Dernière mise à jour à 08h28 le 27/11
Le Premier ministre chinois Li Keqiang se rend ce dimanche à Budapest pour la sixième réunion des chefs de gouvernement de la Chine et des pays d'Europe centrale et orientale (PECO), une partie de l'Europe autrefois à la traîne qui montre à présent un nouveau visage, celui de la région la plus dynamique d'Europe.
Selon les statistiques de l'Union européenne (UE), la Roumanie (8,6% au troisième trimestre de 2017), la Lettonie (6,2%), la Pologne et la République tchèque (5,0% chacune) sont les quatre économies les plus dynamiques de l'UE. Membres du cadre de coopération Chine-PECO, elles attirent la majeure partie des investissements chinois dans la région.
La Chine aide l'Europe à transformer en nouveaux moteurs de croissance ces pays qui accusaient autrefois un retard sur le plan économique.
De 2009 à 2014, les exportations des pays d'Europe centrale et orientale vers la Chine ont augmenté de 173%, tandis que le volume total des échanges commerciaux avec la Chine a augmenté de 86%, selon le quotidien Luxemburger Wort. Au cours des quatre premiers mois de 2017, les pays d'Europe centrale et orientale ont exporté des produits d'un montant de 5,48 milliards de dollars américains vers la Chine, soit une augmentation de 18,9% par rapport à l'année précédente.
Chaque année, plus de 800.000 touristes chinois passent leurs vacances dans les pays d'Europe centrale et orientale. En outre, plus de 8 milliards de dollars d'investissements ont été introduits dans la région grâce à l'initiative chinoise "La Ceinture et la Route", selon des chiffres du gouvernement chinois.
Cette coopération a apporté des bénéfices à ces pays, mais aussi à l'UE.
En effet, en remédiant aux inégalités de développement des Etats membres de l'UE, les investissements chinois favorisent l'intégration européenne. En outre, de nombreuses matières premières exportées par les PECO vers l'Europe de l'Ouest et du Nord sont transformées et exportées vers la Chine, ce qui contribue également au développement de l'Europe.
Avec la construction du chemin de fer Budapest-Belgrade, la route express terre-mer Chine-Europe et la multiplication des centres logistiques dans la région, la Chine contribue à renforcer le rôle des PECO en tant que plaque tournante sur le pont terrestre eurasiatique.
Profitant pleinement de leur situation géographique au carrefour de l'Asie et de l'Europe, les PECO peuvent jouer un rôle crucial dans le renforcement des infrastructures et de la connectivité ainsi que dans la coopération mondiale en matière de production, contribuant ainsi au partenariat stratégique global Chine-UE.
En bref, c'est un jeu gagnant-gagnant. La relation entre la Chine et l'UE est actuellement à son apogée, le commerce bilatéral atteignant des niveaux vertigineux (plus d'un million de dollars chaque minute, selon Zhang Ming, chef de la mission de la Chine auprès de l'UE). Plus de 600 vols relient les deux parties chaque semaine, avec plus de 6,6 millions de visites mutuelles enregistrées rien que l'année dernière.
Or, malgré des relations saines dans l'ensemble, l'UE s'est parfois malheureusement méfiée de la Chine et l'a accusée de divers torts.
Dépeignant les investissements chinois comme des actes d'espionnage visant à s'emparer de la haute technologie des entreprises européennes et à acheter l'influence politique des pays d'Europe centrale et orientale, certains politiciens européens craignent qu'une coopération solide entre la Chine et les PECO ne sème la discorde entre l'UE et ces pays européens.
Or, l'UE n'a rien à craindre, si ce n'est sa propre peur.
Ceux qui décrivent les investissements de la Chine comme des actes d'espionnage négligent les chiffres suivants.
Depuis 2010, la Chine possède le superordinateur le plus rapide au monde. En 2016, la Chine comptait dix universités dans le top 50 mondial dans les domaines de l'ingénierie, de la technologie et de l'informatique. La même année, la Chine a lancé le premier satellite quantique au monde. Et au cours des cinq dernières années, les brevets d'intelligence artificielle déposés par la Chine ont bondi de 186%. Sur ce plan, la Chine est désormais deuxième, derrière les Etats-Unis, et devance largement l'UE et le Japon, selon le Sydney Morning Herald.
Face à de tels chiffres, toute idée selon laquelle la Chine chercherait à voler la technologie des entreprises européennes est risible et témoigne soit de l'ignorance, soit de l'arrogance culturelle de ceux qui y croient.
Le même esprit anime la campagne de dénigrement de l'initiative "La Ceinture et la Route". Alors que des pays européens tels que la Grèce, la Pologne et la Serbie ont tiré de grands bénéfices de cette initiative, une mentalité de jeu à somme nulle profondément ancrée et un parti pris idéologique contre la Chine ont poussé certains politiciens et médias à fermer les yeux sur ces réalisations.
Lors de leur entretien du 14 novembre dernier dans la capitale philippine, Manille, le Premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré à Donald Tusk, président du Conseil européen, que les deux parties devraient régler leurs vieux problèmes avec plus de sagesse. L'inquiétude apparente de l'UE face au renforcement de la coopération entre la Chine et les PECO est l'un d'entre eux.
Alors que de plus en plus de pays européens s'intéressent aux investissements chinois et à l'initiative "La Ceinture et la Route", les mentalités et préjugés d'un autre temps mettent en péril la prospérité du continent tout entier. Une attitude plus confiante et ouverte de l'UE à l'égard de la Chine serait dans l'intérêt de tous. C'est probablement l'attitude sensée que Li Keqiang avait appelé l'UE à adopter.