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La Chine et la France ont beaucoup à faire ensemble — Interview de Laurent Fabius

La Chine au présent | 27.03.2019 14h50

La France a été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la Chine, à l'époque du général de Gaulle et de Mao Zedong. D'après M. Fabius, la France a beaucoup d'estime pour le développement de la Chine. Puissance nucléaire, puissance de paix, et puissance multilatérale, les deux pays ont naturellement beaucoup de sujets de coopération et ont déjà beaucoup travaillé ensemble sur les plans économique, nucléaire, etc. Le 55e anniversaire marque une belle occasion pour renforcer la stabilité des relations entre la Chine et la France. « Nous devons être capables de dire que dans les trois prochaines années, par exemple, nous allons mettre l'accent sur tel ou tel projet. Et donc, que nos hommes d'affaires puissent bien prévoir les choses, aient une certaine visibilité sur le futur. »

« La Ceinture et la Route »

Concernant l'initiative « la Ceinture et la Route », M. Fabius a confié la vision qu'il en avait. « C'est un projet très important qui vise à rapprocher la Chine, l'Afrique, l'Europe et qui permet beaucoup d'investissements. Simplement, le point sur lequel, pour ma part, j'ai beaucoup insisté, consiste à dire qu'il faut que ces nouvelles routes de la Soie soient des nouvelles routes écologiques de la soie. Car concrètement que représentent ces routes de la Soie ? Des investissements dans des ports, dans des chemins de fer, des routes, des projets culturels etc. Mais il faut passer, grâce à ces investissements, à ce que le président chinois Xi Jinping appelle la « civilisation écologique ». Donc, il faut rapprocher ces deux mots d'ordre : les Nouvelles routes de la Soie et la « civilisation écologique » en faisant des routes écologiques de la soie. Et je pense que dans les prochains contacts entre nos deux présidents, ce thème sera l'un des thèmes très porteurs pour le futur. »

Pour que le dialogue entre la Chine et la France soit encore plus productif, M. Fabius pense qu'il faut continuer le chemin que les deux pays ont pris ensemble, en commençant avant tout par la construction d'une même conception du multilatéralisme mondial. « Quand vous regardez la plupart des grands problèmes mondiaux, ils ne peuvent trouver de solution qu'à l'échelle internationale. Un seul pays ne peut pas imposer sa loi. Nous sommes d'accord là-dessus et c'est fondamental. Et puis nous avons nos échanges directs sur les plans économique, éducatif, culturel, touristique ainsi qu'une même conception du développement, cela fait beaucoup de points communs. »

Élargir concrètement la coopération sino-française

La présentation de la Chine comme une menace pour le monde a circulé il y a quelques années, mais aujourd'hui cette préoccupation s'entend de moins en moins. D'après M. Fabius, il y va de l'intérêt à la fois de la France et de la Chine. L'ex-ministre des Affaires étrangères a précisé que la Chine doit continuer à faire des gestes montrant qu'elle est une puissance pacifique qui veut l'équilibre du monde, tandis que la France doit travailler dans cette direction pour bien faire comprendre quelle est sa politique et en particulier sa politique vis-à-vis de la Chine. M. Fabius attache une grande importance aux contacts entre les peuples et aux relations entre les dirigeants. M. Fabius a ensuite ajouté que la qualité de ces relations politiques dépend aussi des bonnes relations personnelles.

Pour M. Fabius, la France et la Chine ont de bonnes institutions de coopération, notamment le partenariat stratégique global et les réunions régulières de divers comités. Mais il faudrait aller plus loin et réussir à faire en sorte que les deux pays donnent un tour encore plus concret à leurs relations. « Ce que je souhaite, c'est l'élargissement de notre champ de coopération à toute une série de domaines. Il faut prendre en considération les problèmes de coopération comme celui sur lequel j'ai beaucoup travaillé qui est la question de l'environnement et du climat. Ce n'est pas le problème d'un seul peuple, il faut que tous les pays travaillent main dans la main sur ce sujet. De ce point de vue, la France et la Chine travaillent très bien ensemble, donc je suis extrêmement optimiste pour nos relations. »

Par YAN WEIJUAN, membre de la rédaction et HAN BING, correspondant en France pour l'agence Xinhua.

(Rédacteurs :Xiao Xiao, Yishuang Liu)
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