A moins d'une semaine des élections européennes qui se tiendront le 25 mai, la presse française relève notamment un manque de débat de fond, une défaite annoncée pour le Parti socialiste (PS, majorité) et la percée probable du Front National (FN, extrême droite).
"Cinq jours pour sauver une campagne. Cinq jours pour instaurer un véritable débat de fond sur l'Europe. Est-ce encore possible ?", s'interroge le journal Le Figaro dans un article publié lundi.
Déplorant l' absence de débat autour du scrutin, le quotidien de droite estime que "des débats européens tardifs ne pallieront pas l'indifférence globale, non seulement de l'opinion, mais surtout des responsables politiques", ajoutant que "pour les Français, l'Europe est supposée lointaine, confuse, technique".
"Les deux seules questions qui ont traversé la campagne, et qui dicteront les commentaires à partir de dimanche soir, sont de savoir, d'une part, si les européennes seront ou non une nouvelle sanction pour François Hollande, et de mesurer, d'autre part, l'ampleur de la percée du Front national", souligne Le Figaro.
Pour autant, "deux enjeux strictement européens ont affleuré durant la campagne", reconnaît le journal : le traité transatlantique, même si "les explications ont manqué" et "la pédagogie n'a pas été faite", puis "la volonté d'orienter la campagne sur le choix du futur président de la Commission" qui, pour Le Figaro, est "la seule nouveauté, la seule originalité de la campagne".
Dans un autre article paru dimanche, le quotidien voit par ailleurs dans le scrutin du 25 mai un "désastre annoncé" pour le PS, précisant qu' "à une semaine des européennes, François Hollande (le président français, ndlr) ne se fait guère d'illusions sur l'issue du scrutin" pour son parti, qui a déjà subi un sérieux revers lors des élections municipales du mois de mars.
"Cela fait longtemps que le président a intériorisé le fait que le résultat serait très mauvais", rapporte le Figaro, citant un proche de François Hollande, même si "contrairement aux municipales, Hollande et le gouvernement se sont impliqués dans la campagne, au côté du PS, pour tenter d'éviter le pire", précise le journal, citant notamment les récentes interventions du chef de l' Etat et de son Premier ministre premier ministre, Manuel Valls.
De son côté, le journal Le Monde estime que le FN, donné en tête dans les derniers sondages, "profite des européennes pour préparer 2017", année où se tiendront les élections présidentielles.
"Marine Le Pen (présidente du FN, ndlr) veut faire des élections européennes un marchepied pour sa conquête du pouvoir en 2017", poursuit le journal, qui estime que "le parti lepéniste remporterait une victoire symbolique capitale" : "pour la première fois, la formation d'extrême droite arriverait en tête d'un scrutin national".
Mais "la victoire serait avant tout symbolique", note un spécialiste de l'extrême droite, Sylvain Crépon, cité par Le Monde. "Elle confirmerait sa formule marketing de "premier parti de France" , explique-t-il.
Enfin, dans son éditorial de mardi, le journal Les Echos souligne que la voix des partis pro-européens français comme les partis du centre, tels que l'UDI (Union des Démocrates et Indépendants) et le Modem (Mouvement démocratique), l'UMP (Union pour un mouvement populaire, opposition), ou encore le PS "n'arrive pas à porter dans la campagne".
"Si les européennes leur sont d'habitude favorables, l'UDI et le Modem sont trop secoués par leurs difficultés internes pour arriver à peser", analyse le quotidien économique, tandis que "l'UMP est trop divisée pour être audible" et que le PS "a choisi d'insister davantage sur les dysfonctionnements de l'Europe que sur ses atouts".
La semaine dernière, un sondage de l' institut CSA donnait le FN en tête avec 25 % des intentions de vote, devant l'UMP avec 21 % et le PS avec 18 %, confirmant un peu plus la tendance qui s' est dégagée des précédentes enquêtes d' opinion.