Dernière mise à jour à 10h39 le 18/06
Le président chinois Xi Jinping a débuté vendredi une visite historique en Serbie. Le président serbe Tomislav Nikolic a indiqué qu'elle "envoyait un signal fort selon lequel la Chine apprécie son amitié avec la Serbie".
Mais que va apporter cette visite d'Etat aux relations sino-serbes?
Suite à sa première visite dans la région en mars dernier, celles qu'effectue aujourd'hui M. Xi en Serbie et en Pologne soulignent l'importance des pays d'Europe centrale et orientale (PECO) au sein de la politique étrangère de la Chine.
''Ce type de visite au style familial dans des pays traditionnellement amis va renforcer la confiance mutuelle entre la Chine et ces pays'', estime Chen Yurong, chercheur à l'Institut chinois des études internationales.
La Serbie a été l'un des premiers pays à saluer l'initiative chinoise ''la Ceinture et la Route''. Travaillant à sa réindustrialisation, la Serbie bénéficiera de l'accroissement des investissements chinois et d'une connectivité accrue à travers tout le continent.
"L'arrivée du président chinois est un signe donné aux investisseurs chinois et aux hommes d'affaires chinois et serbes que de nouvelles et grandes opportunités sont sur le point de se créer dans divers domaines de coopération économique", pense Jurij Bajec, professeur à la faculté d'économie de l'Université de Belgrade et conseiller spécial à l'Institut d'économie.
Selon lui, les investisseurs d'autres pays ''vont aussi voir dans cette visite une sorte de garantie selon laquelle des entreprises commerciales nouvelles et de plus grande ampleur pourront être lancées en Serbie. Ils pourront alors envisager de venir en Serbie pour leur propre compte".
La Serbie est le pays européen phare en matière de construction d'infrastructures dans le cadre de la coopération Chine-PECO, également appelé groupe ''16+1''. Avec une capacité de production abondante, la Chine pourra soutenir les productions locales dans le cadre d'une coopération mutuellement bénéfique, analyse Wang Yiwei, responsable du Centre de recherche sur l'Union européenne à l'Université Renmin à Beijing.
Chinois et Serbes travaillent sur les projets de transport et d'énergie et envisagent d'importants projets tels que des zones industrielles, des autoroutes, des ports et des centrales. Leur coopération a été conçue d'un point de vue structurel et à long terme, et complète mutuellement les forces économiques.
Le groupe sidérurgique chinois HBIS a signé en avril un contrat de 51,8 millions de dollars pour acheter l'unique aciérie de Serbie, garantissant l'emploi des 5.000 employés du site de Smederevo.
''Nous sommes confiants dans le fait que nous allons transformer l'aciérie de Smederevo en un complexe moderne, avec une technologie de pointe, des équipements, une protection de l'environnement de haut niveau et de bonnes conditions de travail. Notre objectif sera de transformer Smederevo en l'une des aciéries les plus compétitives en Europe", a promis le président de HBIS, Yu Yong.
La portion serbe du chemin de fer Serbie-Hongrie, un projet phare entre la Chine et deux autres pays, a été lancée en décembre dernier.
Cette ligne ferroviaire rapprochera la Serbie des régions d'Europe centrale et contribuera à transformer le pays en plaque tournante des transports et de la logistique, a déclaré le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic lors de la cérémonie de lancement de projet. Il a souligné que son pays était prêt à travailler avec la Chine pour assurer la mise en service de cette liaison en 2018.
En outre, cette coopération sino-serbe comprend le pont de Pupin à Belgrade et la centrale de Kostolac. La construction d'une usine chinoise de pièces détachées automobiles, qui emploiera 1.400 personnes, a également commencé en avril dernier dans la banlieue de Belgrade.
L'amitié sino-serbe, marquée par des souvenirs communs comme le film de 1972 "Walter défend Sarajevo," est devenue, selon le président serbe, "aussi forte que la Grande Muraille".