Dernière mise à jour à 08h13 le 09/11
La sécurité est la priorité du gouvernement pour soutenir le tourisme en France, selon le Premier ministre français Manuel Valls, qui a dévoilé par communiqué ce lundi une dizaine de mesures à l'issue d'un comité interministériel dédié à ce secteur en baisse notable depuis janvier 2016.
Bien que la France reste la première destination touristique au monde en 2015 avec 85 millions de touristes accueillis, selon les chiffres communiqués le 3 novembre dernier par le Quai d'Orsay, la clientèle internationale a reculé de 8,1% entre janvier et octobre 2016 (-16,5% au mois d'août) par rapport à la même période en 2015, et 1,8 million de touristes étrangers et français de moins ont visité la région Ile-de-France par rapport à la même période l'année dernière.
Manuel Valls a reconnu l'impact des attentats de novembre 2015 à Paris et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et en juillet dernier à Nice (Alpes-Maritimes) sur le tourisme en France. "Si, après les attentats de janvier 2015, une résilience avait été constatée, les attentats de novembre 2015 puis de juillet 2016 ont modifié la perception que les touristes étrangers ont de notre pays, mais aussi fragilisé le tourisme des Français vers la capitale", a-t-il souligné.
Pour faire face à cette baisse, le gouvernement a annoncé la mise en place d'un plan de soutien d'un montant d'environ 42 millions d'euros, dont 15 millions seront dédiés au renforcement de la sécurité des touristes, notamment en Ile-de-France. Plusieurs sites dont la fréquentation est en recul, tels que les musées du Louvre et d'Orsay ou encore le château de Versailles, verront leur sécurité renforcée grâce à un apport de l'Etat français d'un montant de 9 millions d'euros.
Autre mesure annoncée, la mise en place de commissariats ambulants à travers l'acquisition d'une trentaine de fourgons-postes mobiles permettant aux touristes victimes de vols ou d'agressions de porter plainte sans se rendre dans un commissariat : "cette mesure répond aux besoins des touristes en circuit organisé qui ne peuvent pas passer plusieurs heures dans un commissariat et qui ont cependant besoin d'obtenir un certificat pour se faire indemniser par leur compagnie d'assurance", a précisé le bureau du Premier ministre.
Manuel Valls a rappelé qu'en France, le tourisme représente 7,5% de la richesse, près de deux millions d'emplois, et contribue positivement à la balance commerciale du pays (+6,8 milliards d'euros en 2015).
"Au-delà de cet apport économique considérable, le tourisme est un formidable vecteur d'attractivité et de rayonnement pour notre pays. C'est également dans ce cadre que le développement du tourisme domestique (2/3 des recettes touristiques) doit être soutenu", a-t-il indiqué.
Enfin, dix millions d'euros seront alloués au renforcement de l'image de la France auprès des touristes français et étrangers.
Selon les chiffres communiqués par le Quai d'Orsay, le nombre de nuitées à Paris de janvier à mi-octobre 2016 a reculé de 20,8% (-11,8% pour la clientèle internationale). La fréquentation de la clientèle japonaise a fortement baissé (-39%), de même que la clientèle chinoise (-23%). Les touristes allemands et américains ont également été moins nombreux sur cette période avec des baisses respectives de 10,8 et 4%.
Le Quai d'Orsay a indiqué que toutes zones géographiques confondues, la baisse de fréquentation la plus importante concernait l'Asie. "Les touristes asiatiques représentent aujourd'hui 3% des visiteurs internationaux en France, mais sont amenés à beaucoup augmenter en volume. L'Asie a la plus grande capacité d'augmentation. D'autre part, la clientèle asiatique dépense beaucoup (1.600 euros par séjour, plus du double d'un touriste américain)." En outre, "2,2 millions de touristes chinois ont séjourné en France en 2015", et l'objectif est d'en accueillir "5 millions en 2020".
En 2015, le tourisme asiatique avait augmenté de 30% grâce à des mesures de facilitation des demandes de visa prises par le ministère français des Affaires étrangères et du Développement international (délivrance en moins de 48h ou moins de 24h pour les groupes).
Pour le ministère, les causes conjoncturelles de la baisse observée en 2016 tiennent notamment "à la mise en place de centres délocalisés de biométrie sur le territoire chinois (passage de 9 à 15 qui a engendré un effet report dans les régions concernées, les tours opérateurs attendant leur installation).
L'autre cause est liée à une perception de l'insécurité à la suite des attentats et d'actes de délinquance (agressions de touristes asiatiques et de résidents d'origine asiatique, très médiatisées et relayées sur les réseaux sociaux).