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Le rapprochement américano-vietnamien ne changera rien aux relations sino-vietnamiennes

le Quotidien du Peuple en ligne | 24.05.2016 16h04

Actuellement en visite au Vietnam, le Président américain Barack Obama a annoncé le 23 mai que les États-Unis levaient entièrement l'interdiction des ventes d'armes au Vietnam, ce qui a immédiatement suscité l'attention et des interprétations des médias occidentaux. CNN a ainsi rapidement rapporté une nouvelle, selon laquelle les dirigeants des deux pays ont annoncé leur décision de renforcer la coopération bilatérale en matière de défense. L'article de CNN s'est également empressé de l'interpréter comme un rapprochement entre les États-Unis et le Vietnam pour faire conjointement face au renforcement militaire de la Chine dans la région. De son côté, l'AFP estime que la levée de l'embargo doit être entendu comme un avertissement lancé par les États-Unis à la Chine au sujet du différend portant sur la mer de Chine méridionale. Bien sûr, s'interroger sur la coopération entre les États-Unis et le Vietnam est compréhensible, mais dans les tentatives pour la comprendre, mettre en avant le problème de la mer de Chine méridionale, vouloir porter atteinte aux relations sino-vietnamiennes, il est inévitable qu'on puisse suspecter des spéculations malveillantes, et il se pourrait bien que cela ne corresponde pas aux faits.

La visite de Barack Obama au Vietnam est tout sauf de « l'improvisation ». En juillet 2013, lors de la visite du Président vietnamien d'alors Truong Tan Sang aux Etats-Unis, Barack Obama avait annoncé la création d'un « partenariat global » entre les Etats-Unis et le Vietnam. A l'époque, le Président américain avait aussi annoncé son projet de visite du Vietnam durant son mandat. La visite actuelle de Barack Obama, en fait, est le respect d'un « engagement » par les États-Unis.

Ces dernières années, aux États-Unis comme au Vietnam, les voix ne manquent pas de s'exprimer en faveur d'un soutien à la coopération entre les deux pays. Sur le plan économique, les deux pays espèrent élargir leur coopération économique et commerciale. Depuis les années 1990, époque de la reprise du commerce entre les États-Unis et le Vietnam, celui-ci est rapidement devenu l'un des partenaires commerciaux les plus importants des États-Unis. Aux yeux des États-Unis, le Vietnam, avec sa population de plus de 90 millions d'habitants, est en train de devenir une « puissance moyenne », avec un potentiel de développement, et les États-Unis espèrent ouvrir le commerce et l'investissement sur le marché vietnamien. De son côté, le Vietnam espère que les États-Unis pourront les aider à atteindre un développement économique durable, et il souhaite également pénétrer davantage sur le marché américain ; c'est une des raisons majeures qui l'ont poussé à adhérer à l'Accord de partenariat trans-pacifique, initié par les Etats-Unis.

Sur le plan politique, les deux parties sont décidées à renforcer la communication. Avec la mise en œuvre de leur stratégie « de rééquilibrage en Asie-Pacifique », l'influence des États-Unis dans les affaires régionales s'est renforcée. Le Vietnam est un pays relativement important tant dans la péninsule indochinoise que dans l'ASEAN. Et les deux pays conviennent qu'il est nécessaire de communiquer en matière de positions sur les questions régionales.

Dans le domaine de la sécurité, le Vietnam et les Etats-Unis ont aussi l'intention de collaborer. Le Vietnam s'est engagé dans un processus de modernisation militaire, et après la levée de l'embargo, il pourrait profiter de l'occasion pour renforcer le commerce des armes avec les États-Unis. Aux Etats-Unis, des voix s'expriment en faveur d'un renforcement de la coordination avec le Vietnam sur le sujet de la mer de Chine méridionale, et même appelé à l'inclusion du Vietnam dans le système de sécurité dirigé par les Etats-Unis.

Malgré les besoins mutuels, la principale force motrice qui se trouve derrière le progrès des relations américano-vietnamiennes vient des États-Unis. Ces dernières années, les États-Unis ont encouragé le Vietnam à avoir davantage d'échanges de haut niveau, de coopération militaire et de développer des liens commerciaux avec eux. Dans la stratégie Asie-Pacifique de Barack Obama, la promotion du développement de partenariats avec les pays de la région est une partie importante du niveau diplomatique. Le développement rapide des relations américano-vietnamiennes va faire partie de l'héritage politique d'Obama.

Parce qu'ils ont des besoins mutuels, les Etats-Unis et le Vietnam se sont rapidement rapprochés. Ainsi, la visite « fort opportune » de Barack Obama tombe à point nommé, favorisant ainsi la coopération bilatérale. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant un soudain réchauffement de l'« amitié » entre les États-Unis et le Vietnam, pas plus que cette coopération est indestructible, et pas davantage encore que les États-Unis peuvent espérer « kidnapper » le Vietnam, et en faire un outil pour contenir la Chine. Parce que la confiance mutuelle stratégique entre les États-Unis et le Vietnam est loin d'être établie, le Vietnam doit d'autant plus se montrer vigilant face à une intervention des États-Unis dans ses affaires intérieures.

Plus important encore, dans la stratégie nationale du Vietnam, l'approfondissement des relations avec la Chine est l'un des contenus importants. Pour le Vietnam, la Chine est un important partenaire commercial, mais le maintien de relations sino-vietnamiennes stables est essentiel pour la sécurité et le développement de celui-ci. L'an dernier, le président chinois Xi Jinping a fait une visite réussie au Vietnam, et le partenariat bilatéral stratégique de coopération globale est allé de l'avant. Le Vietnam participe activement à la stratégie « Une ceinture et une route » et à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures initiées par la Chine, entre autres mécanismes. C'est pourquoi le Vietnam n'aura pas à choisir son camp entre la Chine et les Etats-Unis.

La Chine et le Vietnam sont des voisins inamovibles, il sera difficile de couper les liens entre les deux pays, et l'espace de coopération entre eux est vaste. De son côté, la Chine poursuit une politique de bon voisinage, de sécurité et de prospérité, et elle gère ses relations avec le Vietnam conformément au concept de relations diplomatiques « proximité-sincérité-bénéfice-inclusivité ». Même s'il y a des différences entre la Chine et le Vietnam, elles ont aussi la capacité d'être complètement résolues par la voie de la négociation, il n'y a pas besoin de forces extérieures pour intervenir. La coopération américano-vietnamienne n'a nul besoin de viser à la Chine, et elle ne modifiera pas les relations entre la Chine et le Vietnam.

(L'auteure Su Xiaohui est directrice adjointe de l'Institut international d'études stratégiques de l'Institut chinois des études internationales.)

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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