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Le Japon devrait tirer des leçons de Tchernobyl

Xinhua | 24.05.2016 15h04

La mauvaise gestion des répercussions de la catastrophe nucléaire de Fukushima par le gouvernement japonais a eu des conséquences graves, et c'est en partie dû au fait que le Japon n'a rien appris de la tragédie de Tchernobyl, selon un expert russe en radiations.

Pour commencer, le Japon a réitéré l'erreur de l'ex-Union soviétique en atténuant les conséquences désastreuses de l'incident, a déclaré Valery Stepanenko, spécialiste de premier plan dans la dosimétrie médicale et environnementale et la sûreté radiologique, lors d'une récente interview accordée à Xinhua.

Au lieu de rapporter au bon moment les informations complètes au public, le gouvernement japonais a depuis le début tenté de cacher la vérité, perdant ainsi un temps précieux pour l'évacuation des personnes de la zone touchée, a indiqué l'expert.

Après la catastrophe ont émergé de nombreux mensonges et informations contradictoires, ce qui a rendu impossible de déterminer le niveau d'exposition à l'iode radioactif des femmes enceintes et des enfants utilisant l'eau du robinet.

"Il y a eu de nombreux rapports sur la nécessité d'élaborer des normes internationales pour fournir des informations à temps après de tels accidents, mais il n'y a jusqu'à présent pas eu de progrès constatés, sans doute en raison de la complexité de l'élaboration de telles normes", a estimé M. Stepanenko.

Il a également appelé à immédiatement rendre public les données des niveaux de radiation après un tel accident, en particulier le niveau d'exposition interne des résidents qui ont bu de l'eau polluée dans la zone touchée, car une telle exposition constitue une réelle menace pour la glande thyroïde.

Lors de la première phase de l'accident de Fukushima, "un nombre très limité d'analyses pratiques des niveaux de radiation dans la population ont été menées", a révélé M. Stepanenko.

"Par la suite, le Japon a commencé à effectuer des contrôles très détaillées des enfants et des adolescents qui avaient été exposés aux radiations, mais ces données n'ont pas été révélées" a-t-il fait savoir.

"Les niveaux de radiation subie par les enfants à ce moment restent inconnus, mais ils sont très importants pour définir un traitement de suivi approprié", a déclaré l'expert russe.

Les conséquences sont désastreuses. Jusqu'ici, plus de 160 adolescents dans la préfecture de Fukushima ont été diagnostiqués atteints d'un cancer de la thyroïde, selon un rapport publié par l'autorité sanitaire locale.

Cependant, le gouvernement de Fukushima a réfuté le lien entre la maladie et l'accident nucléaire de mars 2011. Certains experts japonais ont affirmé que rien ne pouvait prouver la relation entre le cancer de la thyroïde et les radiations.

M. Stepanenko a indiqué avoir essayé de trouver pourquoi il n'y avait pas eu d'analyse rétrospective des niveaux de radiation reçus par la population, mais est revenu les mains vides, même après toutes ces années.

Selon M. Stepanenko, la crise de Fukushima a été un indicateur que les centrales nucléaires ne devraient pas être construites dans des zones à forte activité sismique, et que celles construites dans ces zones devraient être fermées.

Plusieurs centrales nucléaires du Japon sont construites sur la côte, où un tremblement de terre, un tsunami, ou une combinaison des deux, pourrait arriver à tout moment.

"En effet, vous pouvez construire un mur pour résister à un tsunami. La centrale de Fukushima avait un mur de six mètres de haut, mais les vagues, atteignant une hauteur de 12 à 13 mètres, ont tout de même détruit la centrale", a poursuivi M. Stepanenko.

Après l'accident de Fukushima, les Japonais ont commencé à reconnaître leurs erreurs et ont commencé à faire rénover leur réseau d'énergie nucléaire en tenant compte des nouvelles exigences en matière de sécurité émises après 2011, a indiqué l'expert.

Les fuites de matériaux radioactifs polluent encore l'eau souterraine de Fukushima, qui se jette ensuite dans le Pacifique en quantités innombrables. Les consommateurs des pays voisins du Japon sont très prudents concernant la consommation de nourriture importée venant des alentours de Fukushima.

Il y a trois décennies, la poussière de radiation a menacé une superficie considérable de l'Europe après l'accident de Tchernobyl. De même, la population touchée par la crise de Fukushima n'est pas seulement le peuple japonais.

Compte tenu du fait que les Etats-Unis ont déclaré avoir enregistré des niveaux élevés de radiation sur la côte Pacifique, les voisins du Japon devraient être reconnaissants des vents soufflant vers l'est après la catastrophe de Fukushima, a déclaré M. Stepanenko.

"Qui sait dans quelle direction le vent soufflera la prochaine fois qu'un autre accident nucléaire surviendra dans un pays avec des risques élevés de séisme?" s'est interrogé M. Stepanenko.

(Rédacteurs :Qian HE, Wei SHAN)
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