Dernière mise à jour à 08h19 le 07/09
La Chine et les Etats-Unis ont été acclamés dans le monde entier pour la détermination qu'ils ont manifestée et l'impulsion qu'ils ont donnée dans la lutte contre le changement climatique en marge du sommet du G20.
La Chine et les Etats-Unis ont officiellement ratifié l'Accord de Paris sur le climat lors d'une réunion entre le président chinois Xi Jinping, le président américain Barack Obama et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon le jour précédant l'ouverture du sommet du G20 de Hangzhou.
Certains experts de l'environnement estiment qu'il est à présent temps pour les pays européens et l'Union européenne (UE) de faire de même.
En décembre 2015, au terme de négociations difficiles, les négociateurs des 196 parties à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques avaient conclu un accord sur le changement climatique à Paris, qui vise à inverser la tendance de l'augmentation de la température, dont les émissions de carbone sont la principale cause.
L'entrée en vigueur de l'Accord de Paris, qui semblait inconcevable jusqu'à il y a quelques mois, est à présent à portée de main, a déclaré Li Shuo, conseiller en politique mondiale de Greenpeace en Asie de l'Est.
"Cela améliorera le rythme et la durabilité du nouveau régime climatique", a souligné l'expert, qui a ajouté que les résultats du G20 renforçaient "le rôle mobilisateur" de la Chine dans la lutte contre le changement climatique.
Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International, a appelé les autres pays à adopter l'Accord de Paris d'ici à la fin de l'année.
"Les pays doivent maintenant réagir à l'appel fort du G20 à adhérer formellement à l'Accord de Paris et à le ratifier dès que possible, de sorte que cet accord puisse entrer en vigueur cette année", a-t-elle déclaré.
Au nom de Greenpeace, Mme Morgan a appelé l'Allemagne à donner l'exemple au cours de cette année qui précède sa présidence du G20 afin de montrer au monde qu'elle est prête à transformer entièrement son économie pour réduire au minimum les émissions de carbone et à consentir aux investissements nécessaires dans ce but.
La Chine et les Etats-Unis, qui sont les deux plus grandes économies mondiales, représentent 39% des émissions mondiales. L'Accord de Paris nécessite le soutien de 55 pays représentant 55% des émissions mondiales pour entrer en vigueur.
Christoph Bals, directeur politique de l'association environnementale Germanwatch, a estimé que la ratification avait accru la pression sur tous les gouvernements de l'UE, incités à faire de même s'ils ne veulent pas se retrouver à l'écart.
Il a également félicité la Chine d'avoir inscrit l'Accord de Paris et l'établissement d'un système financier plus respectueux de l'environnement au programme du G20, et ajouté que c'était maintenant au tour de l'Allemagne de proposer des stratégies de mises en œuvre concrètes sur ces questions à l'approche de sa présidence du G20.
Célia Gautier, responsable des politiques européennes au sein du Réseau Action Climat, a estimé que la France pourrait jouer un rôle actif dans les prochains mois en cherchant à convaincre d'autres pays du G20 de rendre obligatoire la publication par les investisseurs d'informations relatives à leur exposition aux risques associés au changement climatique et de mettre en place des tests de stress climatique pour les entreprises.
La France pourra s'appuyer sur ses propres expériences, car elle a rendu en 2015 la publication d'informations sur l'exposition aux risques associés au changement climatique obligatoire. Ensuite, la France devra se joindre aux Etats-Unis, à la Chine et à l'Allemagne ainsi qu'à d'autres pays dans le processus de réforme et d'évaluation de leur soutien public aux combustibles fossiles, et supprimer progressivement les subventions préjudiciables d'ici à 2020, a déclaré Mme Gautier.
Ruth Davis, associée principale de Third Generation Environmentalism (E3G), une organisation basée à Londres, a estimé qu'il était temps pour la Première ministre britannique Theresa May de montrer que le Royaume-Uni ne resterait pas à l'écart économiquement et diplomatiquement face à cette nouvelle réalité.
"En plus de ratifier rapidement l'Accord de Paris, Mme May devrait avoir pour priorité de confirmer le calendrier de la fermeture progressive des centrales électriques à charbon du Royaume-Uni et de mettre au point une stratégie industrielle ambitieuse qui permettra aux entreprises de tirer profit de l'expansion rapide du marché des technologies propres", a déclaré Mme Davis.
En tant que chef d'entreprise, Jill Duggan, directrice du Groupe des chefs d'entreprises du Pays de Galles, a déclaré que les signaux forts envoyés par les gouvernements du G20 étaient importants pour inciter les entreprises à agir.
"Avec ce signal, le secteur privé réagira et fera preuve d'innovation créative afin de surmonter la crise climatique", a-t-elle estimé.
Mme Duggan a souligné que les entreprises et les décideurs politiques devraient arrêter de réfléchir et se concentrer sur la mise en œuvre des solutions innovantes nécessaires pour faire entrer la société dans une nouvelle ère.
"Le passage à une économie mondiale plus durable sera la transition de l'histoire humaine nécessitant le plus de capitaux", a indiqué Ben Caldecott, directeur du Programme de financement durable de la Faculté Smith pour l'entreprise et l'environnement de l'Université d'Oxford.
"Le G20 a raison de se concentrer sur les moyens de mobiliser le financement nécessaire, et nous accueillons chaleureusement les travaux conjoints de la Banque d'Angleterre et de la Banque populaire de Chine sur le financement vert. Il est important que ce travail s'accélère dans le cadre de la présidence allemande du G20", a-t-il ajouté.