Dernière mise à jour à 08h47 le 23/11
Dans une résolution adoptée mardi, le Parlement européen (PE), réuni en session plénière à Strasbourg, appelle à la mise sur pied d'une "Europe de la défense". Les eurodéputés préconisent de consacrer 2% du PIB à la défense et de créer un quartier général européen pour intensifier la coopération afin de faire face aux menaces en matière de sécurité, notamment face au terrorisme.
"Notre Union n'est pas équipée pour faire face à des défis majeurs en matière de défense. Depuis près de 30 ans, la majorité des États membres réduisent leurs budgets de défense, ce qui entraîne des forces armées plus petites, la coopération entre les États membres est occasionnelle et l'Europe continue de s'appuyer largement sur les capacités de l'OTAN et sur la solidarité américaine", a déclaré le rapporteur Urmas Paet, lors du débat, lundi soir, qui a précédé le vote, mardi.
"L'élan vers une politique de défense européenne est venu", a affirmé l'eurodéputé libéral estonien.
En septembre dernier, à Strasbourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, dans son discours programmatique annuel devant le Parlement européen, avait d'ailleurs lancé : "L'Europe ne peut plus se contenter d'être une puissance douce", "Une Europe qui protège est une Europe qui se défend". Avant de prôner la création d'un quartier général européen de la défense pour communautariser les ressources militaires.
La résurgence de conflits "chauds" aux frontières de l'Union européenne (UE) et les signes de dégradation de la situation en matière de sécurité en son sein ont fait resurgir sur le devant de la scène la question de la défense commune dont les Européens parlent depuis des décennies. L'idée d'une "Europe de la Défense" ne date en effet pas d'hier. Mais l'UE ne dispose toujours pas d'une armée commune, telle que l'avait prévu le projet de Communauté européenne de défense rejeté par la France en 1954.
"La situation en matière de sécurité dans et aux abords de l'Europe s'est considérablement aggravée au cours des dernières années, en raison de défis tels que le terrorisme, les menaces hybrides ou l'insécurité cybernétique et énergétique qu'aucun pays n'est capable de résoudre seul", relève la résolution approuvée mardi par 369 voix pour, 255 contre, et 70 abstentions.
"La solidarité et la résilience obligent l'Union à faire front et agir à l'unisson et de manière systématique", insiste le texte. Les eurodéputés plaident que "l'UE réagisse plus rapidement et plus fermement aux menaces réelles qui exigent que les forces armées européennes collaborent plus étroitement". Selon eux, les doubles emplois, la surcapacité et les entraves imposées aux acquisitions militaires entraîneraient des pertes annuelles de 26,4 milliards d'euros.
La résolution demande par ailleurs au Conseil européen de mener la création d'une politique commune de défense de l'Union et de fournir des ressources financières supplémentaires pour assurer sa mise en oeuvre. Elle préconise la mise sur pied d'un quartier général de l'UE pour planifier et commander des opérations de gestion de crise.
Les États membres de l'UE devraient s'efforcer de consacrer 2% du PIB à la défense (parmi les 27, nombreux sont au dessous de ce seuil) et créer des forces multinationales au sein de la coopération structurée permanente en mettant ces forces à la disposition de la politique de sécurité et de défense commune, ajoute le texte.
Les eurodéputés demandent également que le marché européen de la défense soit rendu "équitable, accessible et transparent" et que l'UE investisse dans des projets de recherche dans le domaine de la défense à hauteur "d'au moins 90 millions d'euros au cours des trois prochaines années".
Ils évoquent un programme européen distinct de recherche en matière de défense avec un budget annuel de 500 millions d'euros.
Le Parlement européen souligne par ailleurs dans sa résolution que l'UE et l'OTAN devraient coopérer davantage, en particulier dans l'Est et le Sud, mais que l'UE devrait également être prête à agir de manière autonome dans les cas où l'OTAN ne serait pas prête à prendre l'initiative.
Mercredi, les eurodéputés doivent également voter une résolution séparée sur la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Le projet de texte propose de "réviser radicalement la politique de sécurité et de défense commune et de lancer une opération de formation en Irak pour soutenir les États membres impliqués dans la coalition contre l'État islamique".