Vladimir Poutine et François Hollande conviennent de collaborer dans la lutte contre le terrorisme en Syrie

Les présidents russe et français Vladimir Poutine et François Hollande ont décidé jeudi d'intensifier leur coopération dans la lutte contre le terrorisme et se sont engagés à ce qu'aucun incident militaire ne se reproduise, tel que la destruction d'un bombardier russe par la Turquie récemment près de la frontière entre la Turquie et la Syrie.

Qualifiant les discussions avec le président français de "constructives", le président russe a déclaré lors de leur conférence de presse conjointe que les deux parties avaient décidé de partager leurs renseignements militaires sur la lutte contre l'Etat islamique (EI), ce qui constitue un pas vers la formation d'une coalition internationale anti-terroriste.

Les deux dirigeants ont montré leur détermination à punir les auteurs d'actes terroristes contre la Russie et la France, qui ont toutes les deux étaient victimes d'attaques terroristes attribuées à l'EI.

"Nous souffrons tous du terrorisme, et nous devrions donc conjuguer nos efforts. C'est l'objet de notre réunion", a indiqué M. Hollande, qui a souligné qu'un consensus sur la formation d'une large coalition mondiale devait être atteint de toute urgence.

MM. Poutine et Hollande ont également souligné que les forces combattant l'EI et d'autres groupes terroristes ne seraient pas visées dans les opérations militaires des deux pays en Syrie,, et les deux dirigeants se sont engagés à soutenir ces forces dans leur mission commune.

La Russie a lancé sa campagne aérienne contre les cibles de l'EI en Syrie fin septembre à la demande du président syrien Bachar al-Assad. Ces raids aériens ont diminué de manière significative la capacité de combat du groupe terroriste, selon le Kremlin.

La France a intensifié ses frappes aériennes contre l'EI après que le groupe djihadiste a perpétré plusieurs attentats meurtriers à Paris qui ont fait 129 morts et plus de 300 blessés le 13 novembre dernier.

Des divergences de point de vue subsistent cependant entre les deux dirigeants sur le sort du président syrien Bachar al-Assad dans le cadre d'une solution politique à la crise syrienne.

M. Hollande a maintenu que M. Assad n'avait pas sa place dans l'avenir de la Syrie, tandis que M. Poutine, qui considère le président syrien et ses troupes comme des alliés dans la lutte contre le terrorisme, a souligné que le sort de M. Assad devait être décidé par le peuple syrien.

Répondant à une question sur l'incident dans lequel un bombardier russe Su-24 a été abattu par la Turquie, M. Poutine a averti que la Russie n'envisagerait aucune coopération avec un pays ou une coalition si un incident similaire se reproduisait.

"Nous pensons que cela ne se reproduira pas. Dans le cas contraire, toute interaction avec un pays ou une coalition avec une partie ne sera plus jugée nécessaire par la Russie", a déclaré M. Poutine.

M. Hollande a souligné que de tels incidents ne devraient pas se reproduire, et qu'il était nécessaire pour tous les pays luttant contre les terroristes en Syrie de renforcer la coordination des forces militaires déployées dans la région.

M. Poutine a également exprimé sa déception que la Turquie n'ait donné que des "explications vagues", sans présenter d'excuses ni proposer à la Russie de collaborer pour éviter des tragédies semblables de se reproduire.

"Les allégations de la Turquie sont toutes des prétextes, comme par exemple le fait de dire qu'ils ne savaient pas que le Su-24 appartenait à la Russie", a déclaré M. Poutine, qui a noté que l'avion portait des marquages obligatoires d'identification militaire.

Selon M. Poutine, les relations russo-turques ont été détruites "de manière inconsidérée et stupide", soulignant que la Russie "n'aurait jamais imaginé recevoir un tel coup de la part d'un pays qu'elle considérait comme un allié".

Le président russe a également mis en doute l'utilité des mécanismes d'échange d'informations établis entre la Russie et la coalition sous commandement américain, ainsi qu'au sein de la coalition elle-même.

Le président russe a maintenu que la Russie avait fourni toutes ses informations de vols à la coalition à l'avance.

Des consultations sérieuses auront lieu avec les Etats-Unis sur l'échange d'informations en Syrie à la suite de la destruction du bombardier Su-24, a déclaré M. Poutine.

M. Poutine a souligné que le système de défense aérienne S-400 avait été déployé à la base aérienne de Hmeimim en Syrie pour protéger les avions russes qui s'y trouvent, "sans préjudice de nos activités avec la coalition".

M. Poutine a également appelé Ankara à prendre des mesures pour couper l'approvisionnement "à échelle industrielle" illégal en pétrole entre les territoires contrôlés par l'EI et la Turquie.

Les deux dirigeants ont convenu de poursuivre leur dialogue en marge de la prochaine conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Paris.