Dernière mise à jour à 08h58 le 08/10
Le Président Juan Manuel Santos (Chris Jackson - Getty Images) |
Le Président colombien Juan Manuel Santos a reçu le Prix Nobel de la paix vendredi pour ses efforts visant à mettre fin à une guerre civile qui déchire son pays depuis près de 60 ans, malgré le choc du rejet d'un accord de paix avec les rebelles des FARC par les électeurs colombiens il y a quelques jours. Le Comité Nobel norvégien a déclaré qu'il avait pris la décision en raison des efforts cruciaux de M. Santos pour mettre fin à la violence dans ce qui est l'un des plus longs conflits en cours dans le monde.
Mais le prix décerné à M. Santos a été une surprise en raison de l'incertitude quant à savoir si la paix tiendra après que le peuple colombien ait rejeté l'accord par vote dimanche dernier. De nombreux Colombiens le considèrent comme trop généreux envers la milice de gauche qui a lutté contre le gouvernement colombien depuis les années 1960. « Il existe un réel danger que le processus de paix se retrouve au point mort et que la guerre civile éclate à nouveau », a déclaré Kaci Kullmann Five, un ancien politicien norvégien qui est maintenant président du Comité Nobel norvégien. « Nous espérons que cela encouragera toutes les bonnes initiatives et toutes les parties qui pourraient faire une différence dans ce processus en Colombie ».
Parmi les surprises de ce prix figure le fait qu'il a été offert au Président colombien seul, plutôt qu'à Juan Manuel Santos et son partenaire dans les efforts de paix, le chef des rebelles des FARC, Rodrigo Londoño, qui se fait aussi appeler Timochenko. La guerre, qui dure depuis 52 ans, a coûté la vie à 220 000 personnes et déplacé 7 millions d'autres. M. Santos avait convoqué le référendum de dimanche dernier, espérant une ratification facile d'un effort de paix attendu depuis de longues années. Au lieu de cela, il a perdu par une marge infime de 50,21 contre 49,78%, plongeant l'accord dans l'incertitude.
« Nous devons décider quel chemin prendre pour que la paix soit possible », a déclaré M. Santos à la suite du référendum. « Je ne vais pas abandonner ». Rodrigo Londoño, qui a participé aux négociations de l'accord de La Havane, a également dit qu'il restait attaché à la paix.
Le comité du Prix Nobel avait enregistré un nombre record de 376 candidatures cette année pour le prestigieux prix. Parmi les autres prétendants de cette année figuraient les négociateurs de l'accord sur le nucléaire iranien, les activistes syriens qui sauvent les victimes de bombardements, et Svetlana Gannushkina, une ardente avocate des droits des migrants en Russie. Le Prix Nobel de la paix, qui a été décerné la première fois en 1901 au Suisse Henri Dunant, fondateur de la Croix Rouge, et au Français Frédéric Passy, fondateur de la Société française pour l'arbitrage entre nations, précurseur de la Cour permanente d'arbitrage, est le plus prestigieux de la série des prix dotés par l'industriel suédois Alfred Nobel.