Dernière mise à jour à 14h04 le 19/11
L'épidémie de COVID-19 a non seulement apporté d'énormes changements au monde, mais elle a aussi eu des impacts profonds sur les coopérations économiques et commerciales, à la fois entre la Chine et l'Europe, et entre la Chine et la France. Lors de l'épidémie, ces deux dernières se sont entraidées et se sont envoyé du matériel médical, surmontant ensemble les difficultés. Cette solidarité a consolidé la base des relations bilatérales. Dans l'ère post-épidémique, la coopération économique et commerciale sino-française, qui s'appuie sur la coopération bilatérale des 56 dernières années, reste prometteuse.
Le 8 novembre 2019, lors de la 2e CIIE à Shanghai, le Pavillon de la France et les stands de produits français, notamment le stand des vins, sont très populaires auprès des visiteurs.
La coopération économique et commerciale sino-française lors de l'épidémie
Bien que l'épidémie ait temporairement entravé les échanges économiques et commerciaux, ainsi que les échanges de personnel entre la Chine et la France, elle ne peut pas éteindre la volonté de coopération des deux parties. Depuis le début de cette année, le président chinois Xi Jinping a eu quatre conversations téléphoniques avec le président français Emmanuel Macron. Les deux chefs d'État sont parvenus à une série de consensus importants en matière de lutte commune contre le COVID-19 et d'approfondissement de la coopération bilatérale et multilatérale, donnant une direction claire à ces dernières. En juillet, le vice-premier ministre chinois Hu Chunhua et le ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire ont coprésidé par liaison vidéo le septième Dialogue économique et financier de haut niveau sino-français, au cours duquel les deux parties ont profondément échangé des opinions sur la coopération sino-française pour lutter contre le COVID-19, la coordination des politiques macroéconomiques internationales et la coopération bilatérale dans des domaines majeurs et avec de grands projets. En septembre, le nombre de vols passagers hebdomadaires entre les deux pays est monté à 6, ce qui a entraîné la reprise rapide des déplacements des travailleurs chinois et français. À ce jour, près d'un millier d'employés français ont pu venir en Chine grâce à un dispositif particulier, ce qui soutient énergiquement la reprise de la production et du travail des entreprises et des projets français en Chine.
Récemment, le commerce bilatéral a manifesté une dynamique de reprise. La France est le quatrième partenaire commercial de la Chine dans l'UE, alors que la Chine est le premier partenaire commercial de la France en Asie et le sixième au niveau mondial. Selon les statistiques douanières chinoises, le volume du commerce entre les deux pays en 2019 était de 65,53 milliards de dollars américains, soit une augmentation de 4,2 % par rapport à l'année précédente. Les exportations de la Chine se sont élevées à 32,95 milliards de dollars américains et ses importations à 32,58 milliards de dollars américains, soit des augmentations annuelles respectives de 7,4 % et de 1,2 %. Ces augmentations ont été supérieures à l'augmentation du commerce Chine-Europe pendant la même période. En 2020, le commerce Chine-France fait face à de grandes difficultés à cause de l'épidémie : de janvier à août, le volume du commerce bilatéral s'est chiffré à 40,52 milliards de dollars américains, soit une baisse de 5 % en glissement annuel. Les exportations chinoises se sont élevées à 23,27 milliards de dollars américains, soit une augmentation de 7,4 % sur un an, et les importations chinoises à 17,24 milliards de dollars américains, soit une réduction de 17,8 %. Par contre, la baisse du volume du commerce bilatéral s'est atténuée de mois en mois. En particulier, le volume des importations chinoises en provenance de la France a augmenté pendant 7 mois consécutifs et l'augmentation du mois d'août a atteint 15,4 % par rapport au mois dernier. En parallèle, les exportations françaises des produits cosmétiques, des céréales et de la viande vers la Chine ont considérablement augmenté.
Le stand de Framatome lors de la 13e Exposition internationale de l'industrie nucléaire de Chine, le 1er avril 2019, à Beijing.
En outre, la coopération bilatérale en matière d'investissement entre les deux pays progresse régulièrement. Au sein de l'UE, la France se classe quatrième en matière d'investissements effectifs en Chine, elle est la deuxième exportatrice de technologies vers la Chine et le cinquième pays de destination des investissements chinois. La plupart des investissements français en Chine sont liés aux entreprises de production. Fin 2019, plus de 2 500 entreprises françaises ont investi en Chine, injectant plus de 18 milliards de dollars américains d'investissements directs, principalement dans les domaines de l'énergie, de l'automobile, de l'aviation, de la communication, de la chimie, de l'eau et de la médecine. Pendant la même période, les investissements des entreprises chinoises en France se sont élevés à environ 6 milliards de dollars américains. Ils se répartissent dans les domaines de la fabrication, des produits agroalimentaires, des machines et équipements, de l'information et des opérations de télécommunication. Actuellement, toutes les entreprises françaises en Chine ont repris le travail et la production. La coopération sino-française de grands projets dans les domaines de l'énergie nucléaire, de l'aviation et de l'aérospatiale se déroule sans heurts. Dans le domaine de l'énergie nucléaire civile, la coopération entre la Chine et la France consiste non seulement à construire des centrales nucléaires, mais aussi à traiter du combustible usé.
Le stand de Framatome lors de la 13e Exposition internationale de l'industrie nucléaire de Chine, le 1er avril 2019, à Beijing.
Renforcer la coopération bilatérale
Face au choc du COVID-19 et à un environnement international complexe, les relations sino-françaises ont rencontré des difficultés, mais la coopération gagnant-gagnant reste le courant dominant. La Chine est le premier pays dans le monde à avoir contrôlé l'épidémie et son économie s'est rapidement redressée. Elle cherche à construire une nouvelle architecture de développement, centrée sur son marché intérieur, mais prenant également en considération la coordination du marché chinois et du marché international. Disposant d'un énorme marché, la Chine continue d'étendre sa demande intérieure et son ouverture, ce qui soutiendra fortement les économies des pays du monde, dont la France, pour sortir de la situation épidémique. En outre, cela aidera la Chine et la France à développer de nouvelles opportunités de développement à travers la coopération économique et commerciale. À l'étape suivante, les deux parties peuvent renforcer leur coopération dans les domaines suivants :
Renforcer la coopération dans la lutte contre l'épidémie de COVID-19. La Chine, la France et l'Europe soutiennent toutes trois la coopération internationale dans la lutte contre l'épidémie, sous la direction de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La Chine et la France peuvent ainsi renforcer leur coopération en matière de recherche, de développement et de production de vaccins, soutenir GAVI, l'Alliance du vaccin pour promouvoir la troisième phase des essais de vaccins. Elles peuvent aussi développer une coopération tripartite avec les pays africains, afin d'améliorer l'accessibilité et l'abordabilité des vaccins, et de fournir ces produits publics mondiaux aux pays en développement, notamment les pays africains. De plus, elles peuvent renforcer leur coopération dans la prévention et le contrôle des maladies infectieuses émergentes, la biomédecine, la santé publique et l'approvisionnement en matériel médical.
Élargir la coopération en matière de commerce et d'investissement. En plus de grands projets dans les domaines traditionnels, la Chine et la France doivent approfondir davantage la coopération bilatérale en matière de commerce et d'investissement. Étendre le dispositif facilitant la circulation des personnes des deux pays dans le contexte de l'épidémie. Stabiliser et faciliter les chaînes industrielles et d'approvisionnement des deux pays. Faire bon usage de l'Accord sur les indications géographiques Chine-UE et d'autres nouveaux systèmes pour élargir le commerce agricole sino-français. Encourager les entreprises françaises à participer à la 3e CIIE de Chine, pour augmenter les exportations de produits agricoles de qualité supérieure, de produits pharmaceutiques et de technologies et d'équipements de pointe vers la Chine.
Explorer plus de domaines de coopération. Alors que la Chine met en place sa nouvelle architecture de développement et promeut les « nouvelles infrastructures », et que la France applique un plan de reprise de son économie, les deux pays peuvent explorer plus de domaines de coopération. Renforcer la coopération dans les secteurs de l'intelligence artificielle, des villes intelligentes, des véhicules électriques, de l'énergie propre, de l'agriculture écologique, de la technologie financière, de l'économie numérique et des PME. Développer la coopération sino-française dans les services, s'appuyant sur des plateformes de zone pilote de libre-échange, telles que le port de libre-échange de Hainan et la zone pilote de l'ouverture des services nationaux de Beijing.
Promouvoir la coopération Chine-UE. La France est un membre central de l'Union européenne et est attachée à l'intégration de l'UE. La coopération sino-française peut montrer la voie dans la coopération sino-européenne. Les deux parties devraient adopter une attitude positive pour accélérer la négociation sur l'Accord d'investissement Chine-UE et essayer d'achever les négociations à la fin de cette année, afin d'augmenter la qualité de la coopération bilatérale ; créer un partenariat vert et numérique Chine-UE, pour développer de nouveaux points de croissance de coopération ; maintenir l'ouverture des marchés du commerce et de l'investissement et éviter la politisation des questions économiques et commerciales, afin de créer un environnement commercial ouvert, équitable, juste et non discriminatoire pour les entreprises chinoises et françaises.
Renforcer la coopération multilatérale. La Chine et la France, ainsi que la Chine et l'Europe, ont de larges intérêts communs dans la défense du multilatéralisme et du libre-échange et dans la résistance à l'unilatéralisme et au protectionnisme. Les deux parties devraient promouvoir activement les réformes de l'OMC, renforcer la coopération dans les cadres multilatéraux, dont le G20, maintenir l'ouverture du système commercial et de l'environnement d'investissement, et aider l'économie mondiale à se redresser après l'épidémie. Elles doivent également renforcer la coopération dans le domaine du changement climatique, promouvoir la mise en œuvre des objectifs fixés par l'Accord de Paris et renforcer la coopération en matière de biodiversité dans le cadre des Nations unies pour contribuer au développement durable mondial.
Par YAO LING, directrice et chercheuse du Département de l'Europe de l'Institut de recherche sur la coopération économique et le commerce international relevant du ministère du Commerce de Chine.
Source: la Chine au Présent