Flash :

Est-il vrai que l'image de la Chine se détériore de jour en jour dans le monde ? Soyez plus indulgents envers la banque de développement des brics ! Prévisions macroéconomiques pour la seconde moitié de 2013 Chine : plus de 10.000 personnes affectées par les inondations en Mongolie intérieure Retour en Chine des cendres des victimes du crash d'Asiana Airlines Fusion de Publicis et Omnicom pour devenir le leader mondial de la publicité Bronzer sur la plage à Paris : pourquoi pas ? Le pipeline Chine-Birmanie ne sera pas source de brouille entre les deux pays Shanghai : les hôtesses sexy du salon ChinaJoy 2013 La Chine s'apprête à lancer « Télé-pandas » L'UE ne résoudra pas le problème du photovoltaïque par des mesures sur les prix Une Barbie de chair et d'os ! Italie : le bilan de l'accident d'autocar passe à 39 morts Italie : 30 morts dans un accident de la route Une trentaine de migrants africains portés disparus lors de leur traversée vers l'Italie Natation/Championnats du monde: Sun Yang remporte le 400 m nage libre Burkina Faso : des dizaines de milliers de personnes manifestent contre la création du Sénat Tunisie: l'opposition cherche à mettre en place une instance de salut national Une vague de chaleur frappe de nombreuses régions de la Chine Egypte : toutes les mesures seront prises pour restaurer la stabilité, dit la présidence

Beijing  Pluie accompagnée de tonnerre~Ensoleillé  32℃~23℃  City Forecast
Français>>Economie

Soyez plus indulgents envers la banque de développement des brics !

( La Chine au présent )

29.07.2013 à 15h40

FUNEKA YAZINI APRIL*

Les médias ont porté un jugement négatif sur le 5e sommet des BRICS, qui prévoyait la mise en place d'une banque de développement. Rappelant dans quel contexte ont été fondées les institutions de Bretton Woods, l'auteur invite à laisser le temps à cette nouvelle banque de jouer pleinement son rôle.

Le sommet des BRICS, tenu en mars 2013 à Durban en Afrique du Sud, fut l'une des rencontres internationales les plus suivies cette année, en raison de l'attendu lancement de la banque des BRICS. Toutefois, il semblerait que la majorité des médias aient jugé ce sommet comme étant plus un échec qu'un succès. Des agences de presse, telles que Al Jazeera, ont donné à leurs articles en ligne des titres comme « Insuccès de la mise en place d'une nouvelle banque des BRICS : les dirigeants des puissances émergentes s'accordent sur le principe d'un fonds conjoint pour le financement des infrastructures, mais précisent que de plus amples discussions seront nécessaires pour accomplir ce projet ». Voice of America rapportait dans son bulletin d'informations : « Le sommet des BRICS se clôture sans que la banque de développement n'ait été fondée » ; Money Web déclarait que « Les nations des BRICS ont éludé la question de la banque de développement lors du sommet : les ministres ne sont pas parvenus à un consensus sur les détails du projet » ; Firstpost affirmait « La banque des BRICS n'est qu'un rêve ».

Il fut intéressant de voir avec quelle précipitation les médias ont décrié l'issue du 5e sommet des BRICS, étant donné qu'au cours de la dernière décennie, ce groupe des BRICS n'était rien de plus qu'un mot inédit, inventé par Goldman Sachs en 2001. Beaucoup d'interrogations ont été soulevées : les BRICS possèdent-ils assez d'éléments en commun pour former une institution durable ? La nouvelle banque de développement des BRICS défiera-t-elle la Banque mondiale ? Verra-t-elle vraiment le jour ? Et sera-t-elle accueillie favorablement par les pays en développement ? Les médias et divers critiques semblent oublier que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) sont des institutions qui, elles, ont bénéficié d'un large soutien à leurs débuts. Les plans de coopération économique ont été dressés en juillet 1944, alors que l'Europe et le Pacifique étaient encore le théâtre de massacres. Dans une station de ski du New Hampshire nommée Bretton Woods, les représentants financiers des 44 nations alliées ont mis sur pied des institutions visant à réduire les obstacles à la croissance financière internationale qui avaient émergé avec la guerre. Le FMI a été créé à dessein de relever le volume du commerce international, qui avait chuté du fait de l'instabilité faisant rage depuis les années 1930, époque où les pays du monde avaient abandonné le système monétaire basé sur l'or. Bientôt, tout État membre pourrait puiser dans une réserve commune de devises – alimentée par ces pays-mêmes – afin de remédier aux déséquilibres de sa balance des paiements. Le dollar américain est alors devenu la monnaie de référence internationale, librement convertible en or à un taux fixe.

Pour ce qui est de la Banque mondiale, première banque de développement multilatérale de la planète, elle a été fondée à travers la vente d'obligations mondiales. Ses premiers prêts ont été accordés à la France et à d'autres pays européens. Par la suite, a été établie la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), dont la mission était d'octroyer des crédits pour rebâtir l'Europe après la Seconde Guerre mondiale. En 1950 par exemple, un total de 28,6 millions de dollars avait été mis à disposition par la BIRD pour la reconstruction et la modernisation des aciéries en France, en Belgique et au Luxembourg. La demande de fonds, néanmoins, n'a jamais atteint le degré escompté par la Banque mondiale, et son portefeuille de prêts n'a pas grossi au sein des pays industrialisés. La Banque mondiale s'est alors tournée vers les pays en développement et déclare viser depuis, entre autres objectifs, la réduction de la pauvreté dans les pays en développement, la protection de l'environnement, la promotion du secteur privé ainsi que le renforcement des ressources humaines.

Cependant, au fil du temps, les institutions nées de la signature des accords de Bretton Woods ont fait l'objet de bien des critiques, proférées de part et d'autre du spectre politique. Une école de pensée clamait « assistance = impérialisme », estimant que l'aide étrangère était utilisée comme un outil de coercition par les pays riches sur les nations pauvres ; les plus conservateurs prétendaient que l'aide étrangère troublait la logique du marché, qu'ils voyaient comme l'ultime solution à la pauvreté. Au milieu des années 1990, des centaines d'organisations non gouvernementales à travers le monde ont mené de multiples campagnes appelant à une restructuration et à une réévaluation majeure des politiques suivies par les institutions de Bretton Woods. Ces voix se sont élevées alors que les pays en développement commençaient à devoir des milliards à la Banque mondiale et au FMI. Le poids de la dette, couplé aux programmes d'ajustement structurel orientés vers l'exportation, a accéléré le déclin de nombreux pays, qui ont été contraints de vendre leurs actifs, d'exploiter leurs ressources naturelles et de réduire leurs dépenses publiques.

Avec pour toile de fond ces condamnations des institutions de Bretton Woods, il convient de se demander si les médias n'auraient pas dû s'abstenir de reprocher aussitôt au sommet de Durban de ne pas avoir lancé immédiatement la banque de développement des BRICS ni formulé un cahier des charges clarifiant le siège de cette banque et son financement. Après tout, comme l'a souligné Hou Zhenbo, chercheur à l'International Economic Development Group, le sommet de Durban a permis d'institutionnaliser l'union des BRICS, en établissant certains mécanismes techniques favorables à la coopération. À titre d'exemple, le groupe a convenu de la création d'un fonds de réserve commun à hauteur de 100 milliards de dollars, pour mettre les BRICS à l'abri d'éventuelles pénuries temporaires de liquidités. La Chine, la plus importante économie des BRICS, devrait y injecter pas moins de 41 milliards. Les BRICS se sont également mis d'accord sur l'instauration d'un conseil d'affaires, qui mettrait en relation les hauts fonctionnaires des États et les dirigeants d'entreprises. Par ailleurs, comme l'a soutenu Hou Zhenbo, les fortes disparités qui existent entre les pays du BRICS soulignent une nouvelle tendance : de tels groupes n'ont nul besoin pour se constituer de posséder une histoire commune, une culture ou une religion similaire, ni même d'être proches géographiquement parlant. Ils peuvent résulter de phases de développement comparables et d'intérêts économiques partagés, comme dans le cas de l'OCDE.

Il est important que les divers commentateurs, au moment d'analyser les chances de réussite de la banque de développement des BRICS, gardent à l'esprit le processus d'établissement et l'influence de la Banque mondiale, qui a eu l'avantage d'être financée par la vente d'obligations mondiales à sa création. Les critiques doivent aussi considérer le fait que la banque de développement des BRICS fait figure d'alternative positive au développement des infrastructures en Afrique. Si ce continent, qui héberge 34 des 50 pays les moins avancés et où la misère s'intensifie sans cesse, reste la région la plus pauvre du monde, c'est notamment à cause de son bas niveau d'industrialisation et de sa marginalisation en termes de production mondiale. Étant donné le besoin urgent de croissance industrielle auquel est confronté le continent, cette banque est vue comme un moyen d'augmenter l'influence de l'Afrique sur la scène mondiale, en endiguant la crise économique lancinante de l'Europe et en prodiguant aux BRICS durant les cinq prochaines années les 4,5 milliards de dollars nécessaires, selon les estimations, pour leurs infrastructures. En bref, la banque de développement des BRICS soutiendra certains des efforts déployés par la Banque mondiale et le FMI en faveur de la construction d'infrastructures sur le continent. Lors de ce récent sommet, les dirigeants des BRICS avaient raison de viser des avancées prudentes, mais pragmatiques. Il aurait fallu leur laisser l'opportunité de se concentrer davantage sur la consolidation de leur coopération économique intra-groupe.

*FUNEKA YAZINI APRIL est spécialiste dans l'étude de la démocratie et de la gouvernance à l'Africa Institute of South Africa.

  • Nom d'utilisateur
  • Anonyme

Sélection de la rédaction

Les Articles les plus lus |Sondage

Pages spéciales