Dernière mise à jour à 08h33 le 14/08
Les révélations de l'hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné sur la facture de la non-livraison des navires de type Mistral à la Russie font à nouveau polémique en France.
Selon les informations de ce journal satirique, la facture de l'annulation de la vente des Mistral pourrait dépasser les 2 milliards d'euros, soit deux fois plus que la somme annoncée par le gouvernement français.
En plus des 896 millions d'euros, somme avancée par la Russie pour les deux Mistral, la France doit rembourser, d'après le l'hebdomadaire, environ 100 millions d'euros qui constituent les frais de formation de 400 marins, l'aménagement du port de Vladivostok, etc.
A cela s'ajoute, 250 millions d'euros de frais, de la commission du groupe de construction navale français DCNS, l'entreprise chargée de la vente des Mistral. Et 200 millions d'euros supplémentaires pour la remise en état des navires et la restitution à la Russie de ses équipements électroniques installés sur les Mistral.
Enfin, Le Canard enchaîné informe que les frais d'entretien (5 millions d'euros/mois), de gardiennage, de contrats annexes, désormais annulés, s'élèveraient à plus de 500 millions d'euros.
Au total la non-livraison des Mistral va coûter plus de 2 milliards d'euros à la France, une somme bien supérieure à celle avancée par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
"Le prix initial était d'environ 1,2 milliard, le prix de l'accord sera inférieur puisque la Russie sera remboursée à l'euro des engagements financiers qu'elle a pu mobiliser", a déclaré M. Le Drian, au lendemain de l'accord entre la France et la Russie sur le dossier du Mistral.
Les Républicains, principal parti de l'opposition, parlent de scandale et soupçonnent le gouvernement de cacher la vérité au contribuable français sur le dossier du Mistral.
Selon Guillaume Larrivé, député des Républicain, cette affaire des Mistral est un "scandale d'Etat et, aujourd'hui c'est encore devenue un véritable mensonge d'Etat".
"Le président Hollande a renié la signature de la France en annulant cette vente et aujourd'hui, il ment aux français. Les contribuables vont devoir payer un prix colossal que le gouvernement cherche à cacher en concluant cet accord en catimini dans l'opacité. Ce qui est une faute contre l'intérêt national", a indiqué M. Larrivé.
Les Républicains demandent la création d'une Commission d'enquête parlementaire pour "vérifier les chiffres qui devraient être communiqués prochainement au Parlement", sur cette question.
"François Hollande et son ministre de la Défense continuent d'entretenir un flou inacceptable au sujet de cette affaire (coût de la non-livraison du Mistral). Les français ont le droit de connaître exactement combien leur coûte cette décision qualifiée par beaucoup d'irresponsable compte tenu de ses multiples conséquences", notent dans le communiqué les Républicains.
Le Front national a également réagi vivement dans un communiqué, qualifiant le coût de 2 milliards d'euros "astronomique (...) est d'une gravité sans précédent et ajoute de l'indécence à l'ineptie de cette décision de ne pas livrer les navires à la Russie".
Mais pour le député socialiste Edouardo Rihan Cypel, l'enjeu géopolitique est plus important que l'enjeu comptable dans cette affaire. D'après le socialiste, cette décision d'annulation de la vente des Mistral à la Russie, révèle deux facteurs qui conduisent la politique étrangère de la France : la paix et la sécurité.
"La politique de la France et, notamment la politique étrangère ne se décide pas uniquement à travers les facteurs comptables. Il s'agit de la paix et de la sécurité au sein de l'UE. Donc, c'est en cela qu'il faut juger la décision du président de la République", a dit M. Cypel.
Quant au président de l'Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone, il rassure sur le plateau de i-Télé que le gouvernement s'expliquera sur au détail près sur cette affaire devant l'Assemblée nationale.
"J'ai eu le Premier ministre, l'ensemble des chiffres seront annoncés et officialisés à la rentrée. Et il est normal que le gouvernement donne la facture au centime près", a-t-il indiqué.