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Au nom du saint esprit d'entreprise (2)

La Chine au présent | 14.08.2015 15h38
Le 25 mai à la CES Asia de Shanghai, un visiteur essaie un ordinateur portable fonctionnant sous RemixOS.

Un florilège de conseils

Chacun d'entre eux présente son parcours et son concept de départ, ses échecs et ses réussites, ses moments de doute et ses ambitions, émaillant leur discours de précieux conseils pour le petit nombre venu les écouter, composé notamment de jeunes pousses en quête de partenaires.

Tout d'abord, il faut avoir une bonne idée de ce que l'on veut faire, nous rappelle Qi Te : « La question n'est pas “être ou ne pas être ?” lorsque l'on s'apprête à fonder une entreprise sociale, mais plutôt “comment être et ne pas être ?”. Il faut être clair avec son objectif pour compter parmi les sociétés qui survivent. » Avant de rappeler : « Le problème de beaucoup d'entrepreneurs est qu'ils souhaitent avoir tout le plus rapidement possible. Or, la clé réside dans la persévérance. Il faut vraiment être passionné par son projet pour être prêt à y consacrer son temps, ses efforts et ses ressources. »

Une fois son projet clairement défini, il est nécessaire de prouver aux investisseurs et futurs clients sa crédibilité. Pour Yang Shuo, le processus s'est fait naturellement : « Nous avons été inspirés par des initiatives de e-learning comme la Khan Academy en 2004, ou encore un MOOC en 2007. Nous avons songé qu'il y avait un potentiel en Chine à ce niveau-là. Mon camarade Tong Zhe, qui étudiait à l'ENS à Paris, a mis en ligne sur son compte Renren (l'équivalent chinois de Facebook) un premier cours en 2012 sur l'entropie et la transition de phases. Rapidement, il a obtenu 130 000 followers ! Ce premier succès nous a poussés à continuer. » Cao Zhiyong, quant à lui, rappelle qu'il existe des moyens autres que la publicité, assez onéreuse, pour se faire connaître : « Il est nécessaire de présenter les produits français aux Chinois avant de pouvoir les vendre. Pour ce faire, nous organisons des activités en Chine, lors desquelles nous pouvons par exemple démontrer les nombreuses qualités du savon de Marseille. »

À la fin de la présentation, Cao Zhiyong lance un appel : « Si vous êtes un producteur français installé dans le Sud de la France, nous pouvons peut-être coopérer. C'est aussi la finalité de ce genre d'activités : rencontrer d'autres entrepreneurs et se constituer un réseau. Toutefois, Qi Te intervient : « S'engager avec des partenaires, c'est un peu comme se marier, compare-t-il. Il faut trouver une personne fiable car vous allez passer beaucoup de temps avec elle. » Selon lui, c'est l'une des grandes difficultés dans son travail avec les étrangers. Rares sont ceux qui restent plus de deux ans. Parfois, ils changent leur fusil d'épaule et choisissent de travailler avec des sociétés bien établies plutôt que des start-up, car cela leur demande moins de sacrifices.

Tous ont commencé à monter leurs affaires avec de proches amis d'universités. Mais il est nécessaire, pour grandir, de collaborer avec d'autres personnes encore. Qi Te poursuit : « Si je n'ai qu'un conseil à vous donner, c'est de communiquer avec vos partenaires. N'essayez pas de deviner leurs pensées ; évitez tout malentendu. C'est dans les conflits que les origines d'autrui se révèlent plus distinctement : tentez alors de discuter, de partager, de faire des compromis. » Pour Yang Shuo, travailler avec des étrangers n'est pas un souci : « Je ne ressens pas la prétendue barrière linguistique et culturelle. Toutefois, il est parfois difficile de faire comprendre nos besoins aux étrangers. Nous les poussons souvent à travailler plus vite. L'éducation est un processus lent, tandis que sur Internet, tout doit aller très vite. Le marché chinois est en constante évolution. Il faut en suivre le rythme, une vérité dont les personnes extérieures n'ont pas toujours conscience. »

À travers leurs portraits (effectués en anglais), on découvre une jeunesse chinoise ouverte sur le monde et hautement motivée à faire bouger les lignes dans son pays. Chacun a rapporté de son séjour à l'étranger un « bagage » chargé de connaissances et de conceptions nouvelles. De retour chez eux, ils se sont mis en tête de monter leur affaire. C'est donc là, en Chine, qu'a débuté la véritable aventure.

Vague de l'entrepreneuriat

Donnant aux étrangers présents des astuces pour trouver des partenaires chinois, Yang Shuo évoque Zhongguancun, surnommée la « Silicon Valley chinoise ». « Il existe l'Avenue de l'Entrepreneuriat, une rue jonchée de cafés où les jeunes se rencontrent pour parler business. Je vous recommande d'aller y faire un tour. » Le premier ministre chinois Li Keqiang a pris une longueur d'avance, puisqu'il l'a visitée le 7 mai dernier. Ainsi le gouvernement a-t-il envoyé un signal clair de son soutien à l'innovation et à la création d'entreprises. Ces dernières doivent, dans le contexte du ralentissement de l'économie chinoise, devenir les relais de la croissance et les « socles du développement durable », comme l'a décrété le président Xi Jinping.

Outre ces appels lancés, un train de mesures visant à favoriser l'innovation du public et l'entrepreneuriat de masse est entré en application ces derniers mois. Ces mesures visent à faciliter les démarches d'enregistrement des nouvelles entreprises, réduire les taxes, développer les canaux de financement en partenariat avec les banques et les institutions financières, consolider les services publics et renforcer la propriété intellectuelle... En bref, offrir un meilleur environnement aux jeunes pousses.

Et les résultats sont au rendez-vous ! Selon des données publiées par l'Administration d'État pour l'Industrie et le Commerce, environ 844 000 nouvelles entreprises ont été inscrites au registre au cours du premier trimestre de cette année, soit une hausse de 38,4 % en glissement annuel. La grande majorité œuvrant dans le tertiaire. Comme l'a annoncé le périodique Xinmin Weekly, l'« année des start-up » vient d'être lancée.


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(Rédacteurs :Yin GAO, Wei SHAN)
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