La décision de dernière minute du président américain Barack Obama de repousser jusqu'à nouvel ordre l'attaque sur la Syrie est un signe de prudence, mais cela ne met pas fin aux craintes des nations pacifiques et de l'opinion publique américaine opposée à une nouvelle guerre.
En d'autres termes, il est toujours déterminé à procéder à une intervention militaire, mais a choisi d'obtenir auparavant le soutien des législateurs dans un contexte où les sondages d'opinion montrent que plus de la moitié des Américains et de nombreux membres du Congrès sont opposés à la guerre.
Pourtant, même en obtenant le feu vert du Congrès, cela n'autoriserait pas juridiquement Washington à attaquer la Syrie.
Bien sûr, le président Obama considère la question d'attaquer ou non la Syrie comme relevant de décision purement interne, et il ne tient pas compte de l'autorité indiscutable du Conseil de sécurité de l'ONU en la matière.
Alors que le monde entier attend les résultats de l'enquête de l'ONU sur l'utilisation présumée d'armes chimiques dans le conflit syrien, Washington accuse le gouvernement syrien depuis longtemps.
Longtemps après avoir pointé du doigt le coupable, la Maison Blanche a récemment rendu public un rapport de ses services de renseignement pour étayer sa thèse, bien que ce dernier manque cruellement de preuves ou de détails.
Le veto récemment déposé par le Parlement britannique qui s'oppose à une participation aux frappes aux côtés des forces américaines prouve que même le meilleur allié des Etats-Unis n'est pas encore convaincu.
En tant que fervent opposant à la guerre en Irak, M. Obama devrait avoir une idée claire des conséquences terribles d'une intervention militaire.
En plus de causer de nombreuses victimes, une attaque sur la Syrie pourrait dramatiquement faire empirer la situation régionale, et risquerait d'impliquer d'autres acteurs, comme Israël et l'Iran, dans un conflit encore plus sanglant.
Les Etats-Unis, ainsi que d'autres membres du Conseil de sécurité, devraient continuer de s'engager pour la paix dans le monde et de préserver l'autorité de l'ONU plutôt que de bouleverser les normes internationales et d'interférer avec les affaires intérieures d'autres pays.
La balle est dorénavant dans le camp du Congrès, qui devrait sérieusement écouter l'opinion publique et prendre en compte les conséquences néfastes d'une frappe aérienne.