Dernière mise à jour à 08h49 le 02/02
Le président français François Hollande (R) et son homologue cubain Raul Castro lors d'une conférence de presse conjointe après leur réunion à l'Elysée à Paris, en France, le 1er février 2016.(Xinhua/Theo Duval) |
La France veut accompagner Cuba vers "l'ouverture et le développement", en investissant dans différents secteurs d'activités, comme le tourisme, le transport, l'énergie et l'agroalimentaire, a déclaré lundi soir le président français François Holland à l'issue de sa rencontre avec son homologue cubain, Raul Castro, en visite officielle historique de deux jours en France.
"Nous voulons accompagner Cuba vers la voie que ce pays a choisi, l'ouverture et le développement. Et l'ouverture passe d'abord par les échanges économiques. De nombreuses entreprises françaises sont présentes à Cuba et la France fait partie des principaux partenaires commerciaux", a expliqué M. Hollande à l' Elysée lors d'une déclaration commune avec Raul Castro.
Selon le président français, une feuille de route pour la coopération dans des secteurs tels que le tourisme, les transports, le développement urbain, l'énergie et l'agroalimentaire a été signée entre les deux pays.
"Tous les secteurs sont désormais ouverts. Et cela a été possible par un accord qui est intervenu le 12 décembre 2015. Ce même jour à Paris une négociation s'est conclue et a permis de lever ce qui été un fardeau pour Cuba c'est-à-dire sa dette", a-t-il indiqué. Et grâce à cet effacement de la dette, ajoute le président français, il peut y avoir un accord encore plus riche entre la France et Cuba.
La France a décidé d'annuler à l'instar des autres créanciers, des intérêts de retard (3,7 milliards d'euros), et verra la totalité du principal et des intérêts originels (530 millions d'euros) apurés.
La France veut aller au-delà de cet accord multilatéral en consentant un effort bilatéral additionnel sous forme de conversion de créances, sur la moitié des arriérés (212 millions d'euros). Cela signifie selon le président Hollande que la France établira un fonds franco-cubain doté de 212 millions d'euros qui servira à accélérer les projets franco-cubains à Cuba en finançant une part des coûts locaux de ces projets.
Cuba devait une dette de 11,9 milliards de dollars à ses créanciers (n'inclut pas les Etats-Unis ni la Russie) membres du Club de Paris, dont 4 milliards de dollars de créances françaises, selon un document de la présidence française. Et c'est après 30 ans de cessation de paiement qu'un accord a été signé le 12 décembre 2015, indique la même source.
La visite de Raul Castro en France, une première pour un dirigeant cubain, ouvre selon M. Hollande, une nouvelle page de l'histoire entre la France et Cuba. Mais aussi entre l'Europe et Cuba, et demain entre le monde et Cuba.
M. Hollande a également promis d'intervenir au niveau de l'Union européenne (UE) pour lever des "derniers obstacles" afin de permettre à Cuba de jouer pleinement son rôle.
"Parce que nous voulons que Cuba puisse être accompagné, qu'il puisse jouer pleinement son rôle, la France fera tout au niveau de l'UE pour que les derniers obstacles puissent être levés", a dit le président français.
Par ailleurs, M. Hollande a rappelé la position de la France qui a toujours été pour la levée de l'embargo. "Cet embargo, ce blocus doivent être maintenant effacés pour que Cuba prenne pleinement sa place. C'est la volonté de ce pays et de la communauté internationale", a-t-il insisté.
Pour le dirigeant cubain, Raul Castro, cette première visite d'un leader cubain en France et dans un pays de l'UE, explique l'excellent état des relations entre Cuba et la France. Et traduit la volonté partagée des deux gouvernements de "consolider le dialogue politique au plus haut niveau".
"Nous ratifions notre volonté d'élargir et de diversifier les relations bilatérales avec la France dans tous les domaines, politiques, économiques, commerciaux, financiers et de coopération universitaires et culturelles", a confirmé M. Castro.
Il a estimé que la signature de l'accord bilatéral sur la dette de Cuba envers la France créée des conditions plus favorables au développement de relations financières et à la réalisation de nouveaux plans et projets communs.
"Le 12 décembre dernier, Cuba a signé un accord important avec les pays créanciers membres du groupe ad hoc du club de Paris. Nous savons une fois de plus le rôle que le gouvernement français a joué et la position constructive qu'il a occupé pour parvenir à ce résultat important", a expliqué Raul Castro.
Selon lui, cet accord ouvre une nouvelle étape dans les relations économiques, commerciales et financières avec ces pays (créanciers) et facilitera l'accès aux financements à moins et long terme dont Cuba a besoin pour procéder aux investissements prévus dans le cadre de son plan de développement.
En plus d'accompagner Cuba dans le cadre de son plan de développement économique et social, la France a joué un rôle important pour ouvrir une nouvelle étape dans les relations entre l'UE et Cuba, basée sur le "respect et la réciprocité", a dit le dirigeant cubain.
"Nous apprécions à sa juste valeur la position traditionnelle de la France en faveur de la levée du blocus appliqué par les Etats-Unis et qui constitue le principal obstacle à notre développement", a-t-il ajouté.
Bien que la France et Cuba soient des Etats aux réalités historiques, culturelles, et système politique différents, Raul Castro estime que les relations amicales, "utiles et respectueuses" qu'ils maintiennent sont la preuve qu'ils peuvent avoir des objectifs et projets communs qui contribuent au développement de leurs nations et de l'humanité entière.