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Primaire droite : "un combat programme contre programme"

Xinhua | 24.11.2016 08h05

Après un premier tour haut en couleur où le choix s'est davantage fait sur la personnalité des candidats, les électeurs de droite et du centre se préparent à trancher, cette fois-ci, sur la base du programme des deux candidats : celui jugé "radical et conservateur" de François Fillon et celui "pondéré et ouvert" vers le centre d'Alain Juppé.

Bien qu'ils soient tous deux de droite, avec en toile de fond les mêmes grandes orientations économiques, le programme de ces deux anciens Premiers ministres qualifiés pour le second tour de la primaire n'est pas pour autant identique.

Des différences notables à la fois au niveau de l'économie, des questions de société, de la politique internationale, etc. qui vont sans doute peser lors du second tour prévu dimanche prochain.

Sur le plan économique le programme de M. Fillon est jugé plus radical : il prévoit 100 milliards de réduction de la dépense publique et la suppression d'au moins 500.000 postes de fonctionnaires sur cinq ans, l'augmentation de la durée du travail de 35 à 39 heures hebdomadaire dans la fonction publique dès 2017 ou encore une augmentation de la TVA de 16 milliards d'euros.

M. Juppé préconise la même réforme sans aller aussi loin que son concurrent : il propose la suppression de 250.000 postes de fonctionnaires, ainsi qu'une baisse de la dépense publique entre 85 à 100 milliards. Le maire de Bordeaux prévoit aussi d'augmenter le temps de travail, mais seulement après négociations avec les partenaires sociaux, et une augmentation de la TVA de 6 milliards d'euros.

Autre point de désaccord : M. Fillon veut aligner le régime des retraites sur celui du privé pour tous les fonctionnaires, alors que M. Juppé le prévoit uniquement pour les nouveaux embauchés.

Sur les questions de société, les deux candidats se distinguent par leurs prises de position sur des sujets aussi sensibles que le mariage homosexuel.

Si Alain Juppé promet de maintenir la loi sur le "mariage pour tous", François Fillon propose sa réécriture partielle, en retirant l'adoption "plénière" (absence de lien de parenté avec les parents biologiques) aux couples homosexuels.

Il annonce dans le domaine de l'éducation une scolarité obligatoire dès 5 ans (contre 6 aujourd'hui) et la possibilité du port de l'uniforme dans les écoles, alors qu'Alain Juppé a pour priorité le renforcement de l'éducation à la base, à savoir la maternelle et la primaire.

A l'international, la lutte contre l'Etat islamique est au centre des préoccupations des deux candidats. Pour éradiquer Daech, M. Fillon propose une coalition avec la Russie ainsi qu'une alliance avec Bachar el-Assad. L'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy souhaite également la levée de l'embargo contre la Russie et la reprise de la coopération avec Moscou.

Quant au maire de Bordeaux, il dénonce l'alliance de la Russie avec le régime syrien ainsi que l'annexion de Crimée. M. Juppé reconnaît toutefois que la Russie est "un partenaire incontournable" avec qui "il faut parler franchement". Mais il estime que le retour de la paix en Syrie est synonyme du départ du fils de Hafez el-Assad.

Les deux candidats s'accordent toutefois sur un certain nombre de sujets, notamment sur la retraite à 65 ans, la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), la fin des 35 heures, l'augmentation du salaire des enseignants et du pouvoir d'achat de la classe moyenne par la baisse des cotisations familiales ou encore la suppression de l'encadrement des loyers.

En attendant le débat télévisé prévu jeudi entre les deux candidats, la "guerre" des programmes a déjà commencé. Invité du 20h de France 2 mardi soir, Alain Juppé a qualifié le projet économique de son concurrent de "programme d'une très grande brutalité sociale".

Il a également invité M. Fillon, qui est soutenu par l'association Sens commun, un mouvement conservateur et traditionaliste, à clarifier sa position sur l'avortement.

"Jamais je n'aurai pu penser que mon ami Alain Juppé tombe aussi bas", a réagi par presse interposée François Fillon, qui dit n'avoir jamais pris de position contraire à l'avortement.

"Que la campagne reprenne sa dignité et qu'on cesse des polémiques qui sont inqualifiables et qui, franchement, abaissent le niveau", a-t-il lancé.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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