Dernière mise à jour à 10h45 le 26/11
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé vendredi d'ouvrir les frontières du pays aux immigrés clandestins qui souhaitent partir en Europe, alors que les législateurs européens ont décidé la veille de geler les pourparlers sur l'adhésion d'Ankara à l'Union européenne (UE).
"Si vous allez plus loin, ces frontières s'ouvriront, mettez vous ça dans la tête", a déclaré le président turc, qui a déjà proféré de telles menaces dans le passé, lors d'une réunion à Istanbul.
M. Erdogan a critiqué l'Europe pour "n'être jamais honnête envers l'humanité", indiquant que la Turquie avait ouvert ses frontières pour sauver les réfugiés des bombes artisanales.
Alors qu'Ankara a dépensé 15 milliards de dollars pour abriter plus de trois millions de réfugiés sur son territoire, l'Union européenne n'a offert qu'une aide de 700 millions de dollars, a précisé le président turc.
La veille, le Parlement européen (PE) a voté en faveur d'une motion non contraignante sur la suspension des pourparlers avec la Turquie sur l'adhésion du pays à l'UE.
Le président turc a souligné qu'un tel vote du Parlement européen n'aurait "aucune valeur" pour son pays.
Dans leur résolution, les eurodéputés "condamnent fermement les mesures répressives disproportionnées" prises par le gouvernement turc depuis le coup d'Etat manqué en juillet 2016. Elles "violent les droits fondamentaux et les libertés protégés par la Constitution turque", estiment-ils. Ils se sont engagés à revoir leur position lorsque ces mesures seront levées.
Le texte insiste par ailleurs sur la question d'une éventuelle réintroduction de la peine de mort, évoquée par le gouvernement turc. Cela "entraînerait une suspension formelle du processus d'adhésion", préviennent-ils, en ajoutant : "Le rejet sans équivoque de la peine de mort est un élément essentiel de l'acquis de l'UE".
Cette résolution du PE n'a aucune valeur légale : pour que les négociations soient officiellement suspendues, c'est au Conseil européen de statuer. Le PE n'a pas de rôle formel dans le déclenchement initial de tels mécanismes, mais il doit être informé une fois que cela a été fait.
La procédure de suspension des négociations d'adhésion à l'UE figure à l'article 5 du cadre de négociation pour la Turquie.
Le président Erdogan a évoqué il y a quelques jours la tenue d'un référendum sur le processus d'adhésion si aucune décision n'était prise par Bruxelles d'ici "la fin de l'année" sur la suite des négociations.
La Turquie, qui a signé en 1963 un accord d'association avec l'UE, a lancé des négociations formelles d'adhésion en 2005. Mais en raison de l'opposition de plusieurs Etats membres, dont Chypre et la France, seuls 16 chapitres de négociations sur 35 ont été ouverts à ce jour et un seul a été clôturé.