orient.

Réfutant les accusations de l'Occident selon lesquelles la Chine tente de se défiler de ses responsabilités, M. Wu a indiqué : "C'est exactement le contraire. La Chine a adhéré à sa prise de position dans des dossiers politiques, répondu à la demande pratique de développement des peuples locaux et les a aidé à avoir une vie meilleure".

La Chine exploite ses atouts dans les domaines économique, commercial, culturel, éducatif et technologique en vue de nouer une coopération mutuellement bénéfique avec les pays arabes dans l'objectif d'améliorer efficacement la vie des peuples.

"Il est remarquable que la Chine n'ait jamais imposé ses points de vue à d'autres, même en cas de différends. Cela témoigne du respect de la Chine envers les autres pays", a souligné M. Wu.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Yin GAO)
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