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Qui est Emmanuel Macron, le plus jeune président de la Vème République?

Xinhua | 08.05.2017 08h30

Le nouveau président de la République française élu ce dimanche 7 mai avec 65,8% des voix au second tour de l'élection présidentielle, est le plus jeune de la Vème République, qui est-il et quel est son parcours?

Né le 21 décembre 1977 à Amiens (Somme), Emmanuel Macron est un brillant élève du lycée jésuite "La Providence" lorsqu'il rencontre celle qui deviendra sa femme en 2007, Brigitte, professeur qui anime un cours de théâtre où tous deux se rencontrent.

Les rumeurs sur leur couple naissant contraignent les parents du jeune homme à l'envoyer terminer sa scolarité au prestigieux lycée parisien Henri IV. Emmanuel Macron intègre ensuite Sciences Politiques où il se fait remarquer par ses professeurs. Aurélien Lechevallier, son ami et conseiller diplomatique, a récemment évoqué au quotidien français Le Parisien, un exposé oral sur l'historiographie du communisme limité à dix minutes par élève : "quand Emmanuel est passé, le professeur nous a lancé : on va faire une petite exception pour demander à votre camarade de continuer. Il a parlé, parlé et répondu lui-même à nos questions".

Emmanuel Macron entre ensuite à l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) d'où il sort diplômé en 2004 devenant alors inspecteur des Finances. En 2008, il débute une carrière de banquier d'affaires à la banque Rothschild & Cie. Entre 2006 et 2009 il est membre du Parti Socialiste (PS) et il est nommé secrétaire général adjoint de l'Elysée par le président français François Hollande en 2012 après avoir été son conseiller économique lors de sa campagne en 2011.

En 2014, il devient ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique suite au remaniement du gouvernement dirigé par Manuel Valls. Emmanuel Macron quitte le gouvernement le 30 août 2016, soit quatre mois après avoir créé son mouvement "En Marche!" le 21 avril 2016. La création de ce mouvement avait suscité des tensions entre le chef de l'Etat français et son ministre, ainsi qu'avec le Premier ministre français Manuel Valls et avec le ministre des Finances, Michel Sapin, avec qui Emmanuel Macron avait "de mauvais rapports", selon plusieurs médias français. D'après un sondage de l'institut Ifop, 84% des Français approuvent alors le choix fait par Emmanuel Macron de quitter ses fonctions ministérielles.

Alors que plusieurs membres du Parti Socialiste lui reprochent de ne pas être assez "à gauche", Emmanuel Macron intéresse plusieurs hauts responsables de droite. Il est même approché en 2010 par Nicolas Sarkozy, alors président de la République française, lorsque l'Elysée valide une proposition pour qu'il devienne le directeur de cabinet adjoint du Premier ministre de l'époque, François Fillon. Proposition que l'intéressé décline.

Avec son mouvement En Marche!, Emmanuel Macron souhaite mener une politique sociale-libérale dont voici les principales mesures.

Un plan d'investissement de 50 milliards d'euros sur cinq ans pour relancer l'économie française

L'économie est l'un des principaux axes de son programme présidentiel avec pour objectif de relancer la croissance avec un plan d'investissement de 50 milliards d'euros sur cinq ans : 15 milliards pour les compétences et la formation des Français, 15 milliards pour la transition écologique et énergétique, 5 milliards pour la Santé, 5 milliards pour l'Agriculture, 5 milliards pour la modernisation des administrations publiques et 5 milliards pour le transport et les équipements collectifs locaux.

Ce plan sera soutenu par une réforme fiscale consistant notamment à supprimer la taxe d'habitation pour 4 Français sur 5 d'ici à 2020, dont l'Etat français remboursera aux collectivités locales la perte "à l'euro près". Le programme prévoit une réduction globale "de 20 milliards d'euros par an sur cinq ans" des taxes, cotisations et impôts dont le taux d'impôt sur les sociétés passant de 33,3% à 25% sur cinq ans.

Emmanuel Macron souhaite également débloquer l'équivalent d'un 13ème mois pour les salariés au SMIC "en supprimant les cotisations salariales et maladies à la charge des salariés, et en augmentant de 50% la prime d'activité".

Emmanuel Macron a déclaré vouloir mener une politique fiscale favorisant la compétitivité des entreprises en abaissant et en transformant le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en un allègement pérenne de cotisations pour les entreprises : "un effort supplémentaire sera par ailleurs fait pour supprimer toute charge patronale au niveau du SMIC, ce qui permettra à une entreprise d'économiser, par rapport à aujourd'hui, plus de 700 euros par an pour un salarié au SMIC" précise son programme. La réduction des cotisations sociales permettra de réduire l'écart entre le salaire brut et net, augmentant le pouvoir d'achat des Français. Il prévoit la fin des 35 heures pour les jeunes et l'instauration d'une durée légale du travail moindre après 50 ou 55 ans.

L'Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) sera remplacé par un impôt sur la fortune immobilière et la fiscalité écologique sera renforcée avec l'alignement progressif de la fiscalité du diesel sur l'essence et la montée en charge de la taxe carbone.

Une réduction des dépenses publiques de 60 milliards d'euros

Le programme d'Emmanuel Macron comprend également un effort de réduction des dépenses publiques de 60 milliards d'euros par an d'ici la fin du quinquennat dont 25 milliards d'euros économisés sur la sphère sociale : 15 milliards d'euros sur l'assurance-maladie en ralentissant la hausse des dépenses et 10 milliards d'euros sur l'assurance chômage (avec une diminution significative du taux de chômage qui doit pouvoir revenir à 7% en fin de quinquennat). 25 milliards d'euros seront également économisés par la modernisation des institutions de l'Etat français avec notamment une réduction de 50 000 postes de fonctionnaires sur cinq ans.

Enfin, le gouvernement de EM prévoit d'accompagner les collectivités locales pour économiser 10 milliards d'euros sur cinq ans. Le programme de EM prévoit également de maintenir le déficit public français "sous la barre des 3% du PIB sur l'ensemble du quinquennat".

Sécurité et lutte contre le terrorisme

En matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, le programme présidentiel de EM prévoit une augmentation du budget de la Défense à 2% du PIB, l'embauche de 10 000 nouveaux policiers et gendarmes et la création d'une police quotidienne dotée de deux nouveaux pouvoirs : délivrer une amende immédiatement et interdire à un délinquant l'accès au lieu du délit. Le programme de EM prévoit également la création de 15 000 places en prison, la formation volontaire de 30 000 à 50 000 Français pour la réserve opérationnelle et établir un service militaire dans une version allégée (un mois, pour les garçons et les filles entre 18 et 21 ans).

En matière de lutte contre le terrorisme, EM a annoncé la création d'une cellule spéciale du renseignement anti-Daech, permanente, de 50 à 100 agents, associant les principaux services de renseignement, placée auprès du Président de la République ainsi que la création d'un état-major permanent qui permettra de planifier les opérations de sécurité intérieure. Pour gérer les retours en France de près de 700 Français partis en combattre avec les terroristes en zone irako-syrienne, EM prévoit la création de centres fermés de petite taille spécifiquement dédiés à recevoir des personnes radicalisées.

Concernant la stratégie extérieure de la France, le programme de EM prévoir des frappes directement dans les repaires des terroristes pour les empêcher d'établir des bases territoriales notamment dans les zones d'intérêt proches de la France (Afrique, Méditerranée, Proche-Orient) avec pour objectif d'empêcher les djihadistes d'étendre leur emprise dans des pays comme la Tunisie, la Jordanie, la Turquie ou certains pays africains.

Le renseignement sera amélioré, au niveau extérieur, européen et national et il sera la priorité de la prochaine loi de programmation militaire, qui sera préparée dès l'été 2017. Un effort particulier sera fait sur la refonte du renseignement territorial.

Renforcer la coopération européenne dans les secteurs financiers et de défense

Résolument pro-européen, l'Europe a occupé une place de choix dans sa campagne présidentielle c'est donc pourquoi EM a annoncé qu'il rencontrerait la chancelière allemande Angela Merkel juste après son élection, pour instaurer "une nouvelle impulsion franco-allemande". Sa vision du renouvellement de l'Union européenne se fonde notamment sur un renfort de la défense et une harmonisation sur le plan fiscal et financier. EM a indiqué vouloir créer "un Fonds européen de défense qui financera des équipements militaires communs" et la mobilisation de 5 000 hommes pour renforcer la sécurité aux frontières dans le cadre de l'agence Frontex. Il souhaite également créer un service de renseignement commun aux pays membres, voire à terme, une police commune "pour le crime organisé et le terrorisme".

Concernant le secteur économique, EM souhaite créer un poste de ministre de l'Economie et des Finances de la zone euro "qui aura la responsabilité du budget de la zone euro, sous le contrôle d'un Parlement de la zone euro, rassemblant les parlementaires européens des Etats membres".

Son projet présidentiel prévoit l'instauration d'une concurrence mondiale équitable, qui protège les entreprises européennes avec le renforcement d'instruments anti-dumping. EM souhaite défendre un "Buy European Act" permettant de réserver l'accès aux marchés publics européens aux entreprises qui localisent au moins la moitié de leur production en Europe. Il a déclaré vouloir exiger l'intégration dans tous les accords commerciaux de l'Union Européenne, d'un volet de coopération fiscale ainsi que des clauses sociales et environnementales contraignantes (en abaissant en priorité les tarifs douaniers sur les biens et services "propres" et en instituant des sanctions commerciales en cas de violation des clauses sociales et environnementales).

Enfin, EM souhaite renforcer "l'identité européenne" en généralisant progressivement le programme "Erasmus", avec l'objectif de 200 000 jeunes Français par an (soit 25%

d'une classe d'âge) effectuant au moins un semestre à l'étranger d'ici 2022.

Education, santé, laïcité, environnement, culture

Au sujet de l'Education, EM prévoit notamment la limitation à 12 élèves par classe pour les niveaux de CP et C1 en ZEP dès la rentrée 2017, la création de 4 000 à 5 000 postes d'enseignants et la modernisation de l'épreuve du baccalauréat.

Dans le domaine de la Santé, le programme de EM prévoit le maintien à 100% des remboursements pour les maladies chroniques, les lunettes, les prothèses auditives et dentaires à l'horizon 2022 ainsi que la multiplication des maisons de santé, pour lutter contre les déserts médicaux dans certaines régions de France. Il souhaite également la commercialisation des médicaments à l'unité et décloisonner les secteurs privés et publics pour les hôpitaux.

Concernant la laïcité, Emmanuel Macron souhaite maintenir l'interdiction des signes religieux ostensibles à l'école mais pas à l'Université "où les étudiants sont majeurs".

En matière d'environnement, EM prévoit une réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français à 50% d'ici à 2025 dans la continuité de la loi sur la transition énergétique adoptée en août 2015. Il souhaite l'instauration d'un marché unique de l'énergie européen, la fermeture des usines à charbon et ne pas autoriser l'exploitation du gaz de schiste. Il n'imposera pas la fin du diesel en 2025 mais créera une "prime à la conversion" de 1 000 euros pour inciter les automobilistes à acheter un véhicule moins polluant.

Dans le domaine de la culture, plusieurs mesures concernent l'accès à la culture pour les plus jeunes avec la création d'un pass culture de 500 euros financé par une taxe sur les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), offert à tous les jeunes pour leur dix-huitième année, ainsi que l'ouverture des bibliothèques françaises le soir et le week-end. EM veut également créer un fonds de d'investissement public de 200 millions d' euros pour développer les industries créatives et culturelles.

Comme il l'avait annoncé lors du débat de l'entre-deux tours, sa première loi sera celle portant sur la "moralisation de la vie publique" qui, entres autres choses, obligera tout candidat à une élection à avoir un casier judiciaire vierge et interdira les embauches de membres de la famille.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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