Dernière mise à jour à 15h10 le 15/01
C'est un des sites les plus célèbres de Grande-Bretagne, un site archéologique majeur, et un lieu sacré pour les néo-païens, mais même un monument antique comme Stonehenge ne peut pas éviter le problème moderne des embouteillages. Les visiteurs de ces mythiques cercles de pierre situés dans le Wiltshire, dans le Sud de l'Angleterre, ont ainsi souvent à affronter de longues files d'attente de voitures. Pour y remédier, le gouvernement britannique a donné le feu vert à un projet de 2,4 milliards de Dollars US visant à construire un tunnel de 3,5 km de long environ sous le site et d'élargir l'autoroute à proximité.
Mais malgré le soutien d'English Heritage, une institution qui défend le patrimoine anglais, le projet a déclenché la fureur des archéologues et des universitaires qui estiment que le tunnel et les travaux routiers pourraient détruire ce patrimoine unique au monde. Ainsi, la pollution lumineuse émanant d'une des extrémités du tunnel obscurcirait la vue du coucher du soleil lors du solstice d'hiver -une des dates les plus importantes à Stonehenge- quand des milliers de gens se réunissent pour célébrer le jour le plus court de l'année, et les experts craignent aussi que des trésors archéologiques majeurs cachés sous le paysage environnant puissent être perdus à jamais.
« Des découvertes récentes montrent que cet endroit est le berceau de la Grande-Bretagne, et ses origines remontent au repeuplement de cette île après l'ère glaciaire », a déclaré à CNN l'historien et auteur Tom Holland, qui s'oppose au plan. « Cela ébranle la croyance que nous pouvons injecter des quantités énormes de béton pour construire un tunnel qui durera au mieux 100 ans et détruire un paysage qui existe depuis des millénaires », a-t-il dit. En 2015, les chercheurs ont trouvé les restes d'un nouveau monument préhistorique en pierre, baptisé « Super-henge », à moins de 3 kilomètres de Stonehenge.
Andy Rhind-Tutt, président du musée d'Amesbury et président de la chambre de commerce locale, a déclaré que le tunnel « destructeur » reviendrait à déposer une bombe à retardement causant des destructions irréversibles sur l'un des plus grands paysages intacts du monde, sans parler de l'efficacité de l'ouvrage, qu'il juge contestable. Le gouvernement, cependant, est déterminé à aller de l'avant. « Cet investissement majeur dans le Sud-ouest va transformer l'A303 et bénéficier aux habitants locaux en réduisant les encombrements et en réduisant les temps de voyage », a déclaré le secrétaire d'Etat aux Transports Chris Grayling dans un communiqué. « Il stimulera également l'économie, en reliant les gens avec des emplois et les entreprises avec des clients », a-t-il ajouté. De son côté, l'UNESCO, qui a reconnu Stonehenge comme site du patrimoine mondial en 1986, a dit soutenir l'idée d'un tunnel sur le principe, mais n'a pas vu les plans définitifs. Selon un porte-parole de Highways England, les travaux de construction devraient commencer en 2020 et durer quatre ans.