Dernière mise à jour à 08h21 le 06/12
Le Premier ministre français Manuel Valls a annoncé qu'il allait briguer l'investiture de la gauche pour les élections présidentielles de l'année prochaine, entamant une bataille pour la direction du Parti socialiste après que le président François Hollande ait renoncé à se présenter. Lors d'un discours à Evry, une ville de la banlieue Sud de Paris dont il fut maire pendant 11 ans, le Premier ministre a annoncé qu'il quitterait son poste actuel mardi, déclenchant un remaniement du gouvernement moins de cinq mois avant le premier tour des élections présidentielles.
« Oui, je suis candidat à la présidence », a déclaré M. Valls à la mairie d'Evry, entouré de partisans enthousiastes. « J'ai cette force en moi, c'est au-delà des mots. Je veux tout donner pour la France, qui m'a tant donné ». Il a ajouté : « L'extrême droite est là aux portes du pouvoir. Repoussons-la ». La candidature de M. Valls aux plus hautes fonctions de la France intervient quatre jours après que M. Hollande ait surpris les électeurs en devenant le Premier président depuis la fondation de la Ve République il y a près de 60 ans à ne pas solliciter un second mandat. M. Valls s'était récemment joint aux appels au sein du Parti socialiste pour que le très impopulaire François Hollande fasse un pas en avant pour éviter une défaite humiliante lors des deux tours des élections présidentielles en avril et mai prochain.
Du fait que dans la situation actuelle, aucun concurrent présidentiel socialiste ne semble pouvoir se qualifier pour second tour des présidentielles, la primaire de la gauche pourrait bien préparer la voie à une lutte pour le leadership du parti et sa stratégie. M. Valls devrait faire face à sept rivaux, dont notamment Arnaud Montebourg, qui s'affiche nettement plus à gauche et qui a quitté le gouvernement lors d'un remaniement en 2014 après avoir été en désaccord avec le changement pro-entreprises du Premier ministre.
M. Valls, né à Barcelone, en Espagne, et naturalisé français en 1982, a fusionné une plate-forme économique social-démocrate avec une attitude dure en matière de sécurité et d'immigration. Il a rejoint le Parti socialiste à l'âge de 17 ans pour soutenir Michel Rocard, alors Premier ministre et qui avait encouragé des politiques économiques orientées vers le marché. M. Valls a rejoint le cabinet de M. Rocard comme conseiller en 1988. Tout comme Emmanuel Macron, l'ancien Ministre de l'économie de 38 ans qui se présente à la présidence en tant qu'indépendant, M. Valls a élargi son appel, mais a irrité certains de ses collègues avec ses points de vue.
En 2009, il avait ainsi suscité l'ire de ses collègues en disant que le terme « socialiste » était dépassé. Trois ans plus tard, il avait suggéré de « déverrouiller » la sacro-sainte semaine de travail de 35 heures, une mesure mise en œuvre par le Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Dans un discours aux chefs d'entreprise en 2014, il avait enfin déclaré : « J'aime les entreprises ». Manuel Valls n'avait recueilli que moins de 6% des voix lors de la primaire de 2012, mais les sondages suggèrent qu'il est maintenant bien placé pour remporter la prochaine, à deux tours, et qui aura lieu les 22 et 29 janvier prochains. Les analystes politiques estiment que M. Valls est en phase avec un électorat de centre-gauche qui s'est déplacé vers la droite au cours des dernières années, dans un contexte de ralentissement de la croissance économique, de chômage élevé -environ 10% de la population active- et d'une vague sans précédent d'attentats perpétrés par des terroristes islamistes.