Le président français François Hollande a adressé mardi au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, un "agenda pour la croissance et le changement en Europe", qui table sur "la relance et l'investissement", plutôt que sur "l'austérité", rapporte mercredi le journal Le Monde.
"L'Elysée s'est fixé cinq grandes priorités pour renforcer l'Europe de demain : une politique économique orientée vers la croissance ; la lutte contre le chômage des jeunes ; une politique européenne de l'énergie ; la maîtrise des flux migratoires, et enfin un 'choc de simplification' pour les institutions", résume Le Monde.
"Le texte en préparation depuis plusieurs semaines a été finalisé après une réunion ministérielle sur les priorités de l'Europe à l'Elysée lundi 23 juin et la réunion des chefs de gouvernement sociaux-démocrates de l'Union européenne (UE) à Paris, le 21 juin", précise le journal.
La politique économique proposée par le président français est orientée vers la croissance. Pour M. Hollande, "cela suppose de desserrer l'étau de l'orthodoxie budgétaire, qui sera le cœur de l'opposition entre la droite et les sociaux-démocrates".
"Il plaide pour une 'politique budgétaire équilibrée' dans la zone euro, afin d'éviter que les politiques de compétitivité menées simultanément ne prolongent la situation de faible inflation, pesant d'autant sur les efforts de désendettement", explique le journal, citant des extraits de l'agenda.
"Le président français plaide pour une 'convergence fiscale et sociale renforcée', avec notamment un 'socle commun des droits sociaux' et l'instauration d'un salaire minimum en Europe", ajoute Le Monde.
"La principale arme pour retrouver une croissance plus importante passe par une politique volontariste d'investissements : La France propose un programme d'investissements à cinq ans, en mobilisant les ressources publiques européennes et nationales ainsi que les ressources de l'épargne privée et les grands investisseurs", a-t-il expliqué.
"Pour lutter contre le chômage et la déqualification des jeunes, la France propose d'augmenter l'initiative emploi jeunes dotée actuellement de six milliards pour la faire passer à au moins 20 milliards sur cinq ans", indique le quotidien.
En ce qui concerne la politique énergétique, elle "doit concilier lutte contre le dérèglement climatique et compétitivité et mettre en place un programme européen de financement des économies d'énergie", note Le Monde.
Pour ce qui est de l'immigration, "la France plaide en faveur de la création d'un corps de garde-frontières européens, présents sur les frontières extérieures de l'espace Schengen, et principalement en Méditerranée", prônant "une approche ferme mais humaine".
"Enfin, M. Hollande plaide (...) pour une réforme du fonctionnement de l'UE", sorte de "version européenne du 'choc de simplification'" proposé pour la réforme des institutions en France.
L'objectif de l'agenda "est de faire passer ses idées sur l'investissement et la flexibilité budgétaire, en échange du soutien au candidat de la droite à la tête de la Commission, Jean-Claude Juncker", estime Le Monde.
"A l'Elysée, on s'attend (...) à une 'grande bataille', vendredi à Bruxelles entre les partisans de la rigueur et ceux de la relance", conclut le journal.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE se réuniront jeudi et vendredi à Bruxelles pour notamment approuver la nomination de Jean-Claude Juncker au poste de président de la Commission européenne et fixer les nouvelles orientations pour l'UE.