Le terrorisme n'est pas toujours religieux, ont souligné des spécialistes participant, à Dakar, à une conférence internationale sur le thème "Contribution de l'Islam à l'avènement d'une paix mondiale durable".
"Il y a plusieurs formes de terrorisme dans le monde. Il y en a qui sont politiques et d'autres qui sont religieux", a fait remarquer le Dr Busoery Alaji Muritala de l'université de Lagos au Nigéria.
"Le jihad islamique est souvent qualifié d'acte terroriste alors qu'il y a une grande différence entre les actes meurtriers perpétrés par des groupes armés et le jihad qui est de la légitime défense", a-t-il expliqué.
"Il y a des individus qui utilisent la violence pour revendiquer des droits politiques et sociaux", a-t-il soutenu et d'ajouter que "dans certains pays, ceux qui combattent contre l'Etat sont considérés comme des terroristes alors qu'eux-mêmes se définissent comme des combattants légaux".
"Il faut que toute la communauté musulmane travaille en synergie pour faire face à tous ces types de terrorisme, notamment religieux, et également à l'extrémisme parce que le phénomène a pris de l'ampleur", a-t-il conclu.
De son côté, l'ex-directeur sénégalais du Génie militaire, le colonel Souleymane Sall, a affirmé que "dans le monde, il y a eu plusieurs cycles de violences pour des raisons diverses, pouvant être identitaires, politiques, communautaires, etc".
"Ces violences constituent une menace grave contre la stabilité des Etats et la paix mondiale", a-t-il estimé expliquant qu'"il y a des enjeux géostratégiques, culturels et politiques derrière ces violences du fait des mouvements forcés de populations, de la migration volontaire et de la mondialisation".
"Il y a des foyers de tension précis comme la bande sahélo-saharienne, l'Europe occidentale, le Moyen et le Proche-Orient, l'Amérique latine, etc. mais ce sont tous les pays qui sont affectés puisque le terrorisme est transfrontalier", a-t-il relevé.
"On doit apporter une réponse militaire et sécuritaire au terrorisme et rendre plus opérationnel le mécanisme de coopération policière", a-t-il suggéré avant de proposer notamment aux Etats africains "la formation d'une armée régionale et africaine et la ratification d'instruments internationaux de lutte contre le terrorisme".
Pour sa part, Ousmane Kane, professeur titulaire de la chaire Islam et Sociétés musulmanes contemporaines à l'université de Harvard, a relevé que "jusqu'en 2009, Boko Haram n'était qu'un groupe religieux qui n'avait aucun lien avec le terrorisme".
"Ces membres ont commencé à poser de actes terroristes après l'exécution de leur leader par le Nigéria", a-t-il rappelé.
Aussi, a-t-il poursuivi, "traditionnellement le Mali avait également une réputation de coexistence pacifique, mais maintenant il est exposé aux actes terroristes surtout dans le nord du pays à cause de la présence d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)".
Bello Waziri, membre de la section nigérienne de l'association Jamhiyatu ansaarud-dîn, organisatrice de la conférence, lui, est d'avis qu'"il y a des musulmans qui s'engagent dans les mouvements terroristes parce qu'ils ignorent les fondements de l'Islam".
"Les musulmans doivent faire de sorte que les écrits sur leur religion soient accessibles pour combattre l'ignorance qui peut mener à l'extrémisme", a-t-il soutenu.
"Il faut également la création de sites internet spécialisés qui donnent la bonne information sur l'Islam parce qu'il y a beaucoup des sites qui transmettent des idées extrémistes", a-t-il ajouté.