La rage et l'agitation ont une fois de plus repris la semaine dernière à Ferguson, une ville de banlieue autrefois peu connue au nord de St-Louis, dans le Missouri, suite à la décision d'un grand jury de ne pas inculper un policier blanc qui a tué un adolescent noir en août dernier.
Plus d'une dizaine de bâtiments le long de l'avenue West Florissant, à quelques rues de l'endroit où Michael Brown a été abattu, ont été incendiés et des voitures de police ont été vandalisées lundi soir après l'annonce de la décision du grand jury.
Sur la rue South Florissant, une rue commerciale importante à Ferguson, des magasins ont été pillés et des fenêtres brisées.
Les résidents locaux et les propriétaires de magasins étaient nerveux et incertains quant à l'avenir de cette ville autrefois paisible qui compte quelque 21.000 habitants.
Yang Xiaojiang, propriétaire d'un restaurant de fast-food chinois situé près du commissariat de police de Ferguson, a indiqué que deux fenêtres de son restaurant avaient été brisées lundi soir.
"J'ai tellement peur," a-t-il confié à Xinhua, notant que c'était la première fois qu'il observait de telles violences depuis qu'il a ouvert son restaurant à Ferguson il y a plus de 30 ans.
Comme M. Yang, de nombreux propriétaires de magasins ont protégé leurs vitrines et accroché des pancartes "J'aime Ferguson" et "Arrêtez la violence" dans l'espoir que leurs magasins seront épargnés par les éventuelles violences.
Mardi soir, alors qu'une équipe de journalistes et de pigistes travaillant pour l'agence Xinhua s'apprêtait à filmer au mémorial de Brown sur Canfield Drive, un groupe de 15 à 20 manifestants portant des masques et des armes à feu a exigé que les journalistes arrêtent leur travail.
Les journalistes ont éteint la caméra, se sont dirigés vers leur voiture, et se sont préparés à partir. Mais les manifestants les ont suivis, ont saisi la caméra et ont démoli leur Toyota Prius.
L'équipe a dû demander à une camionnette de l'église qui livrait des dindes pour l'Action de grâce de l'aider à quitter la zone.
Les résidents afro-américains ont dit que leur rage découlait des mauvaises relations de la communauté avec les agents de police de Ferguson qui sont presque tous blancs.
Auty Singleton, une manifestante noire tenant un signe "Arrêter le massacre" en face du poste de police de Ferguson, s'est plaint à Xinhua que les agents de police à Ferguson "abusent" de leur pouvoir et utilisent des "forces inutiles" pour contrôler les manifestations.
Mais les résidents blancs ont raconté une autre histoire sur les pratiques policières à Ferguson.
"Ils sont toujours très sympathiques. Ce sont des gens merveilleux," a déclaré à Xinhua Sandy Sansevere, qui réside à Ferguson depuis 27 ans.
Il n'y a absolument aucune grande question raciale et les résidents se sentent confortables ici, dit-elle.
Un sondage Pew mené après la mort de Brown a constaté que les Américains sont à peu près divisés en fonction de leur race face à cet incident. Environ 80% des Noirs ont estimé que le tir soulève d'importantes questions sur la race, par rapport à seulement 37% de Blancs.
La mort de Brown a suscité un débat national sur la race et le pouvoir de la police et le ministère de la Justice mène une enquête concernant les droits civils sur la mort de Brown et sur une sonde séparée dans les pratiques de la police de Ferguson.
"Le fait est que, dans de trop nombreuses régions de ce pays, une profonde méfiance existe entre les autorités et les communautés de couleur", a déclaré le président américain Barack Obama lundi soir dans une brève allocution à la Maison Blanche.
Le procureur général américain Eric Holder a également admis qu'il reste beaucoup à faire pour établir une confiance durable.