Dernière mise à jour à 10h56 le 16/01
Les récentes visites en Afrique de deux hauts responsables chinois chargés des affaires africaines un mois seulement après le sommet de Johannesburg traduisent l'importance que Beijing accorde à l'application rapide du plan d'action adopté en décembre dernier lors du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA).
Lin Songtian, directeur des affaires africaines au ministère chinois des Affaires étrangères et secrétaire général du Comité de suivi du FCSA, a ainsi effectué cette semaine une tournée visant à répertorier les domaines d'intervention dans le cadre du plan d'action du sommet de Johannesburg, avec pour objectif de concrétiser les acquis de ce sommet.
Au cours de sa tournée, M. Lin a notablement discuté à Brazzaville avec de hauts responsables congolais de la mise en place de zones économiques spéciales dans ce pays d'Afrique centrale. Sa visite a permis aux deux parties de discuter en profondeur du consensus atteint lors de la visite du président chinois Xi Jinping en mars 2013 au Congo et de celle de son homologue congolais Denis Sassou N'Guesso en juin 2014 en Chine.
Lundi dernier, Zhong Jianhua, envoyé spécial du gouvernement chinois en Afrique, s'est rendu au Sénégal où il a été reçu par le président Macky Sall. Les deux hommes ont évoqué la mise en oeuvre ces trois prochaines années des dix grands plans de coopération en faveur de l'Afrique annoncés par M. Xi à Johannesburg.
Il faut dire que 2016 marque le lancement du plan d'action adopté lors du sommet du FCSA. Faire en sorte de mettre en oeuvre rapidement les projets convenus et garantir le bon avancement des projets déjà lancés durant l'année en cours permettra certainement de jeter des bases solides pour la pleine mise en oeuvre de ce plan d'action couvrant les trois prochaines années.
"UNE VOIE ENCORE PLUS RAPIDE" POUR L'AVENIR DES RELATIONS SINO-AFRICAINES
Lors du dernier sommet du FCSA, le premier à avoir eu lieu en Afrique depuis la naissance du Forum en 2000, les dirigeants chinois et africains ont décidé d'élever leurs relations au niveau de partenariat de coopération stratégique globale.
Pour He Wenping, chercheuse à l'Académie chinoise des sciences sociales et spécialiste des questions africaines, cette décision, ainsi que les deux importants documents (la déclaration finale du sommet et le plan d'action), devraient pousser les relations de coopération sino-africaines à emprunter "une voie encore plus rapide" qui permettra d'accélérer une coopération tous azimuts.
Après le sommet du FCSA, les relations sino-africaines jouissent désormais d'une structure dite "1+5+10", indique-t-elle en précisant qu'il s'agit d'un partenariat (de coopération stratégique globale) soutenu par cinq piliers (politique, économie, culture, sécurité et rôle sur la scène internationale) et dix grands projets.
A Johannesburg, Xi Jinping a en effet annoncé que son pays allait lancer dix grands projets pour promouvoir la coopération avec l'Afrique au cours des trois prochaines années. Ils concernent l'industrialisation, la modernisation de l'agriculture, les infrastructures, les services financiers, le développement vert, le commerce et la facilitation des investissements, la réduction de la pauvreté, la santé publique, les échanges entre les peuples et, enfin, la paix et la sécurité.
Ces dix grands projets, qui constituent un élargissement des six grands domaines de coopération préconisés par le Premier ministre chinois Li Keqiang lors de sa tournée africaine en 2014, visent notamment à aider les pays africains à régler trois problèmes majeurs qui retardent le développement du continent : des infrastructures inadaptées, un manque de travailleurs qualifiés et de financements.
En fait, plusieurs projets phares de coopération déjà en cours de réalisation dans des pays africains -qui s'inscrivent dans le cadre des précédents plans d'action du FCSA- constituent déjà une bonne base pour le lancement du nouveau plan d'action adopté à Johannesburg.
CAPACITES INDUSTRIELLES : UNE COOPERATION MUTUELLEMENT BENEFIQUE
Afin de contribuer au développement de l'Afrique, la Chine a proposé notamment d'aider le continent à améliorer ses infrastructures et à parvenir à l'industrialisation avec son savoir-faire dans ces domaines, ce qui, note He Wenping, correspond également au besoin de la Chine de trouver des solutions à la surcapacité dans certains de ses secteurs industriels qui pose un défi à sa croissance.
Transférer une partie des capacités industrielles chinoises dans des pays africains aide d'une part l'Afrique à concrétiser son rêve d'industrialisation. Cela constitue d'autre part pour la Chine une solution à l'offre excédentaire dans certaines industries. Voilà un modèle de coopération mutuellement bénéfique pour l'Afrique et la Chine, observe la chercheuse.
Le Fonds de coopération Chine-Afrique sur la capacité industrielle, dévoilé par le président Xi Jinping à Johannesburg et entré en vigueur la semaine dernière avec un capital initial de 10 milliards de dollars, peut jouer un rôle important dans la promotion de la coopération pragmatique dans le domaine industriel, note Mme He.
L'expérience de la Chine en matière d'industrialisation devrait inspirer l'Afrique, tandis que la Chine espère contribuer à l'accélération du processus d'industrialisation en Afrique, en coordonnant des partenariats industriels et en renforçant la coopération autour des capacités industrielles, ajoute encore la spécialiste chinoise des questions africaines.