Toulouse : 11e Table ronde des maires français et chinois

Image : La 11e édition de la Table ronde des maires français et chinois a eu lieu à Toulouse et à Paris, en France, du 26 au 27 septembre 2016. (Photo / Tuo Yannan)

La 11e édition de la Table ronde des maires français et chinois s'est déroulée du 26 au 27 septembre 2016 à Toulouse et à Paris ; le thème de cette année, qui était « Les villes en mutation », avait pour ambition de s'interroger sur les grandes questions communes auxquelles sont confrontées les municipalités des deux pays sur le développement durable et l'économie circulaire. Zhang Dejiang, le Président de l'Assemblée nationale populaire de Chine, s'est présenté lors de la cérémonie de clôture, affirmant l'impact positif de cette plate-forme dans les échanges régionaux bilatéraux.

Pour cette 11e édition, la délégation chinoise était composée de représentants des municipalités de Chongqing, Baoding, Cangzhou, Chuzhou, Xuchang, du Nouveau District de Gui'an, de Qujing et Honghe. Pour le côté français étaient présentes Besançon, Châteauroux, Clermont-Ferrand, Limoges, Lyon, Montpellier, Mulhouse et Nice. (Lire aussi : Toulouse veut devenir la deuxième porte d'entrée des Chinois en France)

Toulouse, la ville hôte de la table ronde de cette année, a une longue expérience en matière de coopération avec la Chine. Ville jumelle de Chongqing depuis 1982, Toulouse a également noué des liens avec d'autres municipalités chinoises, comme Tianjin et Shenzhen, dans les domaines de l'aviation, du football et d'autres industries. En 2015, le Shandong Hi-Speed Group a acquis 49,99% des capitaux de l'aéroport de Toulouse-Blagnac. La même année en juillet, le Premier ministre Li Keqiang a rencontré son homologue français Manuel Valls à Toulouse à l'occasion de la cérémonie de clôture du Sommet économique sino-français. Dans le futur, la Ville Rose souhaite participer aux politiques du développement de l'Ouest de la Chine pour l'ouverture de vols directs entre les régions du Sud-ouest de la Chine et du Sud de la France et de l'Europe, dans le but de faciliter les échanges économiques locaux tout en exploitant les riches ressources touristiques de l'Occitanie.

Dans les domaines des énergies renouvelables et la gestion des déchets, la France est à la pointe dans le monde. Le maire adjoint de Mulhouse Philippe Maitreau a présenté la techonologie de production de l'électricité à partir des déchets de bois. La ville possède aussi une riche expérience dans les piles à combustible, qui permet de résoudre le problème de la faible efficacité énergétique des poêles à gaz traditionnels. Les groupes français tels que Dassault, Schneider et SUEZ ont tour à tour présenté leurs projets innovants à la délégation chinoise. Par exemple, la technologie intelligenente de gestion en 3D des villes de Dassault permettra d'établir la modélisation virtuelle d'une ville pour résoudre ses multiples problèmes de gouvernance par des moyens analogiques, comme la conception des zones vertes, la gestion des transports, la distribution de l'énergie et la planification urbaine. Ce système a déjà été appliqué à Singapour. Schneider a présenté ses nombreux projets de collaboration avec les villes chinoises dans l'efficacité des énergies combustibles fossiles, la normalisation des émissions et l'optimisation de l'énergie locale. Suez a quant à lui mis l'accent sur la façon d'augmenter la compétitivité de la ville grâce à ses technologies environnementales, par exemple la récupération de la chaleur générée dans le traitement des déchets pour réchauffer les serres de légumes.

Certains représentants chinois ont rapidement exprimé leur intérêt. Zhang Lin, le maire adjoint de la ville de Cangzhou, dans la province du Hebei (proche de Beijing), a expliqué le programme de planification de la ville, qui envisage de construire dans le futur trois à quatre centrales électriques basées sur le traitement des déchets, ainsi que trois usines de traitement de l'eau.

Gil Averous, le maire de Châteauroux, a présenté les collaborations de sa ville avec la Chine dans le domaine de l'éducation supérieure. La ville va bientôt accueillir ses premiers étudiants venant de Chine et s'ouvre ainsi à d'autres sollicitations de coopération avec les villes chinoises. L'appel de Châteauroux a reçu une réaction attentive de Yu Shanggui, le gouverneur adjoint du Nouveau District de Gui'an, dans la province du Guizhou (sud-ouest de la Chine). Nouvelle ville de 1 800 kilomètres carrés approuvée en 2014 par le gouvernement chinois comme l'un des districts exemplaires de développement économique de la province du Guizhou, une région relativement fermée, Gui'an envisage d'introduire des technologies nouvelles et les big data pour bâtir sa propre compétitivité, avec en outre un projet de campus universitaire pour regrouper 12 établissements de l'enseignement supérieur avec une capacité d'accueil de 250 000 étudiants dans l'avenir.

Dans le domaine de la protection du patrimoine culturel, Zhang Dingchao le vice-directeur de la préfecture de Honghe, dans la province du Yunnan (sud de la Chine), a présenté la riche culture locale et la biodiversité de la région. Le Dongzutaige, la musique traditionnelle du peuple de l'ethnie Dong, une de plus connues de cette région, a été inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de l'UNESCO en 2006. Profitant de l'occasion de la table ronde, Zhang Dingchao a proposé aux acteurs français d'identifier une ville française susceptible d'établir une relation de jumelage, et d'établir dans le futur des coopérations au niveau de la protection du patrimoine culturel.

La Table ronde des maires français et chinois a connu sa première édition en 2004, sous l'égide du Comité France-Chine et de l'Institut du Peuple chinois des Affaires étrangères. Les rendez-vous annuels s'organisent alternativement dans une ville française et chinoise. Cette plate-forme, qui tente d'intégrer les expériences et les technologies innovantes de la part des acteurs français dans le processus fluctuant de l'urbanisation des villes chinoises, témoigne de l'amitié entre les deux pays, qui dépasse déjà le niveau des Etats pour pénétrer dans les contacts quotidiens entre les populations locales, avec une réelle préoccupation d'encadrer le développement durable et l'économie circulaire avec une méthode pragmatique d'apprentissage et de réappropriation.