Dernière mise à jour à 09h58 le 04/01
La croissance du marché chinois des services à la demande a créé des millions d’emplois dans le secteur des livraisons pour les travailleurs migrants des zones rurales, dont le travail rapide est devenu indispensable dans la vie urbaine. Selon deux rapports publiés récemment par les deux principaux ministères du pays, malgré de longues heures de travail et des délais serrés, les emplois du secteur de la livraison ont permis à beaucoup de personnes de s’installer en ville et de gagner un salaire suffisant pour subvenir aux besoins de leur famille.
Dans son rapport Perspectives 2018 sur les chauffeurs-livreurs publié le 28 décembre dernier, Fengniao Delivery, qui appartient au géant de l'Internet, le groupe Alibaba, et est responsable de ses services de livraison en ligne ou hors ligne, ou O2O -y compris son secteur de la restauration Ele.me, 84% des 3 millions de livreurs enregistrés viennent des zones rurales.
Meituan, qui représentait 41% du marché de la distribution alimentaire en Chine au premier trimestre de 2018, contre 55% pour Ele.me, a publié un rapport similaire en mai de l'année dernière. Le rapport, qui s'est appuyé sur une enquête menée auprès de plus de 38 000 livreurs enregistrés de Meituan, a montré que plus des trois quarts des 2,3 millions de livreurs inscrits de l'entreprise sont d'origine rurale.
Bien que la province de l'Anhui soit en tête de la liste des entreprises de messagerie enregistrées auprès des deux sociétés, les provinces du Henan et du Sichuan constituent également une source majeure de main-d'œuvre dans le secteur de la livraison de Méituan.
Le rapport de Fengniao a quant à lui révélé que le livreur moyen est âgé de 29 ans. Selon le rapport de Meituan, plus de 80% de ses livreurs sont nés dans les années 1980 et 1990. D'après les journalistes, chaque conducteur ou passager passe en moyenne 48 commandes par jour, soit une distance totale de 150 kilomètres.
Malgré de longues heures de travail et des heures de pointe serrées, les livreurs sont attirés par des horaires de travail flexibles, des exigences d'entrée faibles et une rémunération relativement élevée. Selon les deux rapports, la plupart des chauffeurs livreurs gagnent en effet de 4 000 à 8 000 yuans (584 à 1 168 dollars) par mois, soit 3 813 yuans de plus que le salaire mensuel moyen des employés du secteur privé national en 2017.
Dans le même temps, ont encore précisé les journalistes, si les hommes dominent toujours les services de livraison, un nombre croissant de femmes -environ 10%- travaillent à temps partiel.
De même, ce travail attire également des personnes bien instruites, les deux entreprises affirmant que 16 à 20% de leurs chauffeurs livreurs enregistrés ont un baccalauréat ou un diplôme de niveau bac+2.
Il est aussi à noter que, contrairement à la génération précédente de travailleurs migrants, ces livreurs ont tendance à s'installer dans une ville pendant de nombreuses années, en partie parce que leurs services sont intégrés à la vie urbaine. Plus de la moitié des conducteurs de Meituan ont ainsi déclaré vivre dans la ville où ils travaillent depuis plus de neuf ans.
Selon la société de recherche chinoise iiMedia Research, le secteur de la livraison instantanée a dépassé les 15,3 milliards de commandes au cours des trois premiers trimestres de 2018, soit plus du double du total de 6,3 milliards enregistré en 2017. Les analystes d'iiMedia Research estiment quant à eux que la demande de services de livraison instantanée continuera à croître.
Chen Longjun, âgé de 31 ans, originaire de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, effectue des livraisons à Shanghai depuis plus de trois ans. Avec un nombre moyen de 100 livraisons par jour, il a été surnommé le « roi de la livraison de commandes ». Il gagne 30 000 yuans par mois. Il dit qu'il travaille 15 heures par jour mais qu'il aime toujours son travail, car cela lui a permis de s'offrir un appartement de 80 mètres carrés à Jiashan, dans la province voisine du Zhejiang.
« Les bonnes infrastructures et les bonnes conditions de circulation sont les raisons qui me font travailler comme livreur à Shanghai », a-t-il déclaré, ajoutant que « Nous avons beaucoup de problèmes lorsque nous avons moins de commandes, en particulier dans des conditions météorologiques difficiles ou en cas d'urgence, mais le travail me permet de me faire des amis et, plus important encore, d'améliorer ma situation économique ».