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France : Emmanuel Macron élu 8e Président de la Ve République avec près de 66% des voix

le Quotidien du Peuple en ligne | 08.05.2017 08h20

Dimanche, la France a rejeté les appels des sirènes du populisme de droite qui avait séduit les électeurs aux États-Unis et au Royaume-Uni, rejetant la nationaliste et anti Union européenne Marine Le Pen et choisissant son prochain président, Emmanuel Macron, un centriste néophyte en politique qui s'est engagé à relancer à la fois son pays en difficulté et le continent européen. Le résultat a mis fin à une campagne tumultueuse et polarisée qui a défié les prédictions à presque chaque tour, mais pas les dernières. Les sondages préélectoraux avaient prévu une importante victoire d'Emmanuel Macron, et c'est ce qu'il a finalement obtenu, avec 65,9% des votes. Marine Le Pen, malgré sa défaite, a néanmoins enregistré le plus fort score pour son parti dans une élection présidentielle, et il est également à noter que l'abstention a atteint un niveau historique, le plus élevé depuis 1969 avec plus de 25%, ce qui, avec les votes blancs, fait que près d'un tiers des votants n'ont voté ni pour l'un ni pour l'autre des candidats.

Le résultat sera sans doute un soulagement majeur pour l'establishment politique européen, qui craignait qu'une victoire de Marine Le Pen ne mette à bas des décennies d'efforts pour forger l'intégration continentale. Mais il exerce aussi instantanément une forte pression sur Emmanuel Macron pour respecter les promesses faites à un électorat français désabusé, notamment la réforme de deux institutions notoirement résistantes au changement : l'Union européenne et la lourde bureaucratie française. À l'âge de 39 ans, le jeune et élancé Emmanuel Macron, yeux bleus et mâchoire carrée, devient le plus jeune leader de la France depuis Louis-Napoléon Bonaparte -le futur empereur Napoléon III- en 1848 et son élection s'inscrit dans une ascension aussi étonnante que rapide.

Du contexte de la banque d'investissement où il a travaillé à son rôle de Ministre de l'économie sous un président historiquement impopulaire, il a semblé s'être adapté à la colère anti-establishment qui traverse la politique occidentale, notamment française. Mais en bousculant les partis traditionnels de la France et en lançant son propre mouvement -En Marche- il a réussi à se projeter comme l'outsider que le pays attendait. Et en soutenant sans relâche l'Union européenne, l'immigration et le tableau multiculturel de la France moderne, il s'est positionné comme un antidote optimiste et progressif à la vision jugée par beaucoup sombre et réactionnaire du Front national de Marine Le Pen. Marine Le Pen, 48 ans, cherchait quant à elle depuis longtemps à devenir le premier leader d'extrême droite élu dans l'histoire de l'après-guerre en Europe occidentale. Le vote de dimanche a frustré ses ambitions, mais il est peu probable qu'elles finissent avec le résultat, qui marque tout de même pour elle une progression notable, ayant presque doublé les voix remportées par son père, Jean-Marie Le Pen, lors des élections de 2002, la seule autre fois que le candidat du Front national a atteint le second tour.

Le résultat du vote du dimanche aura des implications profondes non seulement pour les 67 millions de citoyens français, mais aussi pour l'avenir de l'Europe et pour la trajectoire politique dans le monde occidental. Après deux triomphes pour la droite populiste en 2016 - le Brexit au Royaume-Uni, et Donald Trump aux États-Unis- le vote de la France était considéré comme un test pour savoir si ce courant politique pouvait poursuivre son ascension. Mais à présent, le plus dur reste sans doute à faire pour le nouveau Président, avec les élections législatives du mois prochain. En refusant à plusieurs reprises pendant la campagne de se réclamer de la gauche et de la droite, il devra maintenant apprendre à gouverner un pays sans le soutien de ses partis traditionnels, et il est maintenant confronté au défi immédiat d'obtenir des élus « En Marche » à l'Assemblée nationale, et si possible une majorité absolue sans laquelle un Président français ne peut pas gouverner, alors qu'il ne compte actuellement aucun représentant élu.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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