L'Iran est prêt à engager des « négociations sérieuses » avec les puissances du monde sur son dossier nucléaire, et ne veut plus « perdre de temps ». La déclaration du nouveau président iranien Rohani après son entrée en fonction a une fois de plus attiré l'attention de la communauté internationale sur la question du nucléaire iranien, qui perdure.
Par rapport à l'année dernière, l'atmosphère des négociations sur le nucléaire iranien a effectivement changé. A cette époque, les Etats-Unis, Israël et l'Iran ne cessaient de se jeter à la face les mots de « guerre », de « blocus », et de se livrer à des exercices militaires fréquents, provoquant une escalade de la tension et diffusant une ambiance de guerre. Aujourd'hui, au contraire, en plus des signes d'apaisement venus de l'Iran, le souhait de Washington et Bruxelles de continuer à négocier constitue également un signal positif. Selon Reuters, aux yeux des pays occidentaux, le président Rohani appartient au camp des modérés, et son attitude donne l'espoir que l'on pourra sortir de l'impasse du nucléaire iranien.
L'amorce de détente que nous voyons à l'heure actuelle reflète les besoins réels de l'Iran et des pays occidentaux. Pour l'Iran, la victoire de Rohani reflète en soi la volonté interne du pays pour un changement -l'intensification des contacts entre l'Iran et le monde extérieur, l'amélioration des relations avec l'étranger. Aux États-Unis, le Président Obama, entré dans son deuxième mandat, cherche à laisser un héritage de réalisations diplomatiques, et il serait naturellement heureux d'obtenir une percée dans le dossier nucléaire iranien, la question du Moyen-Orient, et gagner ainsi un certain capital. On peut donc estimer que les deux parties, au sujet des négociations sur le nucléaire iranien, ont là une opportunité d'amélioration leurs relations bilatérales.
Toutefois, Rome ne s'est pas faite en un jour. Les États-Unis et l'Iran ont encore de fortes différences sur la question de la capacité d'enrichissement d'uranium de Téhéran, la conservation des installations nucléaires existantes etc, sans parler du fait que les deux pays, hostiles l'un envers l'autre, sont encore dans une mentalité de «guerre froide». Par conséquent, dans un avenir proche, il est possible qu'il y ait des discussions entre les Etats-Unis et l'Iran, mais trouver un compromis n'en restera pas moins extrêmement difficile.
Quant à savoir si les pourparlers sur le nucléaire iranien pourront faire des progrès, la clé dépend de savoir si les deux parties adopteront ou non une attitude de respect, de consultation, de coopération et de bonne foi. Si les Etats-Unis ont des exigences trop élevées, et si d'autant plus l'Iran conserve une marge de manœuvre, alors il ne fait aucun doute que les négociations tomberont dans une impasse. Une chose est certaine cependant, peu importe comment l'Occident va s'y prendre pour « encourager » les couleurs conservatrices modérées du Président Rohani, il lui sera très difficile de faire facilement des concessions sur le sujet du nucléaire iranien.
Du point de vue historique, en ce qui concerne la question du nucléaire iranien, la fenêtre d'opportunité pour un règlement négocié n'est pas toujours ouverte. Quand Barack Obama est entré en fonction, il a cherché à établir des contacts avec l'Iran, mais cette volonté a eu tôt fait de disparaître du fait de problèmes structurels enracinés dans les relations américano-iraniennes. Il est évident que le fait que les Etats-Unis espèrent compter sur des sanctions unilatérales pour faire plier l'Iran est une des raisons importantes aux difficiles progrès des négociations sur le nucléaire iranien.
Au vu de la situation actuelle, il est sans doute est irréaliste de s'attendre à un déblocage notable à court terme dans les négociations sur le nucléaire iranien. Quelques jours à peine avant l'entrée en fonction du Président Rohani, la Chambre des représentants américaine a adopté un projet de loi visant à entraver les exportations de pétrole iranien. Tout d'un coup, on à nouveau confusément senti comme « une odeur de poudre à canon » au sujet de la question du nucléaire iranien.
Cependant, s'agissant de la fenêtre d'opportunité, les efforts constants de la communauté internationale vont probablement finir par payer. La Chine a fait des efforts inlassables pour trouver une solution pacifique à la question du nucléaire iranien, et déclaré à plusieurs reprises qu'elle continuera à maintenir la communication et la coordination avec toutes les parties, afin d'encourager le processus de paix à jouer un rôle constructif dans la question du nucléaire iranien.
Il convient aussi de noter que si on veut obtenir des progrès dans les négociations sur le nucléaire iranien, il ne faut pas ignorer les leçons du passé. L'approche des « sanctions » n'a jamais fonctionné, il n'y a que par la discussion que l'on peut parvenir à un consensus. Ce n'est que si les Etats-Unis et l'Iran adoptent une attitude respectueuse et équitable pour engager une bonne interaction, qu'ils font davantage d'efforts pour trouver et élargir un terrain pour résoudre correctement leurs différences, que les négociations sur le nucléaire iranien avanceront vraiment. Aujourd'hui, les deux parties doivent particulièrement chérir cette fenêtre d'opportunité.
Le Quotidien du Peuple (13 août 2013, 05 Edition)