Dernière mise à jour à 08h35 le 18/10
Le président philippin Rodrigo Duterte dit espérer dans un entretien exclusif à Xinhua que la visite d'Etat de quatre jours qu'il entamera mardi en Chine va permettre de renforcer l'amitié traditionnelle entre les deux pays et d'approfondir leur coopération économique et commerciale.
"Seule la Chine peut nous aider", indique-t-il dans cet entretien accordé jeudi dernier, espérant que son déplacement à l'invitation de son homologue chinois Xi Jinping lui permettra de mieux comprendre la Chine.
Faisant l'éloge du gouvernement et du peuple chinois, M. Duterte estime que la Chine favorise ceux qui travaillent dur et mène "des politiques bonnes et judicieuses, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur". Et d'ajouter : "Je pense que la Chine mérite le respect dont elle jouit aujourd'hui".
Le chef de l'Etat philippin salue également l'engagement et la générosité dont la Chine fait preuve en aidant les autres pays en tant qu'acteur majeur sur la scène internationale. Pour lui, outre son propre développement, la Chine n'oublie pas les pays sous-développés, comme l'illustre son dévouement à aider les pays d'Afrique et d'Asie du Sud-Est à promouvoir leur développement.
Evoquant la coopération économique et commerciale entre Beijing et Manille, M. Duterte observe qu'à partir du moment où son pays dispose de ressources touristiques, minérales et agricoles et que la Chine est un énorme marché lucratif, les deux voisins sont particulièrement complémentaires et ont devant eux un important potentiel de coopération renforcée.
Rodrigo Duterte estime que les Philippines ont besoin de conserver leur relation amicale avec la Chine et d'apprendre des succès de leur voisin en matière d'économie et de commerce, spécialement dans cette conjoncture économique mondiale morose.
Concernant la mer de Chine méridionale, le président philippin dit préférer la négociation à la confrontation.
"Ça n'a aucun sens de partir en guerre. Ça n'a aucun sens de se battre pour une masse d'eau", dit-il. "Mieux vaut discuter que se battre. Nous voulons discuter d'amitié, de coopération et, par dessus tout, de commerce. La guerre ne nous conduira nulle part".
Le chef de l'Etat philippin affiche par ailleurs clairement son opposition aux tentatives de certaines parties extérieures de vouloir s'immiscer dans la question de la mer de Chine méridionale
"Nous ne souhaitons pas permettre à un autre pays de discuter. Je ne veux discuter qu'avec la Chine", assure-t-il, se disant prêt à poursuivre avec la Chine un développement conjoint de ces eaux.
Le dirigeant philippin remercie également la Chine qui, contrairement à des pays occidentaux, a soutenu les Philippines dans sa lutte contre le trafic de drogue, versant des fonds à un centre de désintoxication qui va ouvrir bientôt ses portes.
"Certains pays savent que l'argent nous fait défaut, (mais) au lieu de nous aider, tout ce qu'ils savent faire, c'est critiquer. La Chine ne critique jamais. Elle nous aide sans parler. Et j'ai dit pourquoi cela faisait partie de la sincérité du peuple", note M. Duterte.
Le président philippin exprime aussi son désir de voir son pays se joindre à l'initiative chinoise "la Ceinture et la Route", car sa nation manque de fonds pour des infrastructures telles que les chemins de fer et les ports de mer.
Pour lui, il est difficile de parvenir à un développement rapide dans un pays dépourvu de chemins de fer, exprimant le souhait que la Chine accorde des prêts préférentiels à son pays.
"Il y a tellement de choses dans mon pays que je voudrais mettre en œuvre, mais les capitaux nous font défaut", déplore-t-il.
Les Philippines espèrent également parvenir à une prospérité commune. "Si nous pouvions avoir les choses que vous avez données à d'autres pays par le biais de l'aide, nous souhaiterions également y prendre part et faire partie des grands projets de la Chine pour toute l'Asie, particulièrement l'Asie du Sud-Est", espère le président.
A propos de sa visite en Chine, M. Duterte indique qu'il va saisir cette opportunité pour entamer un dialogue avec Beijing en vue d'approfondir la compréhension mutuelle et le partenariat.
"Tout ce dont j'ai besoin, c'est simplement d'une poignée de main ferme des responsables et de leur dire : nous sommes Philippins et nous sommes prêts à coopérer avec vous afin de nous aider à bâtir notre économie et notre pays".
Alors que l'on recense quelque deux millions de personnes d'origine chinoise aux Philippines, Rodrigo Duterte lance : "On pourrait demander votre aide, demander au peuple chinois d'aider le peuple chinois (qui vit) ici. Ils sont philippins, mais ils sont aussi chinois".
"Mon grand-père est chinois (...) Seule la Chine peut nous aider", conclut-il.