La décision du gouvernement chinois d'assouplir les restrictions à l'importation de maïs génétiquement modifié pourrait faire baisser le prix de cette céréale sur le marché intérieur, qui est déjà compétitive sur les marchés internationaux, ce qui soulève des inquiétudes chez les agriculteurs locaux, aux prises avec la hausse des coûts de plantation et de faibles profits.
Le Ministère argentin de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation a annoncé mardi que la Chine avait approuvé les importations de l'une des variétés génétiquement modifiées de maïs qu’elle produit, l’Agrisure Viptera de Syngenta AG, également connu sous le nom de MIR 162.
Quatrième plus grand exportateur mondial de maïs, l'Argentine négociait pour obtenir l'accès au marché chinois de cette souche de maïs depuis plusieurs années.
Hu Zengmin, analyste au Centre d'information national des céréales et des huiles de Chine à Harbin, a précisé que le maïs importé est principalement utilisé pour l'alimentation animale. Les régions consommatrices de maïs du pays sont situées le long des côtes, dans des provinces comme le Shandong, le Jiangsu et le Fujian.
Ce changement de politique « va certainement encourager l’expédition de davantage de maïs américain et argentin génétiquement modifié aux États-Unis et l'Argentine en Chine, tôt ou tard », a dit M. Hu. Les prix du maïs américain dédouané vont de 1 800 Yuans (288 Dollars US) à 1 900 Yuans la tonne en Chine, soit environ 400 Yuans de moins que le prix local.
De nombreux producteurs d'aliments chinois, même ceux des régions de culture du maïs, favorisent le maïs américain ou argentin en raison de la baisse des prix. Mais beaucoup de ces entreprises ont commencé à stocker des céréales produites localement après que la Chine ait renforcé les contrôles sur le maïs importé.
En décembre dernier, les autorités chinoises ont rejeté des livraisons de maïs américain qui contenait une souche génétiquement modifiée non autorisée. L'annonce de l'Argentine arrive après que Syngenta AG, une entreprise agroalimentaire de niveau mondial basé en Suisse qui commercialise des semences et des produits agrochimiques, ait déclaré avoir reçu des autorités réglementaires chinoises l'approbation d'importation pour le MIR 162.
Le MIR 162 a reçu l’autorisation de culture aux États-Unis depuis 2010 et a également été approuvé en Argentine, au Brésil, au Canada, en Colombie, au Paraguay et en Uruguay.
L'approbation couvre les grains de maïs et les sous-produits transformés du maïs, comme les drêches de distillerie séchées destinées à la consommation humaine et animale.
« La relation offre-demande pour le maïs, le tourteau de colza et le soja sera modifiée par ce changement », a déclaré M. Hu. « Les entreprises d'alimentation ne choisiront que du maïs avec le prix le plus bas et les prix de vente du maïs en Chine devraient très probablement baisser en 2015 ».
La semaine dernière, la Chine a également approuvé les importations de sojas biotechnologiques développés par DuPont Pioneer, le plus grand producteur américain de semences hybrides pour l'agriculture, ainsi qu’un autre type de soja génétiquement modifié produit par la société allemande Bayer CropScience AG. Cette autorisation permet à Bayer d’élaborer des plans de lancement commerciaux complets aux États-Unis.
La Chine a importé 1,99 million de tonnes de maïs entre janvier et novembre. Le Centre national d’information sur les céréales et huiles de Chine estime que les importations de maïs s’élèveront à 2,4 millions de tonnes cette année.
Pendant des décennies, le secteur agricole chinois a utilisé des technologies non génétiquement modifiées pour assurer la production et la sécurité des céréales. Le gouvernement a encouragé cette situation, car il craignait que les cultures génétiquement modifiées puissent affecter la biodiversité et avoir des conséquences sociales et économiques négatives.
Tian Zhihong, professeur de commerce international en produits agricoles à l'Université agricole de Chine à Beijing, a déclaré que pour des raisons de sécurité, l'importation de maïs et de soja génétiquement modifiés ne se retrouveront pas directement sur la table des consommateurs. Ils ne seront utilisés que pour des tests scientifiques, l'alimentation animale, la fabrication d'huile et l'industrie biochimique, conformément aux règlements édictés par le gouvernement.
« Comme il s’agit d'une nouvelle technologie pour les consommateurs chinois, il est compréhensible que le public ait des points de vue différents et des doutes », a déclaré M. Tian. « Le gouvernement devrait s’assurer que l'utilisation de la biotechnologie soit sûre et ne doit pas permettre aux entreprises étrangères de contrôler le marché des produits génétiquement modifiés ».