Hier, l'oléoduc qui relie le Myanmar et la Chine a commencé à fonctionner, constituant une autre percée dans la stratégie de diversification énergétique de la Chine et ayant une signification évidente dans la réduction de la dépendance de celle-ci sur le Détroit de Malacca pour l'importation de pétrole et de gaz naturel.
Avec la transformation politique que connaît le Myanmar, certains observateurs se demandent si ce pipeline pourra fonctionner sans heurts dans le futur. La Chine a aussi beaucoup investi dans le projet du barrage de Myitsone et le projet de mine de cuivre de Letpadaung. Tous deux ont subi des revers, refroidissant l'enthousiasme de la Chine pour des investissements futurs.
« Le Myanmar est en train de s'éloigner de la Chine » est depuis quelque temps devenu un sujet géopolitique populaire. Certains analystes occidentaux pensent que le Myanmar a été courtisé avec succès par les États-Unis dans le cadre de leur « réorientation vers l'Asie ». Certains politiciens japonais ont aussi pour ambition de prendre pied au Myanmar. Tous ces éléments suscitent le pessimisme en Chine au sujet des relations sino-birmanes.
Mais ces relations ne sont pas rompues. Le processus de démocratisation du Myanmar peut conduire à des changements de l'opinion de ce pays envers la Chine. Mais ces changements ne dégénèreront pas en raison de différences idéologiques ; ce sont plutôt les intérêts nationaux du Myanmar qui seront pris en considération.
Autrefois, le Myanmar subissait les sanctions de l'Occident et la Chine était son seul ami. Aujourd'hui, il est plus ouvert vers l'Occident. Cela va sans doute l'amener à réduire le niveau jusqu'ici très élevé de sa coopération avec la Chine, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il va s'opposer à la Chine.
Le projet de barrage de Myitsone et le projet de mine de cuivre de Letpadaung ont suscité des préoccupations à propos de saisies de terrains et de problèmes écologiques. Le même genre de problème pourrait être soulevé en Chine. L'Occident a joué un rôle dans les interférences qu'ont connu ces projets, par le biais d'ONG. Ce surcoût est quelque chose que la Chine doit s'apprêter à supporter lorsqu'elle investira au Myanmar à l'avenir.
L'oléoduc qui relie la Chine et le Myanmar a été mis en service. Il correspond aux intérêts communs des deux pays. Les avantages qu'il apportera aux populations du Myanmar vont au-delà des querelles politiques entre différentes factions.
Des projets comme la construction de liaisons ferroviaires et routières entre les régions frontalières du Yunnan et l'Océan Indien peuvent aussi être encouragés.
Pendant ce temps, les entreprises chinoises comme la China National Petroleum Corporation doivent être conscientes que leurs conditions de travail ne sont désormais plus aussi favorables qu'avant depuis que le Myanmar s'est engagé vers la démocratisation.
L'oléoduc Chine-Myanmar bénéficie du soutien d'accords gouvernementaux. Peu importe qui dirige le Myanmar, les dirigeants de ce pays devront veiller à l'application de ces accords.
De son côté, la Chine devra être déterminée à s'assurer que le Myanmar fasse ainsi. Quant au Myanmar, il va devoir adopter une attitude sérieuse envers la Chine, et les Chinois verront dans l'attitude des Birmans envers le pipeline comme un test de leur position envers la Chine.
Toutes ces difficultés avant et après la mise en service de l'oléoduc prouvent que la diplomatie chinoise est confrontée à des circonstances complexes, et cela affecte les intérêts réels du peuple chinois. La diplomatie nécessite persistance et efforts à long terme.