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Explosion du nombre de pilotes étrangers employés par la Chine

le Quotidien du Peuple en ligne | 17.07.2017 15h14
Explosion du nombre de pilotes étrangers employés par la Chine
Des pilotes étrangers devant un avion de la China Eastern à l'aéroport international de Wuhan Tianhe, à Wuhan, capitale de la Province du Hubei (centre de la Chine), le 27 avril 2017. (Photo : IC).

Ces dernières années, le nombre de pilotes étrangers engagés par les compagnies aériennes chinoises a décollé, car les acteurs mineurs du marché ont du mal à embaucher suffisamment de diplômés nationaux pour répondre à la demande croissante.

Ainsi, à la fin de 2016, selon l'Administration de l'aviation civile de Chine (CAAC), les transporteurs aériens chinois employaient 1 005 pilotes étrangers, dont 160 travaillaient pour les trois plus grands transporteurs de passagers : Air China, China Southern Airlines et China Eastern Airlines. Le nombre de pilotes étrangers travaillant en Chine a doublé depuis 2010.

Selon les experts et les initiés, les gros salaires proposés ont été la clé de cette expansion, certaines compagnies chinoises offrant plusieurs fois le taux du marché international.

Un monopole de gens diplômés

L'offre en pilotes qualifiés expérimentés n'a pas suivi le rythme de la croissance du marché de l'aviation, d'autant plus que le nombre de compagnies aériennes privées et de dessertes aériennes est en plein essor, a déclaré au Global Times Liu Guangcai, professeur à l'Université de l'aviation civile de Chine.

D'après la CAAC, il y avait 59 compagnies aériennes chinoises à la fin de 2016, soit 4 de plus qu'à la fin de 2015. La plupart appartiennent à l'État.

Celles appartenant à l'État et bien établies n'ont guère de mal à recruter des pilotes diplômés, les embauchant directement à la sortie de l'université et les plaçant en formation pendant des années.

Cela a conduit les entreprises plus récentes et privées à chercher avant tout des pilotes chinois ou étrangers expérimentés et à insister davantage sur la formation de nouveaux pilotes, a expliqué M. Liu, qui a par ailleurs précisé que les pilotes attirés en Chine par de confortables salaires et de généreux avantages viennent principalement des États-Unis, du Brésil et de Corée du Sud.

Selon l'agence de recrutement Wasinc International, certains commandants de bord vétérans se voient même offrir jusqu'à trois fois leur salaire précédent pour venir travailler en Chine.

Par exemple, les commandants de bord de niveau intermédiaire travaillant pour les compagnies australiennes reçoivent habituellement environ 200 000 Dollars par an avant impôts. Mais, selon l'agence, les transporteurs chinois offrent à ces aviateurs des salaires annuels allant de 300 000 à 400 000 Dollars, et sans taxes.

Selon le capitaine Feng, qui travaille depuis plus de trente ans pour des compagnies aériennes chinoises, de nombreux pilotes passent des sociétés établies à de nouvelles entreprises plus tard dans leur carrière : « Les nouvelles compagnies aériennes embauchent des pilotes expérimentés quel qu'en soit le prix, même si elles doivent payer beaucoup d'indemnités aux anciens employeurs des pilotes. Beaucoup d'entre eux sont déjà passés à des contrats à long terme ou à vie », a-t-il dit au Global Times.

Il a encore précisé au journal que le fait de d'accorder des salaires plus élevés et de payer des indemnités pour des pilotes expérimentés peut encore avoir un sens sur le plan économique, car les pilotes chinois ont besoin de plus de cinq ans d'une coûteuse formation avant d'être autorisés à voler indépendamment.

Le capitaine Feng a par ailleurs expliqué que beaucoup de ces pilotes qui changent d'employeur préfèrent également les compagnies aériennes qui ont des heures de travail plus courtes ou qui sont basées dans des villes qui offrent une meilleure qualité de vie.

Un expert de l'aviation, qui s'est confié au Global Times sous condition de l'anonymat, a pour sa part déclaré que de nombreux pilotes étrangers croient qu'avoir une société chinoise sur leur curriculum-vitae peut les aider dans leur carrière.

« Ceux qui ont travaillé en Chine ont de meilleures chances d'être embauchés par des compagnies aériennes de classe mondiale parce que la Chine a des aéroports qui se trouvent dans des endroits difficiles et des routes aériennes complexes. Les pilotes sont formés à être plus habiles », a-t-il souligné.

Mais, bien évidemment, les compagnies aériennes chinoises n'acceptent pas pour autant tous les pilotes étrangers qui se portent candidats ; selon M. Liu, elles ont des critères d'évaluation stricts et les pilotes doivent passer les tests exigés par la CAAC.

Un taux de croissance élevé

La Chine n'a que récemment commencé à développer son industrie de l'aviation domestique. Ainsi, a précisé M. Liu au Global Times, elle n'est apparue que dans les années 1950 et, pendant des années, le nombre de pilotes civils professionnels était minime.

Mais aujourd'hui, le marché de l'aviation chinois est devenu le deuxième plus grand au monde. Selon la CAAC, plus d'1 milliard de voyages ont commencé dans les aéroports chinois en 2016, soit une augmentation de 11,1% par rapport à l'année dernière.

D'après le Beijing Youth Daily, le taux de croissance des voyages aériens est resté à plus de 10% au cours des cinq dernières années, alors que le taux moyen aux États-Unis n'a été que d'environ 4%.

Le nombre total et le taux de croissance des nouveaux pilotes chinois peuvent maintenant répondre plus ou moins à la demande et à l'expansion du secteur, mais le nombre de commandants de bord expérimentés reste néanmoins toujours insuffisant, a de son côté précisé l'expert anonyme.

Selon la CAAC, plus de 50 000 pilotes ont reçu une licence professionnelle en 2016, soit une augmentation de près de 5 000 par rapport à l'année précédente. Au total, 3 500 jeunes pilotes sont nés après 1989.

« Les jeunes pilotes pourront voler de manière indépendante dans les 10 ans. Le phénomène de l'industrie de l'aviation chinoise employant des pilotes étrangers bien payés prendra fin dans les 10 ans », estime M. Liu.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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