Dernière mise à jour à 16h17 le 06/04
Jan Berris, que les Chinois connaissent mieux sous son nom chinois de Bai Lijuan, vice-présidente du Comité national sur les relations sino-américaines et sinologue, est engagée depuis plus de 40 ans dans les échanges sino-américains. Cela remonte plus précisément à la fin du siècle dernier, en 1980, lors de la visite de Xi Zhongxun, alors secrétaire régional du Parti de la Province du Guangdong, et depuis lors elle est toujours restée impliquée. En 2012, lors de la visite aux Etats-Unis de Xi Jinping, alors Vice-président de la Chine, elle lui offrit l'album-souvenir de la visite de Xi Zhongxun. Aujourd'hui, quand on évoque la tendance des relations sino-américaines après la rencontre entre les deux chefs d’État qui va avoir lieu dans un domaine en Floride, elle se montre confiante, parce que 40 ans d'expérience dans la diplomatie publique lui ont fait acquérir une conscience croissante que le développement des relations sino-américaines dispose d'une base de soutien populaire solide.
Question du journaliste : Vous avez accompagné Xi Zhongxun lors de sa visite aux États-Unis, quelle impression gardez-vous de lui ?
Réponse de Jan Berris : Il m'a laissé une impression très positive. Ce fut une importante délégation, il s'y trouvait beaucoup de secrétaires provinciaux du Parti et le gouverneur. A cette époque, les choses n'étaient pas les mêmes que maintenant ; aujourd'hui, l'agenda des visites des responsables chinois à l'étranger est très serré. Cette année-là, la délégation venue aux États-Unis y avait passé au total près de trois semaines et demi, visité huit endroits, discuté avec un grand nombre de responsables et experts américains, ce qui leur avait permis d'acquérir une compréhension en profondeur de la société américaine. De notre côté, pendant ces trois semaines et demi, nous avons également appris à mieux comprendre ces hauts dirigeants chinois. Xi Zhongxun a dirigé la délégation, et il a pris soin des autres membres de celle-ci. J'ai accompagné de nombreuses délégations, et parfois, égoïstement, seul le chef de délégation s'exprimait, ne songeant même pas à laisser les autres membres donner leurs points de vue. Xi Zhongxun n'était pas comme ça, et il a encouragé, à l'occasion de plusieurs discours, les autres membres à exprimer leurs points de vue. Lors de cette visite, le responsable adjoint de la délégation d'un membre du Bureau politique était Song Ping, membre du Bureau politique et secrétaire du Parti de la Province du Gansu. Les discours et les réponses aux questions de Xi Zhongxun étaient très sincères et faits de façon appropriée et, en particulier, lors du dîner d'adieu offert par le gouverneur d'Hawaï avant le retour en Chine, son discours fut très émouvant.
Question du journaliste : Plusieurs années plus tard, quand son fils Xi Jinping, alors Vice-président, a visité les États-Unis en 2012, le président du Comité national sur les relations sino-américaines Stephen Orlins a offert à Xi Jinping l'album-souvenir de la visite aux États-Unis de son père. Quelle a été sa réaction?
Réponse de Jan Berris : En 1980, à cette époque, les appareils photo numériques n'existaient pas, j'ai utilisé un très petit appareil-photo et pris quelques photos. Avec Stephen Orlins, nous avons choisi parmi une multitude de clichés un certain nombre de photos de la visite de Xi Zhongxun aux Etats-Unis et fabriqué un album, puis nous avons demandé au service de conciergerie d'aller offrir cet album au Vice-président Xi Jinping. Mais c'est lors du banquet de bienvenue qui a eu lieu au Comité national sur les relations sino-américaines que nous avons offert cet album au Vice-président Xi Jinping. Il s'est montré très heureux de recevoir cet objet mais, à la différence des cadeaux ordinaires pour lesquels on exprime ses remerciements avant de les transmettre au personnel, il a ouvert l'album et a commencé à le regarder. Continuant à feuilleter le recueil, reconnaissant telle ou telle personne, il disait alors oh, c'est Song Ping, et là c'est Wu Lengxi, et il a regardé quasiment tout l'album sur place. Quand en 2015 Xi Jinping a visité les États-Unis en tant que Président, le Comité national sur les relations sino-américaines lui a offert un grand banquet de bienvenue à Seattle. Au cours du banquet, le Président Xi a également parlé de cet album au Président Orlins, et de son côté l'épouse du Président Xi Peng Liyuan a également mentionné qu'elle n'avait pas mis l'album sur une étagère, mais sur la table basse dans le salon, et qu'ils le regardaient souvent.
Question du journaliste : Le Président Trump et le Président Xi Jinping sont sur le point de se voir à Mar-a-Lago, en Floride. Certains médias américains ont laissé entendre que Donald Trump n'était pas prêt, et que ce n'est pas le bon moment pour une rencontre. Comment voyez-vous cette rencontre ? Si les deux hommes se rencontrent, qu'ils deviennent amis et même familiers l'un avec l'autre et qu'ils parviennent à un consensus, ne serait-ce pas une bonne chose ?
Réponse de Jan Berris : Que les plus hauts dirigeants des deux pays se rencontrent, qu'ils deviennent proches et échangent des points de vue de manière amicale entre eux est toujours une bonne chose. Communiquer en face à face est toujours meilleur que le faire par téléphone ou tout autre moyen de communication, c'est favorable à l'amélioration de la compréhension mutuelle entre les deux parties, mais aussi propice à l'approfondissement des échanges de vues entre les deux équipes. Bien que la politique chinoise de l'équipe Trump n'ait pas encore vraiment pris forme, en tout cas, des échanges approfondis en face à face sont après tout une bonne chose, et si les deux parties peuvent parvenir à un consensus, alors tant mieux. Je pense que les deux côtés discuteront de la question du nucléaire nord-coréen et de problèmes commerciaux bilatéraux ainsi que d'autres sujets d'intérêt commun. Les deux parties parviendront peut-être à un consensus, ou peut-être pas, mais quoi qu'il en soit, le fait qu'ils peuvent s'asseoir et envisager une coopération mutuelle pour résoudre les problèmes est une bonne chose.
Question du journaliste : Comment voyez-vous les relations sino-américaines après la rencontre ? Pensez-vous que les relations bilatérales se déplaceront dans une direction positive ?
Réponse de Jan Berris : Les deux leaders sont des personnages puissants, il y a une partie d'incertitude chez nous, tandis que chez vous, vos objectifs sont très clairs. Je suis engagée dans les échanges sino-américains au sein du Comité national sur les relations sino-américaines depuis plus de 46 ans, et je ne pense pas que les relations bilatérales puissent se limiter à une ou deux réunions de haut niveau, mais plutôt, comme après 1972 ou 1979, s'appuyer sur leurs intérêts communs à long terme et les contacts mutuels et échanges entre les peuples. Au fil des ans, il y a eu un grand nombre et d'échanges scolaires et universitaires, les échanges économiques et commerciaux n'ont cessé de progresser, les protocoles d'accord entre les deux pays à tous les niveaux de gouvernement se succèdent les uns après les autres, et on peut espérer que les relations bilatérales continueront de se développer sous le gouvernement Trump. Au final, l'état des relations bilatérales dépend de l'interaction entre les gens. Si les deux leaders n'arrivent pas à avoir un bon point de départ, et s'ils ne parviennent pas à un consensus, ils auront du mal à mobiliser la forte base de l'opinion publique en faveur des relations sino-américaines.
Question du journaliste : Si les deux parties ont encore quelques différences après la rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump, quel rôle pourra jouer le Comité national sur les relations sino-américaines ?
Réponse de Jan Berris : Depuis sa fondation en 1966, le Comité national sur les relations sino-américaines s'est engagé dans le développement des relations sino-américaines. Les relations sino-américaines ont des hauts et des bas, elles ont connu de nombreux rebondissements, mais peu importe de quelle façon la situation peut changer, le Comité national sur les relations sino-américaines continuera, comme toujours, de favoriser les échanges et les contacts entre les deux peuples, et continuera de promouvoir les échanges de vues entre personnes avec des points de vue différents, pour mieux comprendre les idées des uns et des autres, et trouver ensemble des solutions aux problèmes.
(Par Li Bingxin, journaliste au Quotidien du Peuple)