Dernière mise à jour à 14h23 le 09/05
Le Wall Street Journal a rapporté dimanche que le Pentagone a soutenu une proposition visant à renforcer la présence militaire des États-Unis dans la région Asie-Pacifique au cours des cinq prochaines années en investissant quelque 8 milliards de dollars pour améliorer leurs infrastructures militaires, mener des exercices supplémentaires et déployer plus de forces et de navires dans la région.
Cette initiative témoigne de « l'engagement des Etats-Unis envers la région au moment où Washington fait face à une situation de plus en plus fragile dans la péninsule coréenne », a également souligné l'article.
Pourtant, le moment de cette décision, qui intervient juste avant l'ouverture du Forum sur la coopération internationale « Une Ceinture, une Route » à Beijing, indique que l'appétit des Etats-Unis pour maintenir leur position dominante dans la région Asie-Pacifique et contenir la Chine reste très fort.
Cependant, ce plan pourrait se révéler une tâche ingrate : car bien qu'elle ait peu d'argent à dépenser, Washington, dont le déficit budgétaire devrait être de 559 milliards de dollars pour l'année financière 2017, ne comprend pas ce à quoi la région Asie-Pacifique aspire.
Selon les médias, les économies émergentes d'Asie de l'Est et du Sud-est, qui représentaient environ 10% du commerce mondial en 1985, représentent aujourd'hui au total 25% du commerce mondial et 21% du PIB mondial.
Mais Washington a joué un rôle décroissant dans la croissance rapide de la région ces dernières années : l'UE, le Japon et les Etats-Unis, qui représentaient 50% des exportations totales de la région en 1990, n'en représentent aujourd'hui plus que 29%.
Auparavant, la plupart des pays de la région Asie-Pacifique avaient tendance à vivre sous le parapluie américain pour leur sécurité. Pourtant, aujourd'hui, le développement, la richesse, la prospérité et les infrastructures revêtent une importance égale pour la sécurité et une présence militaire américaine ne peut pas leur fournir ce genre de biens publics mondiaux.
C'est pourquoi la Chine, avec des prêts peu coûteux, des taux d'imposition faibles et des programmes d'infrastructures qui favorisent le développement conjoint dans la région, et notamment l'initiative « Une Ceinture, une Route » et la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, est attrayante pour les autres économies régionales. C'est la façon dont la Chine émerge ainsi que la raison pour laquelle la stratégie de confinement des Etats-Unis finira par ne mener à rien.
La proposition des Etats-Unis de consacrer des milliards de dollars aux dépenses militaires en Asie est appelée « Initiative de stabilité en Asie-Pacifique ». Mais quand on parle de stabilité, la Maison Blanche doit aussi comprendre que de nos jours, ce terme n'est pas purement égal à la puissance militaire.
Si Washington souhaite apporter des contributions à la stabilité en Asie en répondant aux exigences de la région en investissant davantage dans les infrastructures locales, elle sera bien accueillie, mais contenir la Chine ne devrait pas faire partie de ces efforts. Le futur schéma de sécurité dans la région devrait être établi dans le cadre de la coopération entre la Chine et les États-Unis, et non dans le cadre d'un antagonisme.
Il est donc à espérer que la Maison-Blanche et le Pentagone pourront accorder une attention particulière au prochain Forum « Une Ceinture, une Route » et quelles opportunités cet évènement peut apporter à Washington.
Ai Jun (Source : Global Times, 8 mai 2017).