Dernière mise à jour à 11h25 le 08/05
Les principaux responsables de la classe politique française, ainsi les représentants des syndicats et du patronat, ont très largement commenté dès dimanche soir la victoire à l'Elysée d'Emmanuel Macron contre sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen.
"Sa large victoire confirme qu'une très grande majorité de nos concitoyens ont voulu se rassembler autour des valeurs de la République et marquer leur attachement à l'Union européenne comme à l'ouverture de la France dans le monde", a déclaré le président de la République sortant François Hollande.
Le président du MoDem (centre) François Bayrou, qui s'est rallié au fondateur d'En Marche! avant le premier tour de l'élection présidentielle, a salué un "résultat magnifique et incroyablement significatif". Il s'est réjoui du "message d'espoir" que la France "envoie" avec ce choix pour le "plus jeune président de la Ve République (...) et le plus jeune chef d'Etat de tous les grands pays de la planète".
Nicolas Dupont-Aignan, qui était pressenti comme Premier ministre en cas de victoire de la candidate du Front national (FN), s'est déclaré "déçu" pour Marine Le Pen, une candidate qu'il a qualifiée de "courageuse". Le chef de file de Debout la France, qui a obtenu un peu moins de 5% au premier tour de l'élection, a par ailleurs déploré "le chèque en blanc" signé à Emmanuel Macron par des Français qui vont "le payer très cher".
Le vice-président du FN, Florian Philippot, a estimé que "maintenant ce qui compte, c'est demain. On a fait 11 millions de voix, ce qui est tout à fait inédit. Nous avons battu notre record historique de nombre de voix et nous sommes là pour rassembler davantage avec une dynamique électorale qui est là". "On se projette pour l'avenir et on est aujourd'hui la seule force crédible, structurée d'opposition", a-t-il ajouté.
La députée FN Marion Maréchal-Le Pen a concédé "une part de déception" après la victoire d'Emmanuel Macron et a appelé à mener une "réflexion" sur la stratégie menée pendant la campagne par le parti.
Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, arrivé quatrième le 23 avril avec près de 20% des suffrages, a de son côté tenu un discours très offensif. "Le nouveau président est élu. La courtoisie et l'amour de notre démocratie commandent d'en prendre acte sans barguigner et de lui présenter nos voeux", a-t-il déclaré.
Mais il a vite ajouté : "Le programme du nouveau monarque présidentiel est connu : c'est la guerre contre les acquis sociaux du pays et l'irresponsabilité écologique". "Nous n'y sommes pas condamnés. Les élections législatives doivent montrer qu'après un vote de refus, et de peur, le moment est venu d'un choix positif, le choix de l'avenir en commun", a ajouté le chef de file de la gauche radicale qui avait refusé de donner de consigne de vote pour le second tour.
Le maire socialiste de Lyon et soutien d'Emmanuel Macron, Gérard Collomb, a évoqué quant à lui "une nouvelle qui a stupéfié le monde".
La ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, a estimé que "le temps est venu de travailler ensemble". Il faudra "construire une majorité présidentielle et parlementaire", a déclaré la socialiste qui a participé au dernier meeting d'Emmanuel Macron.
La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a jugé quant à elle que le Parti socialiste, laminé au premier tour de l'élection, devait être "à la fois constructif et exigeant" vis-à-vis d'Emmanuel Macron. "Le FN a été battu, les idées d'extrême droite n'ont pas remporté le combat. Mais ensuite, il faut bien distinguer le deuxième temps qui vient, celui des législatives", a-t-elle déclaré.
Dans les rangs de la droite, déchirée depuis la défaite de son candidat François Fillon au premier tour sur la conduite à tenir en vue des législatives de juin, le président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, Christian Estrosi, (Les Républicains), s'est félicité dans un communiqué de la victoire "nette et indiscutable" d'Emmanuel Macron. L'ancien maire de Nice a félicité "le nouveau président dont je souhaite la réussite pour la France".
"Je peux travailler dans une majorité de gouvernement" autour du nouveau président de la République, a affirmé de son côté l'ancien ministre LR Bruno Le Maire. "Après, c'est mon parti qui fera le choix qu'il voudra bien faire, mais entre une logique partisane et une logique d'intérêt général, entre une logique sectaire et une logique au service de la nation, mon choix est fait depuis très longtemps. L'heure est trop grave pour le sectarisme et le côté partisan. L'heure est à la France et à l'intérêt général", a-t-il déclaré.
François Baroin, qui dirigera la campagne des législatives pour Les Républicains, l'a mis en garde: si Bruno Le Maire entre au gouvernement, il aura un candidat LR face à lui en juin.
"Emmanuel Macron est un président élu sans enthousiasme", a de son côté estimé Laurent Wauquiez, tenant lui aussi d'une ligne dure au sein de LR. "Pour la droite, l'heure n'est pas à la compromission", a-t-il dit.
"J'adresse mes chaleureuses félicitations à Emmanuel Macron pour son élection à la présidence de la République. La tâche qui lui incombe désormais est immense. Nous attendons du prochain gouvernement qu'il mène les réformes qui permettront à tous les Français de gagner, aux entrepreneurs de se développer depuis la France et aux investisseurs étrangers de venir investir en confiance", a déclaré le président du Medef (Mouvement des entreprises de France) Pierre Gattaz.
Dans les rangs des syndicats, le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, a déclaré dans un communiqué que "le nouveau président de la République va avoir une responsabilité immense, pour ne pas dire historique".
"Il s'agit, dans le respect des processus démocratiques, sans précipitation contre-productive, de ramener l'espoir dans la population et les travailleurs, d'apaiser les tensions en réglant les causes à l'origine de la double fracture, sociale et territoriale", a-t-il ajouté, alors que la loi travail sera sans doute le premier dossier explosif du nouveau président de la République.
La CFDT (Confédération française démocratique du travail), a salué, dans un communiqué "une victoire de la République sur la haine" tout en demandant à Emmanuel Macron "de ne pas rester sourd face à (la) désespérance" et d'"agir pour la mise en place d'une politique porteuse de progrès social".