Dernière mise à jour à 13h25 le 04/06
À environ 300 km de la capitale chinoise, perché dans les monts Taihang, se profile Fuping (province du Hebei), un district classé pauvre au niveau national. Pourtant, sous la Guerre de résistance du peuple chinois contre l'agression japonaise, c'est en ce lieu qu'était établie la base du Front uni anti-japonais de la région du Shanxi-Charhar-Hebei. « 90 % de montagnes, 5 % d'eau et 5 % de champs » : telle est la formule traditionnellement employée pour décrire fidèlement ce district enclavé dans les montagnes. Souffrant il y a quelques années d'un manque d'infrastructures et d'un faible niveau industriel en raison de cet environnement peu commode, Fuping, à l'instar de nombreuses autres régions pauvres en Chine, n'a pas connu le même essor que le pays.
Pour se faire une idée précise de l'état de pauvreté et des conditions de vie réelles dans cet endroit, en décembre 2012, le secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois Xi Jinping est venu inspecter les villages dans le district de Fuping. Cet événement a ravivé l'intérêt du peuple pour cette ancienne base révolutionnaire.
Le village de Loufang au milieu des montagnes verdoyantes
Depuis cinq ans, le district de Fuping met pleinement en œuvre la stratégie fondamentale visant à lutter contre la pauvreté de manière ciblée et concrète par le biais de méthodes innovantes, tout en modernisant les villages dans un même élan. Là-bas, le nombre de personnes identifiées comme pauvres a diminué, tombant à 26 600 aujourd'hui, contre 108 100 au début de 2014. L'incidence de la pauvreté est quant à elle passée de 54,4 % à 13,8 %. « Rien n'est impossible tant que vous gardez confiance en vous. » C'est le message d'espoir qu'avait lancé Xi Jinping lors de son inspection à Fuping. Un espoir qui devient progressivement réalité.
Une société de moyenne aisance à Luotuowan
Petit village isolé au cœur des montagnes, Luotuowan (bourg de Longquanguan) dans le district de Fuping est soudainement sorti de l'ombre suite à la visite du secrétaire général Xi, le 30 décembre 2012.
« Autrefois, les villageois passaient leur temps à attendre le soutien politique et l'aide matérielle du gouvernement. Mais Luotuowan a bien évolué depuis. L'un des plus grands changements réside dans l'état d'esprit des villageois. Prenant bonne note de la mission confiée par le secrétaire général Xi, les habitants de Luotuowan se sont mis à travailler dur pour s'enrichir. À la fin de l'année 2017, notre village était complètement sorti de la pauvreté ! », nous raconte Cao Jianping, chef adjoint de Longquanguan.
Pour aider les pauvres, il faut commencer par soutenir leurs ambitions. À Luotuowan, nous avons été profondément impressionnés par l'énergie débordante dont faisaient preuve les villageois. De temps à autre, le long de la route, nous pouvions voir des personnes de 70-80 ans s'activant à planter des fleurs ou des arbustes. « Une société de moyenne aisance est en train d'émerger. Merci au travail et aux mesures de lutte contre la pauvreté ! Comme ma femme est physiquement affaiblie, je ne pouvais pas me permettre d'aller chercher du travail dans les grandes villes au loin. Nous vivions du travail de la terre, ce qui nous rapportait peu : seulement 3 000 yuans par an. Aujourd'hui, la politique en matière de réduction de la pauvreté du pays ouvre de nouvelles opportunités, et je veux, moi aussi, saisir cette chance pour vivre plus décemment », indique Sun Zhenze. Cet homme âgé de 71 ans travaille désormais dans l'élevage. Il possède 200 poulets et 40 porcs. Grâce aux subventions qu'il a reçues du gouvernement, il a fait construire un bâtiment à étage, qui lui servira à développer des activités de tourisme rural. « On ne peut pas toujours compter sur les autres. À long terme, il faut savoir s'appuyer sur ses propres forces. N'ayant pas peur de l'âge : il faut rester actif tant que votre corps suit. C'est aussi une manière de faire de l'exercice, » préconise Sun Zhenze.
À la maison de retraite de Luotuowan, les personnes âgées coulent des jours heureux. Li Guilan, âgée de 90 ans et dont les enfants travaillent ailleurs, se dit très satisfaite des récents travaux de planification du village. Au sein de cette nouvelle maison de retraite, elle n'est pas isolée et ne doit pas se soucier de préparer les repas de la journée. Ses vêtements sont également lavés pour elle. Par ailleurs, les soins médicaux dont elle bénéficie sont intégralement remboursés. Le tout pour seulement 1 500 yuans par an !
Dans le cadre de la réduction ciblée de la pauvreté, il convient également de prévenir le retour à la pauvreté. Comme nous l'a expliqué Gu Ruili, secrétaire de la cellule du Parti du village, afin de consolider les résultats obtenus à cet égard, Luotuowan s'active actuellement à développer l'arboriculture fruitière, la culture des champignons et l'élevage, en mettant à profit les ressources naturelles avantageuses, notamment à Liaodaobei et Baicaotuo, deux sites touristiques. Ciblant à la fois lutte contre la pauvreté et réaménagement du milieu rural, les autorités locales recherchent des investissements pour développer vigoureusement le tourisme rural à Canglianggou et en tirer une source de revenus non négligeable. « Ce relief escarpé, qui jusque-là entravait notre développement, peut finalement s'avérer une manne financière. Nos eaux limpides et nos collines verdoyantes valent de l'or si nous exploitons leur potentiel de manière méthodique », a exprimé Gu Ruili, confiant dans le développement futur de son village de Luotuowan.
Zhu Guoli (à droite), Li Jianwei (au milieu) et Li Wujun (à gauche) ont confiance en l'avenir.
Des appartements flambant neufs à Loufang
Le village de Loufang (« bâtiment à étages ») a un nom évocateur. En cet endroit entouré de monts luxuriants, se dressent des rangées bien ordonnées d'immeubles, où les habitants mènent une vie paisible. Ce village de nature administrative regroupant neuf villages abrite 662 âmes, réparties en 228 foyers. Pendant longtemps, la population était disséminée çà et là dans les hauteurs, ce qui posait des difficultés pour le transport, la production et la vie au quotidien. La construction d'infrastructures et de services publics représentait alors un enjeu. Les villageois ne rêvaient que d'une chose : vivre dans une belle maison et couler des jours heureux.
Li Xihong, secrétaire de la cellule du Parti du village de Loufang, explique qu'en mai 2015, un projet a été lancé pour donner aux plus pauvres les moyens d'emménager dans un nouveau logement. Afin de respecter l'exigence d'offrir 25 m² de surface habitable par habitant, neuf bâtiments résidentiels sont sortis de terre. Pour les ménages qui vivaient dans une maison valant moins que le nouveau logement désigné, le gouvernement se charge de payer la différence en intégralité.
À l'heure actuelle, Loufang rassemble 141 ménages, soit 446 habitants. L'édification de ces bâtiments s'est accompagnée de la mise en place d'infrastructures et de services : chauffage, gaz, eau courante, traitement des eaux usées, éclairage public, ainsi qu'école, jardin d'enfants, centre de loisirs et d'activités, maison de retraite, centre de soins, etc. « Le travail, c'est la santé !
Le village cherche à résoudre le problème de l'emploi des villageois en développant activement l'arboriculture fruitière et l'élevage, pour ne citer que quelques méthodes », commente Li Xihong.
« Ce logement n'a rien à envier aux résidences des villes ! J'ai emménagé dans une nouvelle maison de 106 m². Je me suis installé dans cet appartement tout meublé sans débourser un centime, et j'ai même obtenu une subvention de 40 000 yuans après la substitution de mon ancienne maison », nous a confié Zhu Guoli, satisfait de son nouveau chez-soi. Avant d'ajouter : « Avant, je livrais des bonbonnes d'eau dans le chef-lieu du district. Je travaillais sans répit tout au long de l'année et ne voyais jamais ma famille. Désormais, notre village bénéficie de bonnes occasions de développement. J'ai saisi cette opportunité pour revenir ici et travailler dans l'agriculture. » Après son retour au village, Zhu Guoli et ses amis Li Jianwei et Li Wujun ont co-investi 300 000 yuans dans une ferme d'élevage porcin et envisagent aujourd'hui de faire une demande de prêt bonifié pour étendre leur production. Ces trois habitants sont confiants quant au développement futur de leur village.
Li Guilan, âgée de 90 ans, à la maison de retraite de Luotuowan
Regain industriel dans le village de Gujiatai
Quand vous pénétrez dans le village de Gujiatai, votre regard s'arrête immédiatement sur ces rangées de serres modernes sous lesquelles poussent des champignons. Cultiver des champignons est avantageux : un délai de rotation court, une pousse rapide et un rendement intéressant. C'est pourquoi le district de Fuping a choisi de développer la myciculture et formulé un plan industriel global allant dans ce sens. La zone de plantation centrale a été planifiée et aménagée dans les villages de Nanliyuanpu et Longwangmiao (bourg de Tianshengqiao), avec la ferme agricole Jiaxin en chef de file. Par émulation, deux sous-parcs similaires ont été créés à Luotuowan et Gujiatai (bourg de Longquanguan). Suivant un modèle « six en un » (mobilisant le gouvernement, les banques, les entreprises, les bases agricoles, les agriculteurs et les assurances), l'industrie des champignons s'est vigoureusement développée. Le village de Gujiatai a également vu naître la coopérative de culture de champignons Xiangtai, qui rassemble un total de 48 serres d'une superficie cumulée de 120 mu (1 mu = 1/15 d'hectare) et qui emploie neuf ménages défavorisés.
Ma Xiuying, 51 ans, est une femme influente dans le village qui a déjà entrepris la construction de deux serres. Elle nous a expliqué : « La construction de ces deux serres rapportent chaque année plus de 20 000 yuans. Et il n'y a pas lieu de se soucier des ventes. Les entreprises de transformation se chargent d'écouler les produits, dont le prix est naturellement fixé en fonction du marché. »
En plus de la culture des champignons, Gujiatai développe l'artisanat. Un contexte favorable qui a conduit la société Baigou Jiuge à ouvrir une fabrique de bagages, créatrice d'emplois pour les femmes locales. Li Yanhong a travaillé 12 ans à Beijing, loin de sa famille. Aujourd'hui, elle s'applique à confectionner des bagages en contrepartie d'un revenu mensuel d'environ 2 000 yuans, avec en prime l'opportunité de prendre soin de ses enfants et de ses parents. « Ma fille va à l'école primaire à Longquanguan et mange à la cantine là-bas gratuitement. Je dois juste me charger de préparer le petit-déjeuner et le dîner pour les enfants. Il ne faut négliger ni ses proches, ni son travail. L'idéal, c'est de réussir à gagner sa vie tout en restant auprès des siens. C'est nettement mieux que d'avoir à partir travailler dans les villes lointaines ! », raconte Li Yanhong.
Conversion des collines arides en collines luxuriantes à Dadao
Dans le village de Dadao, les collines nues ont été métamorphosées : ce sont désormais des cultures en terrasse à perte de vue. Les habitants y ont planté des arbres fruitiers, notamment des pommiers et des poiriers.
À Fuping, district aux infrastructures médiocres, il semblait urgent, bien que difficile, de réduire la pauvreté. Fuping jouit d'un territoire riche en ressources écologiques, avec une foule de points forts à développer et exploiter. En 2013, Fuping a été désigné « Zone modèle de lutte contre la pauvreté et pour le développement de la section entre les monts Yanshan et Taihang ». Avec le soutien politique du ministère chinois du Territoire et des Ressources, Fuping a fait de l'aménagement des collines stériles une stratégie pour accélérer la réduction de la pauvreté. Selon les plans, il est prévu de mettre en place, sur une période de 3 et 5 ans, un modèle de développement d'ensemble des zones montagneuses se traduisant par la direction coordonnée du gouvernement, la promotion des organisations à l'échelon du village, la contribution monétaire des ménages, ainsi que le développement et la gestion des entreprises. Les terres inutilisées seront retravaillées pour être exploitables. Après la mise en œuvre du projet, il est encore prévu d'ajouter 200 000 mu de terres cultivées, l'équivalent d'un nouveau Fuping en terres arables. En moyenne, chaque habitant bénéficiera de 3 mu de parcelle en plus dans cette zone. Grâce à cela, près d'un tiers de la population du district devrait pouvoir sortir de la pauvreté et accéder à une moyenne aisance.
Les habitants de Dadao ont pris des parts pour cultiver les terres agricoles et participer au développement. Ils bénéficient de trois rémunérations : des revenus locatifs, des dividendes et des salaires. Parmi les bénéficiaires, nous avons rencontré Gu Xiuqi. Il a transféré ses 4,8 mu de terrain à la société de développement des sciences et technologies agricoles de Qianyuan, en échange d'un loyer d'environ 4 000 yuans par an. En plus, il laboure la terre avec son tracteur pour le projet politique de reconversion des collines nues et perçoit 100 yuans par jour pour son travail. Sa femme étant hospitalisée, Gu Xiuyi était resté sans activité pendant un certain temps. Il nous a livré : « Cette année, ma femme est restée hospitalisée 18 jours, mais l'intégralité des frais s'élevant à 20 000 yuans nous a été entièrement remboursée. Maintenant, tant que j'ai la forme, je peux gagner mon pain, sans trop de pression. »
Les habitants de Fuping ont nettement vu leur quotidien s'améliorer. Cependant, malgré le soutien des politiques nationales et les progrès déjà accomplis, 12 villages restent encore très pauvres à Fuping. Le chemin est encore long…