Dernière mise à jour à 08h24 le 13/07
Dans un courrier adressé au président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de janvier et de novembre 2015, le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a fait part mardi de sa réserve sur la refonte des services de lutte antiterroriste préconisée par la commission, reconnaissant néanmoins la nécessité d'une "plus grande centralisation dans l'analyse globale de la menace".
Alors que le rapport de la commission d'enquête remis mardi au président de l'Assemblée nationale préconise la création d'une Direction générale du renseignement territorial, le ministre redoute que cette nouvelle entité "ne relance une concurrence dommageable avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)".
M. Cazeneuve craint en effet que la création d'une telle entité "n'aboutisse à un retour aux errements du passé avec des rivalités comparables à celles qu'avaient connues la Direction de la surveillance du territoire (DST) et la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG)", qui avaient fusionné en 2008, rappelle le journal Le Monde.
D'après le ministre, cette dualité pourrait troubler l'image de la DGSI et ainsi nuire aux relations bilatérales construites avec ses homologues à l'étranger, ajoute le quotidien.
Ainsi, Bernard Cazeneuve réaffirme-t-il son attachement à "une structure fortement charpentée autour de deux services antiterroristes puissants", l'un consacré à l'intérieur, la DGSI, et l'autre à l'extérieur, la DGSE.
Il reconnaît néanmoins la nécessité de "renforcer les liens entre police et gendarmerie nationales au sein du Service central du renseignement territorial (SCRT)", qui dépend de la police nationale, soulignant que "des initiatives seront prises pour améliorer la mutualisation de leurs outils informatiques, dans l'esprit des préoccupations formulées par le rapport".
"A défaut d'une agence nationale, Bernard Cazeneuve reconnaît qu'une 'plus grande centralisation dans l'analyse globale de la menace' pourrait être placée sous l'autorité de l'actuel Coordonnateur national du renseignement, rattaché au président de la République", ajoute Le Monde.
Sur les trente-neuf propositions formulées dans le rapport, le ministre de l'Intérieur semble surtout convaincu par trois suggestions: le renforcement du Coordonnateur du renseignement ; une meilleure association de la gendarmerie nationale aux services spécialisés ; et l'engagement d'une réflexion pour "préciser le positionnement" de la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), conclut Le Monde.